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Reprise de l’activité de greffe rénale : quelle info pour les patients en attente ?

Les greffes rénales sont à nouveau autorisées en France depuis le déconfinement du 11 mai et plusieurs ont eu lieu dans les jours qui ont suivi. La question se pose de l'information des patients en attente. Les recommandations prévoient qu'ils soient contactés individuellement par leur centre de greffe, qui leur expliquera la situation et répondra à leurs questions. 

➡️ L'Agence de la biomédecine a envoyé à toutes les équipes de greffe une lettre destinée à cet effet.

➡️ Ce qu'il faut savoir :

 L'activité de greffe rénale en France a été suspendue en France entre le 17 mars et le 11 mai 2020 .

Cette décision a été prise pour plusieurs raisons :

  • Les incertitudes sur les effets de l’infection à Covid19 sur les patients greffés rénaux, dont les défenses immunitaires sont diminuées en raison de leur traitement antirejet
  • Le fait qu’habituellement les patients transplantés sont plus sensibles aux virus et aux infections
  • Le fait que le traitement antirejet est en général plus fort au tout début de la greffe

Compte tenu de ces éléments, les professionnels ont considéré que les patients seraient plus en sécurité en dialyse, plutôt que de prendre le risque d’une greffe.
La suspension des greffes rénales, hors urgences et greffes pédiatriques, a été décidée.
Les greffes d'autres organes se sont poursuivies, mais à un rythme très ralenti.

 Ces quelques semaines d'épidémie ont permis plusieurs constats :

• Même si les personnes greffées sont comme on le craignait à risque de développer une forme grave de la maladie COVID19, les données françaises et internationales sur les personnes ayant reçu une greffe de rein ou d’un autre organe durant cette période semblent rassurantes.

• Les patients transplantés qui sont décédés de l’infection à COVID19 avaient majoritairement plus de 60 ans, et présentaient souvent d’autres "facteurs de risque" : obésité, diabète, etc.

La mortalité du virus chez les patients dialysés est élevée et l’épidémie s’est propagée parmi eux de façon plus importante que chez les greffés : au 11 mai 2020, un peu plus de 3% des dialysés français avaient été infectés, contre 1% environ des greffés.
A ce stade, il n’est donc pas certain que la sécurité des patients en attente de greffe soit garantie de façon optimale en les écartant de la possibilité d’une greffe au motif qu’ils peuvent attendre en dialyse.

• On sait désormais qu’il est possible, avec des mesures adaptées, de protéger efficacement les patients de l’exposition au virus en milieu hospitalier.

• Plusieurs équipes de greffe rénale sont d’ores et déjà être en mesure de garantir cette protection. Il s’agit en particulier de disposer d’une filière de greffe strictement "COVID négative", c’est à dire sans aucune présence dans les différents lieux (consultation, blocs opératoires, réanimation, hospitalisation) de patients infectés par le COVID19.

Le prélèvement d’organes sur donneurs décédés s’est poursuivi en France durant cette période, à un rythme très ralenti. Des foies, des cœurs et des poumons ont été greffés, mais de nombreux reins n’ont pas été prélevés.
Compte tenu de la pénurie actuelle, ce renoncement à prélever des greffons rénaux parfaitement transplantables ne doit pas se prolonger.

L’activité de greffe rénale a déjà repris, voire ne s’est pas interrompue, dans plusieurs autres pays européens.

 Pour toutes ces raisons, il a été décidé que la greffe rénale, y compris à partir de donneur vivant, peut redémarrer dès la date du déconfinement (11 mai 2020), à condition de réunir des critères de protection des receveurs contre l’infection.

Il s’agit en particulier de prendre en compte de l’activité épidémique locale, mais surtout de la capacité des équipes à disposer d’une filière sécurisée "COVID négative".

 Pour les patients qui seront greffés, mais aussi pour leurs proches vivant sous le même toit, des précautions devront aussi être mises en œuvre afin qu’ils évitent tout contact avec le virus, au retour à domicile et pour une durée qui dépendra de l’évolution de l’épidémie :

  • Un confinement après la greffe sera nécessaire, incluant le cas échéant un éloignement transitoire du lieu de travail : recours au télétravail ou à défaut arrêt de travail / dispositif d’isolement volontaire indemnisé.
  • Le respect des mesures barrières : hygiène des mains, distanciation sociale, port du masque dans les espaces partagé, y compris à domicile lors de tout contact avec une ou des personnes extérieures.

 Des précautions devront également être prises pour le suivi de la greffe, notamment pour limiter autant que possible les contacts physiques avec l’hôpital :

  • Réalisation des bilans sanguins à domicile par un(e) infirmier(e)
  • Limitation des consultations physiques au profit de téléconsultations ou consultations téléphoniques

 Si vous êtes en attente d’une greffe de donneur vivant et que votre proche est toujours volontaire pour vous donner son rein, n’hésitez pas à discuter avec votre néphrologue transplanteur des conditions dans lesquelles l’intervention pourra être reprogrammée. Un confinement strict sera préconisé pour le donneur et le receveur durant les deux semaines précédant la date de la greffe, ainsi qu'après la greffe.

 La reprise de la greffe rénale est perçue comme un signal d’espoir par beaucoup de patients. Cependant, il est tout à fait compréhensible d’être inquiet à l’idée de recevoir une greffe durant cette période. N’hésitez pas à en parler à votre néphrologue transplanteur, qui pourra répondre à toutes vos questions.

Si vous préférez attendre avant d’être greffé, votre choix sera respecté : vous pourrez être placé en "contre-indication temporaire" sur la liste d’attente. Vous aurez la possibilité, à tout moment, de revenir sur cette décision et de repasser "en liste active". On vous sollicitera régulièrement pour vous demander si vous avez changé d’avis et pour vous informer de tout élément nouveau qui pourrait modifier votre décision.

 Malgré toutes les précautions, il ne peut être totalement exclu qu’un patient récemment greffé soit infecté par le COVID19.

Afin de limiter au maximum les risques pour les patients greffés durant cette période, les équipes de greffe pourront préférer réserver la transplantation dans un premier temps aux receveurs ayant le moins de risques de développer une forme grave de l’infection COVID19.

Cette évaluation du risque de chaque patient se fera au cas par cas.
Il est possible, par exemple si vous avez plus de 60 ans, si vous avez un surpoids, un diabète, ou d’autres facteurs de risques, que votre néphrologue transplanteur vous recommande d’attendre un peu avant d’être greffé. Il vous proposera dans ce cas d’être mis en "contre-indication temporaire" sur la liste d’attente. Ce statut sera régulièrement réexaminé en fonction des évolutions de l’épidémie et des résultats des greffes réalisées pendant cette période. Vous serez informé des décisions prises et vous aurez la possibilité à tout moment d’interroger votre néphrologue transplanteur à ce sujet.

➡️ Votre néphrologue transplanteur et votre équipe de greffe sont conscients des difficultés que vous vivez actuellement et sont à votre disposition pour répondre au mieux à vos interrogations sur la situation actuelle et sur votre santé. N’hésitez pas à les contacter.

 

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1 Commentaire

  • Bonjour,

    courriel de la coordinatrice prégreffe de l’hôpital Necker, tôt ce matin, comprenant 3 pièces-jointes:
    -une lettre du Professeur Christophe LEJEUNE informant de la reprise des greffes à compter du 15 juin pour les transplantations à partir de donneur décédé et 15 jours plus tard pour les transplantations à partir de donneur vivant ( il me semble que les prévisions initiales prévoyaient l’inverse)et faisant état d’un test PCR et d’un scanner thoracique préalables à la greffe.
    – une lettre de l’agence de biomédecine donnant les critères décisionnels étayant le choix des patients à greffer
    – enfin , un “consentement ” du patient qui est prié de cocher l’une des trois options suivantes:
    je souhaite être transplanté(e) dès que possible
    je ferai part de ma décision lors d’un futur appel de greffe
    je ne souhaite pas être transplanté(e)pendant ces prochaines semaines et serai recontacté(e) régulièrement en fonction de l’évolution sanitaire.

    Nul doute qu’en fonction du vécu de l’insuffisance rénale terminale ou de la dialyse, du profil psychologique et des conditions de vie de chacun les arguments vont conduire à des réponses très variées.
    Pour ma fille, c’est clair: elle coche l’option 1 des “deux mains”.
    Bonne journée à tous

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