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La fermeture du centre d’hémodialyse pose des problèmes de survie aux insuffisants rénaux

8 juin 2004, Le Matin

Le centre d’hémodialyse au CHU Rabat Salé va arrêter son activité aujourd’hui selon l’association marocaine des insuffisants rénaux. Et ce à cause du manque d’un concentré contenant trois matières : Acétate, bicare et acide. Quelque 95 malades vont devoir chercher ailleurs pour se soigner. Pour le ministère de la Santé, la responsabilité incombe au CHU qui est un centre autonome. Les responsables de ce dernier affirment à l’association qu’au départ c’était un projet du ministère.

” Aujourd’hui, bon nombre de malades vont souffrir à cause de l’absence d’un concentré. Nous avons beau essayer de protester et d’appeler les responsables de s’intéresser à ce problème, en vain. Le ministère de la santé et la direction des hôpitaux se jeter la balle. Et les victimes sont les malades “, affirme Abdelilah Kebbaj, président de l’association nationale des insuffisants rénaux. Les malades se trouvent dans un état lamentable ne sachant pas où se diriger pour régler leur problème.

Le concentré qui manque était dispensé par l’association à partir de décembre 2003 et jusqu’au 6 février 2004. La faiblesse des ressources financières l’a empêché de continuer à dispenser cette matière puisque les dons ne proviennent que des bienfaiteurs, de quelques conseils municipaux et des campagnes occasionnelles de bienfaisance. Il faut en effet 50.000 dirhams par mois pour le centre d’hémodialyse. Le rôle de l’association est normalement de dispenser des médicaments aux malades après la dialyse à cause de la situation sociale de la plupart des insuffisants rénaux.

” Les malades n’ont pas les moyens d’acheter même les médicaments alors comment ils feraient pour la dialyse. Ils mourront en l’absence d’une solution , se désole Abdelilah Kebbaj. Son association a observé deux sit-in les 17 et 31 mai dernier à côté du centre et du ministère de la Santé pour sensibiliser les responsables à prendre en main leur problème et à trouver une solution urgente puisque aucun retard n’est toléré.

Au départ, c’était l’Association du soutien des hôpitaux qui dispensaient les aides au centre d’hémodialyse. Elle offrait 823 séances par mois au centre soit 164.600 dirhams mensuellement. En juin 2001, cette aide s’est arrêtée. L’association nationale des insuffisants rénaux s’est chargée de la dialyse en juillet et Août.

Après, le gouvernement et la wilaya ont octroyé au centre un million de dirhams pour continuer à travailler jusqu’en Mars 2002, date où la Direction médicale relevant du ministère de la Santé s’est chargée de l’affaire jusqu’au 18 décembre 2003.

Actuellement, le ministère dispense le matériel nécessaire sans le concentré. Ainsi, 95 malades sont menacés de mort, selon l’Association nationale des Insuffisants rénaux. ” Je n’ai pas les moyens de payer pour effectuer ma dialyse. Mon mari ne travaille qu’occasionnellement.

Et même s’il travaille c’est très cher pour moi cette opération “, s’exclame Fatima qui tient à lancer un appel urgent aux responsables du ministère de la santé et du CHU. Son avis est partagé par tous les autres malades qui nourrissent un grand espoir de pouvoir se soigner sans problèmes comme par le passé. ” Ce n’est pas notre crime si nous sommes des insuffisants rénaux et démunis. Nous avons le droit de vivre. Sans la dialyse, nous mourrons.

Est ce-là notre destin ? “, s’interroge un quadragénaire, l’air abattu. Pessimistes, quelques-uns voient la vie en noir puisque personne ne daigne les écouter. Le malade a besoin de deux ou trois séances par semaine. Une seule séance de dialyse coûte entre 600 et 900 dirhams dans les centres privés.

Jihane Gattioui

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