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Des indications limitées pour les greffes hépatiques avec donneur vivant

2 avril 2003, Le Quotidien du médecin

Pour le Pr Didier Houssin, directeur de l’Etablissement français des greffes, le recours à un donneur vivant doit être réservé à des situations exceptionnelles, principalement chez l’enfant. En effet, la mortalité et les complications auxquelles sont exposés les donneurs, surtout en cas de greffe chez l’adulte, restent inacceptables.

« Les greffes de foie avec donneur vivant doivent être évitées au maximum », souligne le Pr Houssin. « Cette position claire constitue un point de vue de santé publique », précise le directeur de l’Etablissement français des greffes. Mais pourquoi cette question se pose-t-elle aujourd’hui ? Quelques données préliminaires permettent de situer la problématique. Les greffes de foie sont beaucoup moins fréquentes que les transplantations rénales. Malgré les progrès thérapeutiques, notamment dans le cadre des hépatites virales, les besoins n’ont pas diminué, mais sont au contraire en hausse (voir encadré). En effet, les indications se sont sensiblement élargies, notamment en cas de cirrhose alcoolique. Si l’attente est beaucoup moins longue, de l’ordre de 6 ou 7 mois, pour la greffe hépatique que pour les greffes rénales, un certain nombre de malades, une centaine environ, décèdent au cours de cette période. Dans le contexte initial des greffes avec donneur vivant, il s’agissait du père ou de la mère d’un enfant dont la maladie progressait rapidement et qui ne pouvait pas sans risque vital attendre un greffon. Dans ces situations d’urgence, l’un des parents donne son foie gauche.

L’intervention n’est pas sans risque, mais on peut comprendre que des parents se portent volontaires pour cette option thérapeutique alors que la technique est maintenant bien maîtrisée.

La situation est en revanche plus contestable pour les greffes chez l’adulte. Ce sont les Japonais, qui, ne pouvant pas, pour des raisons culturelles, utiliser les organes de personnes décédées, ont développé les greffes avec donneur vivant. Mais, lorsque le patient est adulte, il faut un greffon plus important, le prélèvement porte donc sur le foie droit. La mortalité chez les donneurs atteint près de 1 %. Les complications sont également plus fréquentes et plus graves. « Cette mortalité et cette morbidité ne sont pas acceptables », insiste le Pr Houssin. Il faut donc tout faire pour trouver d’autres solutions. Les efforts développés depuis une dizaine d’années pour augmenter les prélèvements sur des personnes décédées doivent être poursuivis. Nous sommes passés de 15 prélèvements d’organes par million d’habitants (876) au milieu des années 1990 à 20 en 2002 (1 198). « Nous avons atteints nos objectifs, note le Pr Houssin, mais cela reste insuffisant et il faut privilégier les efforts pour augmenter les prélèvements sur donneur décédé plutôt que d’exposer des donneurs vivants à un risque. »

Dr Marine JORAS
D’après un entretien avec le Pr Didier Houssin

450 patients en attente d’une greffe

Fin 2002, la liste des patients en attente d’une greffe, quel que soit l’organe, comptait 6 744 malades, dont 5 448 pour une greffe rénale et 450 pour une greffe de foie. En 1994, 621 greffes hépatiques (dont 5 à partir d’un donneur vivant) ont été réalisées dans notre pays. En 2002, ce chiffre est passé à 882 (dont 57 à partir d’un donneur vivant). Cette augmentation est liée à l’élargissement des indications et à l’augmentation des prélèvements.

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