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À partir d’un donneur altruiste, dix greffes rénales en dons croisés

États-Unis, 2006. Un homme de 28 ans s’inscrit comme donneur altruiste au centre de transplantation de New York qui fait partie de l’Alliance pour le don par paires (ADP), dont l’objectif est d’accroître les dons croisés.

Avril 2007 : on trouve un receveur pour ce donneur altruiste qui, ainsi, commence une chaîne qui va permettre aux receveurs de 10 paires incompatibles d’être transplantés.

NOUS SOMMES aux États-Unis, dans le domaine des transplantations rénales avec donneur vivant. Classiquement, il existe une paire (couple, famille) : un donneur propose de donner son rein à un receveur.

Mais il peut y avoir incompatibilité.

Dans ce cas, il existe une solution aux États-Unis : échanger les donneurs entre paires.

Plusieurs organismes ont ainsi mis en place des dons impliquant trois paires voire davantage. Récemment ont été décrites des « transplantations dominos » commencées par un donneur altruiste et prenant fin quand le dernier donneur de la chaîne donne un rein à un receveur isolé sur liste d’attente.

Il existe un risque : que dans une paire, après que le receveur de la paire B a reçu le rein du donneur de la paire A, le donneur de la paire décide de ne plus donner son rein. Pour éviter cela, il a été décidé de faire des greffes simultanées.

New York, Arizona, Ohio.

Revenons au donneur new yorkais de 28 ans.

En avril 2007, on découvre qu’il est compatible avec une femme de 53 ans dont le mari voulait être donneur mais était incompatible.

Ce donneur altruiste (donneur 1 – D1) se rend donc à Phœnix en Arizona et le 18 juillet, donne un rein à cette femme (receveuse 1 -R1) de la paire A. Huit jours plus tard, le mari (D 2) de celle-ci se rend dans l’Ohio à Toledo et donne un rein à une femme de 32 ans (R2) de la paire B, dont la mère (D3), incompatible avec sa fille, était déjà considérée comme probablement compatible avec un receveur de Colombus (Ohio). De fait, deux mois plus tard, D3 va à Colombus et le 13 septembre donne son rein à R3 de la paire C. Simultanément, D4 de cette paire C donne un rein à R4 de la paire D. Il se trouve que D5 de la paire D, sœur de R4, était du groupe sanguin B, d’où une difficulté à lui trouver un receveur compatible. Aucun receveur ne lui ayant été trouvé dans les trois mois, l’ADP a contacté le centre de transplantations incompatibles de Baltimore?; là, un patient hyperimmunisé du groupe B n’avait qu’une incompatibilité avec D5 de l’Ohio?; entre eux, le cross-match est négatif. Ce patient de la paire E devient donc receveur R5 et le 12 février 2008, reçoit, à l’hôpital Johns Hopkins, un rein de D5.

Nous sommes donc avec D6 de la paire E?; il donne un rein dans ce même hôpital à une femme hispanique (R6) de la paire F. C’est la sixième transplantation de la chaîne. Alors D7 de la paire F donne un rein à R7 de la paire G. Dans cette paire, D8 auquel on prélève un rein qui est envoyé par les airs à l’université Wake Forest en Caroline du nord (ischémie froide de dix heures)?; rein greffé à R8 de la paire H.

Marquons une courte pause dans cette chaîne pour signaler deux faits intéressants :

– premièrement, le prélèvement rénal par laparoscopie a été effectué le même jour, le 29 février 2008, chez les donneurs D6, D7 et D8?;

– deuxièmement, la 6e transplantation a été la première à nécessiter une désimmunisation en raison d’un cross-match faiblement positif en cytométrie de flux.

Une paire étonnante.

Poursuivons la chaîne. Avant les transplantations 6, 7 et 8, on avait été informé que le donneur (D9) qui allait émerger de la 8e transplantation à la Wake Forest n’avait pas d’antigènes inacceptable pour un autre receveur en attente à Johns Hopkins. Pourtant, ce receveur candidat était du groupe AB alors que le D9 était du groupe A. Cela dit, le titre des anti-B du receveur potentiel n’était qu’à 1/8. On a donc pu lui faire une désensibilisation avec seulement deux plasmaphérèses. Alors, le 18 mars, le rein de D9 a été prélevé à la Wake Univesity et envoyé par avion à l’hôpital Johns Hopkins, et transplanté sur ce receveur candidat, devenu R9 de la paire I (six heures d’ischémie froide). Le receveur R10 de la paire I, un homme de 40 ans de Baltimore, était compatible avec une receveuse de Toledo (Ohio)?; son rein a été prélevé et envoyé par avion et greffé à R10 après douze heures d’ischémie froide.

La fille de R10 (donneuse D11) était appariée avec le receveur d’une paire étonnante puisque… compatible?! Dans cette paire compatible, le donneur aurait pu donner son rein au receveur. Mais les deux amis de cette paire avaient décidé de rentrer dans la chaîne pour deux raisons : aider les autres leur plaisait?; le rein de D11 était jeune (donneuse de 23 ans) et négatif pour le CMV alors que le donneur de cette dernière paire avait 48 ans et était positif pour le CMV.

D’après Michael Rees et coll. New England Journal of Medicine du 12 mars 2009, pp. 109+-1101.

 

 

 

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