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L’activité de greffe rénale suspendue à la Réunion

L’activité de greffe rénale suspendue à la Réunion

La greffe rénale est un enjeu de santé publique majeur à la Réunion. En effet, le département d’outre-mer connaît une prévalence d’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) beaucoup plus élevée que la prévalence nationale. Elle s’élevait en 2000 à 1 418 par million d’habitants contre 580 en métropole.

Conséquence de cette situation et grâce à la dynamique impulsée par la présence sur l’île d’une équipe de greffe, le nombre de patients inscrits en liste d’attente pour une greffe de rein est très élevé, atteignant en 2009 128 (soit 155,5 par million d’habitants, contre une moyenne nationale de 107,9 par million d’habitants). Le Centre hospitalier Félix Guyon de Saint Denis la Réunion, habilité à réaliser des transplantations rénales, n’atteint cependant pas le niveau d’activité national : en 2009, 30 greffes ont été recensées, soit 36,4 par million d’habitants contre 44,2 au niveau national. Comme dans le reste du pays, l’activité est freinée par un manque de greffons, en dépit de taux de prélèvement un peu plus élevé que la moyenne nationale (27,9 par million d’habitants vs 23,5 par million d’habitants). Il semble également possible que des dysfonctionnements puissent expliquer ces résultats.

Opéré par un chirurgien non habilité

L’activité de greffe rénale vient en effet d’être suspendue, jusqu’à la fin de l’année par une décision de l’Agence de santé océan Indien (ARS-OI).
L’établissement hospitalier a fait ainsi savoir hier que : « Suite à ces contrôles, le CHR, à la demande de l’ARS-OI, suspend l’activité de transplantation rénale (…) afin d’améliorer la qualité et la sécurité de la prise en charge des patients ». Selon la presse locale, deux décès suspects auraient notamment alerté les autorités sanitaires.

Le premier survenu au printemps concerne un jeune homme de 27 ans, victime d’une embolie pulmonaire. L’élément qui inquiète l’ARS est le transfert de ce malade peu après son intervention au centre hospitalier Gabriel Martin. « Il n’est pas normal qu’il ait été traité dans cet hôpital. Normalement tous les greffés doivent être traités à Bellepierre, dans le service de transplantation » indique un spécialiste interrogé par le quotidien Clinacoo. Le second décès remonte à il y a un mois. Un homme de 50 ans n’aurait pas été opéré par un chirurgien habilité pour cette activité. Le praticien qui devait être en charge de l’opération a en effet demandé à un collège de l’assister se sentant « trop fatigué ». Pendant, l’intervention, le patient a été victime d’un syndrome hémorragique, qui serait peut-être survenu dans des circonstances normales. Cependant, l’affaire met à jour un « problème organisationnel », reconnaît le médecin qui a cédé sa place.

Transplantation en métropole

Pour les praticiens de l’hôpital Bellepierre, la suspension n’est pas une surprise. La diminution du nombre de chirurgiens affectés au service de transplantation (passés de six à quatre) expliquerait notamment les dysfonctionnements. Pour le directeur de la veille et de la sécurité sanitaire au sein de l’ARS-OI, le docteur Dominique Polycarpe, il pourrait de fait être « nécessaire de renforcer le personnel et la qualification des intervenants ».

Chez les patients, cette annonce a également été reçue avec satisfaction. Le président de la Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux (FNAIR), Hugues Hoareau indique que son organisation était « déjà montée au créneau l’année dernière à cause de plusieurs dysfonctionnements ». Il redoute pour autant que cette suspension ne représente une perte de chance pour les malades.

Cependant, l’activité de prélèvement est maintenue : les patients seront envoyés en métropole avec leur greffon. « Nous avons négocié avec la Sécurité sociale pour que tout soit pris en charge : l’évacuation sanitaire mais aussi l’accompagnement » indique le directeur du CHR, Laurent Bien, qui assure que tous les patients sur liste d’attente ont été personnellement informés.

D’après la Quotidienne du JIM, 3 septembre 2010

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