Actualités

Transplantation : un pas vers l’induction de tolérance

9 mai 2003, Reuters santé

Près de 80 transplantés suivis au Centre médical de l’université de Pittsburgh sont soumis actuellement à un traitement anti-rejet peu conventionnel. Certains d’entre eux ne prennent qu’une dose de médicament par semaine, tout en conservant leur greffon sans aucun problème. C’est le thème d’un article paru la semaine dernière dans la revue médicale “The Lancet”.

Depuis environ un an, les médecins de Pittsburgh proposent à leurs patients transplantés (rein, foie, pancréas et intestin) un protocole qui leur permet d’espérer pouvoir se passer presque complètement, à terme, d’immunosuppression.

” Nous tentons pour chaque malade de déterminer la dose minimale d’immunosuppression nécessaire à la tolérance de son greffon, avec le but d’éliminer totalement, à terme, les anti-rejets. ” déclare Ron Shapiro, directeur du programme de transplantation rénale.

Le pionnier de la transplantation Thomas Starzl et ses collègues ont exposé les résultats des 82 premiers patients de cette étude. Avant leur greffe, chacun d’entre eux a reçu une dose d’un médicament destiné à supprimer toute réponse immunitaire.

Après l’opération, et en l’absence de rejet, ils ont été soumis à une thérapie immunosuppressive constituée uniquement de Tacrolimus (FK-506). D’ordinaire, les greffés doivent prendre un cocktail de différents médicaments pour empêcher les rejets. Après quatre mois sous tacrolimus et en l’absence de problème particulier, les médecins ont progressivement diminué les doses.
Après un an, 78 des 82 patients étaient toujours en vie. 13 à 18 mois plus tard, 72 d’entre eux avaient toujours un greffon fonctionnel, et 43 prenaient des doses de tacrolimus largement inférieures à la norme.

Six patients prennent ce médicament tous les deux jours, 11 trois fois par semaine, 15 deux fois par semaine et 11 une fois par semaine.

Une thérapie immunosuppressive à vie pour tous les transplantés a longtemps été considérée comme un mal nécessaire. Elle permet de prévenir les rejets, mais a également pour conséquences de provoquer de graves infections, des cancers, et même dans certains cas, paradoxalement, la destruction du greffon qu’elle est sensée protéger…

Starlz et son équipe pensent que leur protocole parvient à un équilibre qui empêche les rejets et permet l’installation d’une tolérance de l’organe transplanté sur le long terme. C’est un concept appelé “induction de tolérance”.

Leur étude doit être considérée comme une preuve qu’une tolérance de greffe peut être induite chez une large proportion des patients. L’étape suivante consistera à déterminer quels patients peuvent espérer bénéficier de cette méthode et voir ainsi leur traitement anti-rejet allégé ou tout simplement supprimé…

Les chercheurs de Pittsburgh travaillent actuellement sur l’identification de ces candidats. Une étude visant à déterminer les critères qui font que certains greffés se portent mieux avec le protocole de Starlz qu’avec un traitement classique est en cours.

Partagez

Plus de lecture

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *