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Gwenaël & Sylvie : le bout de la nuit après le cauchemar

Je me nomme Gwénaël et je suis marié à Sylvie depuis1984.

Nous vivions heureux, sans problèmes avec nos trois enfants. Ma femme faisait un peu hypertension, rien d’inquiétant selon le médecin qui l’a traitée pendant des années sans en rechercher la cause. Et puis voila qu’arrive ce nouveau médecin en 1993 avec son diplome tout frais en poche. Quelle idée il a, ce médecin, de faire faire de nouveaux examens à ma chérie. Ce n’est juste qu’un peu d’hypertention, rien de grave…

Résultat, insuffisance rénale grave et trop tard pour tenter quelque chose. On va devoir faire avec.

Nous voilà devant le spécialiste, qui nous explique tant bien que mal cette maladie avec l’échéance invitable qu’est la greffe rénale. Cependant rien d’alarmant la créat n’est qu’à 200, on a quelques années devant nous, le temps que les enfant grandissent un peu selon les termes du médecin.

Les années sont effectivement passées, 13 au total, avec les régimes draconiens qui vont avec, les tonnes de médicaments ingurgités, ces analyses tous les six mois, puis tous les trois mois et enfin tous les mois, avec à chaque fois la peur au ventre de découvrir le taux de cette créat qui monte, qui monte…

Et puis ce rendez vous pris ensemble avec le chef de service de transplantation.
L’échéance de la dialyse approche inexorablement. L’inscription sur la liste d’attente devient nécessaire. Et puis, il nous parle de donneur vivant, nous demande notre position a ce sujet, me demande mon rhésus. O+ comme celui de ma femme. Je suis un candidat potentiel. Je suis étonné, je pensais qu’il fallait des examens beaucoup plus pointus pour determiner la compatibilité. Et bien non, j’apprends que la compatiblité au niveau du groupe sanguin suffit.

Est-ce que je suis volontaire ? Bien sûr, comment pourrait-il en être autrement. 22 ans de vie commune ne suffisent-‘ils pas à répondre à toutes les questions ?

Pour moi, c’est sûr, je serai le donneur et personne ne pourra m’en dissuader.

Un long marathon débute alors, médical et administratif. Tout est OK. La date est fixée, Vendredi 12 octobre 2006.

Nous voici donc tous les deux ce jeudi 11 octobre 2006, à l’hôpital, mon épouse la peur au ventre et avec cet horrible pressentiment que quelque chose cloche et moi qui la rassure tant bien que mal. Comment les chosent peuvent-elles mal tourner, les médecins ont été si rassurants.

Je suis hospitalisé en urologie au 15ème étage, ma femme en nephrologie au 14eme. Le lendemain, je suis descendu le premier au bloc vers 7 heures 30, ma femme me suit une heure après. Je me reveille quelques heures plus tard, avec cette douleur horrible, chouette la pompe à morphine. Ca ne fait pas très mal qu’ils ont dit, on voit bien qu’ils n’y sont pas passés.

Arrive le samedi, les nouvelles de mon épouse arrivent au compte goutte, rassurantes au début. En début d’après-midi un médecin entre dans la chambre. Il est suivi de Ferdinand, le papa de Sylvie. Leurs têtes ne me disent rien de bon. Le médecin commence par me dire que les deux opérations se sont très bien déroulées mais qu’un problème est survenu sur le greffon durant la nuit. Après être descendue, la créatininine est subitement remontée et une échographie pratiquée en urgence a montré que le rein ne fonctionnait pas. Il a donc été décidé de réopérer mon épouse pour tenter de régler le problème. Au cours de l’opération, les médecins ont trouvé le greffon sclérosé mais l’ont tout de même laissé en place, se donnant 24 heures pour voir ;

Le reste de la journée de samedi s’est passé dans la crainte et le désespoir total. Je garde comme souvenir de cette journée comme étant la pire de ma vie. Je remercie d’ailleurs tout le personnel soignant qui a su me soutenir dans ces moments douloureux.

Après une nuit blanche, arrive le dimanche et comme je m’y attends on m’annonce qu’il n’a pas été possible de conserver le greffon et que Sylvie a été opérée une troisième fois (en trois jours) pour retirer le rein devenu inutile.

Je suis sorti de l’hopital le lendemain, les yeux rougis. Sylvie en est sortie 3 semaines plus tard après maintes péripéties (infections urinaires…).
Malgré tous cela je ne regrette à aucun moment mon geste, et si c’était a refaire je le referais, mais j’ai appris que rien n’est jamais gagné d’avance et que même le don d’organe par donneur vivant, ca ne marche pas toujours.

J’ai vécu ces moments comme une expérience humaine formidable, que rien ne peut expliquer. Malgré cet échec, j’encourage les personnes qui désireraient tenter cette expérience à le faire.

Des recherches ont été effectuées pour tenter de comprendre les raisons de l’échec, mais à ce jour le mystère reste entier.

Malgré tout, Sylvie a retrouvé un semblant de fonction rénale et a repris son régime et ses médicaments et la vie a repris ses droits.

L’échéance de la dialyse se rapprochait jours apres jours et plus question de retenter une greffe par donneur vivant, les médecins s’y refusaient.

Les mois ont passé jusqu’à samedi dernier, 14 Avril 2007, à 9h00 du matin, devant le petit déjeuner. Le coup de téléphonne qui dérange. Qui peut bien appeler à cette heure ?

Pour une cuisine, pour changer les fenêtres ? Non, c’est trop Tôp. Sylvie décroche. Elle ne semble pas comprendre. Je la vois blêmir. J’ai compris. Il faut vite se préparer et partir. Crise de nerfs, pleurs, elle en a trop bavé, elle ne veux pas retenter l’expérience. Comment lui en vouloir. Encore une fois, je la rassure, la console, lui dit qu’il faut y aller tout de même. J’ai moi-même des doutes, je ne suis pas sûr de prendre la bonne décision.

Nous voila de nouveau à l’hôpital une heure plus tard. On nous donne la chambre, N° 17 du 14eme, la même que 7 mois plus tôt, j’en ai des frissons.

Sylvie est descendue au bloc à 16h30. L’opération s’est très bien déroulée, le greffon a pris tout de suite.
Au moment ou j’écris, nous somme à J4 et tout se passe pour le mieux du monde.

Un grand merci à toute l’équipe médicale de transplantation rénale.

LE BOUT DU TUNNEL ??

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