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Transplantation rénale, sarcome de Kaposi et sirolimus

31 mars 2005, Le Quotidien du Médecin

ON SAIT QUE, par rapport à la population générale, l’incidence du sarcome de Kaposi est 500 fois supérieure chez les transplantés d’organe et 20 000 fois plus élevée chez des hommes atteints de sida. Ce qui suggère un rôle de l’immunosuppression dans la genèse de cette pathologie. D’une façon générale, les transplantés ont une incidence élevée de cancer : après vingt ans d’immunosuppression, 40 % des receveurs ont un cancer. On sait aussi que le virus herpès de type 8 (VHH8) a été impliqué dans le Kaposi, par le biais du Vegf. Le sirolimus, médicament immunosuppresseur antirejet, a probablement un effet antinéoplasique (entre autres, en inhibant le production de VEegf). Constatations qui ont conduit une équipe italienne (Giovani Stallone et coll.) à évaluer l’effet du sirolimus chez des greffés rénaux porteurs d’un Kaposi. Les résultats de ce travail sont publié dans le « New England Journal of Medicine ».
L’étude a porté sur 15 patients (48,7 ans en moyenne ; 12 hommes) qui avaient reçu un greffon rénal provenant d’un donneur décédé ; tous avaient eu un test pour la recherche du VIH avant la greffe, puis lors du diagnostic de Kaposi, puis six mois plus tard. Le délai entre la greffe et le diagnostic de Kaposi (preuve histologique) a été en moyenne de douze mois. La ciclosporine a été interrompue et remplacée par le sirolimus. Trois mois plus tard, toutes les lésions de Kaposi ont disparu chez tous les patients. La rémission a été confirmée histologiquement chez tous les patients six mois après l’introduction du sirolimus. Il n’y a pas eu d’épisode de rejet du greffon. « Notre étude suggère que le sirolimus inhibe la progression du sarcome de Kaposi chez les receveurs de greffe rénale, tout en exerçant un effet antirejet. Ce rôle dual peut se révéler important dans d’autres situations dans lesquelles les receveurs sont à haut risque de récurrence tumorale ou de premier cancer », concluent les auteurs.

Le chat et la souris.

Le « New England Journal of Medicine » a confié la rédaction d’un éditorial aux Français Jacques Dantal et Jean-Paul Soulilou (institut de transplantation et de recherche en transplantation, Inserm U463, Chru de Nantes).
Différents groupes, rappellent-ils, étudient l’incidence du cancer cutané comme critère primaire chez les greffés rénaux. « L’article de Stallone et coll. est une contribution potentiellement importante parce qu’elle illustre le fait que des effets inattendus de médicaments immunosuppresseurs, comme l’effet antitumoral du sirolimus et l’action antivirale du mycophénolate mofétil, peuvent modifier les règles du jeu du chat et de la souris entre les receveurs et les médicaments antirejet. »

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