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Transport médical : les taxis se rebiffent

Opération escargot à Marseille, manifestation à Besançon, pétition à Saint-Denis de la Réunion… Les signes du mécontentement des taxis se sont multipliés ces dernières semaines, et devraient culminer la semaine prochaine, avec une "mobilisation nationale" annoncée pour le 10 janvier 2013, à l'appel de l'intersyndicale et de plusieurs fédérations professionnelles.

Les taxis entendent ainsi protester contre la possibilité prochainement offerte aux établissements de santé de procéder par appel d'offres afin de confier à un ou plusieurs acteurs le transport des patients ne pouvant se déplacer seuls. Ces transports de malades concernent notamment le traitement d'affections de longue durée, comme la dialyse.

Aujourd'hui, selon l'état du patient, ce service est assuré par ses propres moyens, par une ambulance, par un véhicule sanitaire léger, ou dans un tiers des cas par un taxi conventionné par l'assurance-maladie (voir notre dossier sur les transports). En province, cet aspect du métier représente un aspect substantiel des l'activités des taxis. "Dans les zones rurales, cela peut même représenter jusqu'à 90% du chiffre d'affaires", avance la Fédération nationale de taxis indépendants (FNTI).

Mais ce poste de dépenses représente aussi 3,5 milliards en 2010 pour l'assurance-maladie, et ne cesse d'augmenter. En introduisant dans la loi de Financement de la Sécurité sociale la possibilité pour des hôpitaux d'attribuer ce marché par appels d'offres, les pouvoirs publics entendent dégager des économies, et améliorer l'organisation du service : "dans la plupart des cas, c'est l'accueil de l'établissement de soins ou la secrétaire du médecin qui choisit quel taxi ou société d'ambulance contacter, témoigne un cadre du secteur. Et les critères de choix ne sont pas toujours très transparents…".

Les taxis, eux, prophétisent que la mise en place d'appels d'offres, dans cette profession près fragmentée, pourrait pousser plusieurs milliers d'entre eux à mettre la clef sous la porte : "Ces dispositions sont taillées pour les grands groupes, déplore la FNTI. Nos adhérents sont trop petits pour se positionner sur de tels marchés. "

Le syndicats assure que "les patients y perdront aussi en qualité de service, puisqu'ils seront transportés en groupe, et perdront des heures à attendre pour rentrer chez eux." La dialyse est effectivement un traitement suffisament long et pénible pour qu'on n'y ajoute pas du temps d'attente et de transport en plus. Cette perspective de "covoiturage" forcé est en effet inquiétante et mériterait, si elle se confirme, que les associations de patients se mobilisent. 

On peut cependant remarquer que bien qu'actuellement illégale, elle a déjà assez souvent cours en dialyse… Et donne lieu à autant de facturations individuelles que de patients transportés ! Dans ce contexte, il est donc peu probable que les malades puissent compter sur les chauffeurs de taxi pour défendre leurs intérêts, dès lors qu'ils divergeront… 

D'après les Echos, Lionel Steinmann, 2/01/2013

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