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La greffe, cinquante ans plus tard

8 février 2003, communiqué de presse de la Fondation pour la Recherche Médicale

Le 6 février 2003 était célébré le cinquantenaire de la première greffe de rein avec donneur vivant, une première mondiale réalisée par le Professeur Jean Hamburger, membre fondateur de la Fondation pour la Recherche Médicale. La transplantation d’organe est devenue aujourd’hui une pratique courante.

Le professeur Gabriel Richet se souvient…

En 1952, Marius Renard, un jeune charpentier tombe de son échafaudage. Le chirurgien avait été contraint de pratiquer une néphrectomie pour arrêter une hémorragie autrement incontrôlable. Malheureusement Marius était né avec un seul rein. Autrement dit ce jeune homme de 16 ans allait mourir d’”urémie” en quelques jours. Jean Hamburger et son équipe, dont Gabriel Richet est un des derniers survivants prennent, pour la première fois au monde, la décision de prélever un rein sur la mère. Ce fut la première greffe de rein avec donneur vivant. Puis survint le drame engendré par le rejet du rein greffé, et la mort du jeune Marius le 6 février 1953. Gabriel Richet se souvient aujourd’hui de l’immense émotion internationale et du remarquable élan de générosité de l’époque : “cent onze “Hommes-Frères”, de tous les pays du monde se sont proposés comme donneurs pour que Marius Renard bénéficie d’une autre transplantation. Marius et sa mère font partie de l’histoire de la science au même titre que Joseph Meister que Pasteur sauva de la rage.”

[Ndlr : pour en savoir plus sur Marius Renard et sur l’histoire des greffes en général, voir dans la rubrique “la greffe : un peu d’histoire”]

200 000 euros en 2002 pour que la recherche autour des greffes avance

Cinquante ans après cette aventure, la Fondation pour la Recherche Médicale continue de soutenir des projets de recherche directement en relation avec la compréhension des problèmes liés à la transplantation et au rejet des greffes. Ce sont en tout 11 projets de recherche qui ont été ainsi soutenus en 2002, pour un montant global de 200 000 euros. Les chercheurs essaient, aujourd’hui encore, de mieux comprendre les processus moléculaires du rejet de greffe après une transplantation. Le rejet reste l’écueil majeur de cette approche thérapeutique, par ailleurs salvatrice chez de très nombreux malades.
L’autogreffe de cellules de moelle osseuse fait aussi l’objet de nombreuses recherches. Elle permet à des patients atteints de cancer de reconstituer leurs stocks de cellules immunitaires après la greffe de leurs propres cellules prélevées avant des traitements très agressifs tels que la chimiothérapie ou la radiothérapie.

Les pistes pour demain

De très nombreux projets ont également été soutenus dans le domaine de la thérapie cellulaire qui constitue probablement l’alternative du futur à la transplantation d’organe. Son avantage : elle permet d’utiliser les propres cellules des malades et ainsi d’éviter les risques du rejet de greffe.

A titre d’exemple voici trois projets de recherche, porteurs d’espoir, qui ont été soutenus en 2002 par la Fondation pour la Recherche Médicale.

Projet de recherche du Dr Olivier Thaunat dans le laboratoire du Pr. Kazatchine Unité INSERM 430 Hôpital Broussais Paris : Microdissection des populations lymphocytaires dans le rejet de greffe chronique. Utilisation d’un modèle expérimental chez le rat.

Si l’amélioration des thérapeutiques a permis de bien contrôler le rejet aigu, on ne dispose actuellement d’aucun traitement curatif contre le rejet chronique. C’est devenu le principal enjeu en transplantation puisqu‘il est la première cause de perte de greffon dans un contexte général de pénurie d’organe. Le rejet chronique intéresse tous les organes transplantés (poumons, coeur, rein, foie…). Sa traduction au niveau des tissus se caractérise par une lésion vasculaire commune caractéristique. Des travaux de recherches ont montré que la transplantation d’une partie de l’aorte chez un animal d’une espèce différente de celle du donneur, reproduisait la lésion vasculaire commune dans tous les cas de rejet chronique. Le travail financé par la Fondation pour la Recherche médicale est l’étude de la population des cellules lymphocytaires du receveur qui infiltrent le greffon dans ce modèle expérimental. Déterminer comment ces lymphocytes sont activés par la présence du greffon et quelle est leur cible va permettre de comprendre pourquoi les lymphocytes d’un receveur favorisent la synthèse d’anticorps dirigés contre le greffon et quelles nouvelles cibles thérapeutiques peuvent être proposées dans la prévention du rejet chronique.

Projet de recherche du Dr Gwenola Boulday au cours d’un stage post doctoral effectué à Boston USA : Rôle du VEGF sur l’endothélium dans le processus inflammatoire et le rejet de greffe.

Le «vascular endothélial growth factor» (VEGF) a été décrit comme une molécule jouant un rôle sur l’endothélium (paroi des vaissaux) et dans le rejet de greffes. Le but du projet du Dr Boulday et qui a été financé par la Fondation pour la Recherche Médicale, est de comprendre comment le VEGF induit la synthèse d’autres molécules appelées chimiokines, qui elles sont responsables du recrutement des cellules immunitaires de l’hôte dans le greffon et entraînent ultérieurement son rejet. Comprendre, à travers un modèle expérimental de cellules en culture comment le VEGF régule l’activité des cellules endothéliales et l’environnement inflammatoire de l’endothélium doit donner de nouvelles pistes thérapeutiques pour éviter les rejets de greffes.

Projet de recherche de Monsieur Olivier Hequet dans le laboratoire du Dr Lotteau à Lyon : Physiopathologie du déficit immunitaire après autogreffe hématopoiétique

L’autogreffe de moelle est le traitement de nombreuses affections hématologiques ou cancérologiques. On observe malheureusement au décours de ces traitements une immuno suppression responsable d’infections sévères et de rechutes de la maladie cancéreuse. Le projet de recherches financé par la Fondation pour la Recherche Médicale consiste à étudier les mécanismes du déficit immunitaire après auto-greffe. Ces travaux sont réalisés à la fois chez l’animal et chez l’homme. Ils ont pour but de mieux comprendre la reconstitution immunitaire après greffe de moelle et développer l’immunité anti-tumorale.

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