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La transplantation rénale à tout âge

10 novembre 2004, La Libre Belgique

Vienne, 5 au 10 septembre 2004, 20e Congrès international de la société de transplantation. «Si le vieillissement de la population explique partiellement l’augmentation exponentielle des personnes qui doivent recourir à la dialyse rénale, ce sont cependant le diabète et l’hypertension artérielle qui sont les principaux pourvoyeurs de pathologies rénales. Notre priorité est donc de traiter ces affections le plus agressivement possible pour prévenir et éviter l’insuffisance rénale et le recours à la dialyse.»

Etrange message de la part d’une société internationale vouée à la transplantation? Pas vraiment, quand on connaît les difficultés résurgentes pour trouver des donneurs, difficultés d’autant plus grandes que la demande est en constante augmentation. Par ailleurs, plusieurs études ont montré que la survie des patients âgés en dialyse est nettement améliorée lorsqu’ils peuvent bénéficier d’une greffe rénale, au point que les recommandations internationales proposent à présent la transplantation comme premier geste thérapeutique chez les plus de 65 ans dès que le rein n’est plus capable d’exercer sa fonction.

Corriger l’anémie

Il faut trouver des alternatives pour permettre une survie de qualité. La première d’entre elles passait par l’amélioration de la qualité de vie des patients dialysés, ce qui est chose faite maintenant, notamment par la correction de l’anémie avec les nouvelles érythropoïétines, et par le traitement agressif de toutes les affections cardiovasculaires concomitantes (les malades dialysés meurent plus souvent d’une affection cardiovasculaire que de leur maladie rénale)…

De nouveaux traitements

La deuxième étape passait par l’élargissement des critères d’acceptation des donneurs. Traditionnellement limité aux personnes de moins de 65 ans, le don d’organe a été étendu maintenant au-delà de cet âge, à condition d’avoir un rein correctement irrigué, de ne pas avoir présenté de risques cardiovasculaires majeurs (tabagisme, athérosclérose étendue,…), de n’être porteur d’aucun cancer actif ou d’une infection récurrente (hépatite, tuberculose,…) et de n’avoir pris aucun médicament toxique pour le rein. Dans ces conditions, les chances de survie d’un patient âgé recevant une greffe d’un donneur âgé («old to old») sont multipliées par deux par rapport à la dialyse classique, même idéalement menée.

Mais cela passe aussi d’abord par une éducation du public et une conscientisation à l’importance du don d’organes, ensuite par une éducation du corps médical à maintenir dans des conditions cliniques acceptables toute personne en état de mort cérébrale, quel que soit son âge, en attendant d’avoir établi les possibilités de don d’organe.

Enfin, une fois la greffe établie, il reste encore à optimaliser les chances de survie. Or, très souvent, chez les personnes âgées, la polythérapie favorise le rejet. D’autre part, l’âge diminue la tolérance aux médicaments anti-rejet et les possibilités de cicatrisation sont moindres. Aussi, de nouveaux traitements immunosuppresseurs permettent d’en réduire la toxicité, voire de réduire le nombre de médicaments à prendre pour éviter un rejet de la greffe.

On le voit, le travail ne manque pas. Il a été coordonné en Europe par le programme ESP (Eurotransplant Senior Program). Ses résultats à 3 ans ont été présentés au cours du XXe Congrès de la Société internationale de transplantation, et sont extrêmement encourageants, puisqu’ils montrent que la survie des patients greffés âgés de plus de 65 ans est équivalente à celle des patients plus jeunes, lorsqu’ils ont reçu une greffe dans les conditions susmentionnées. De la même manière, la survie des patients jeunes greffés avec un rein provenant d’un donneur âgé, est également excellente, et ce, quelle que soit l’origine du greffon (donneur vivant ou décédé).

Dr Dominique-Jean Bouilliez

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