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Les questions en suspens du prélèvement d’organes à coeur arrêté

Les questions en suspens du prélèvement d’organes à coeur arrêté

Donner un organe, donner la vie. En matière de greffes d’organes, les clichés ne sont jamais loin. La semaine dernière, c’était la journée du don d’organe, et au même moment le Comité national d’éthique a rendu un avis sur cette question. Un avis classique sur le consentement, sur le fait que le corps n’est pas à vendre, etc. Mais à y regarder de plus près, se cachaient quelques nouvelles interrogations, en particulier autour de la question du prélèvement «à cœur arrêté».

Drôle d’expression, mais c’est ainsi. D’ordinaire, on prélève un organe lors d’une mort encéphalique ou cérébrale, c’est-à-dire lorsque le cerveau est définitivement mort, même si mécaniquement on arrive parallèlement à maintenir les organes vitaux en action, comme le cœur ou les poumons.

Dans certains pays, en raison d’une pénurie d’organes, se sont développés des prélèvements qui faisaient suite à une mort cardiaque. C’est-à-dire, uniquement liée à l’arrêt du cœur. C’est toujours assez compliqué, car un cœur peut s’arrêter puis repartir. De plus, les prélèvements représentent une intervention délicate car l’arrêt du cœur, en détruisant rapidement les organes, rend toute greffe impossible. Il y a une sorte de course contre la montre, entre la mort d’un côté, et le prélèvement de l’autre.

Mais cet équilibre a changé. Comme le note le comité, «à condition que des procédés de sauvegarde soient mis en œuvre dans les minutes qui suivent le décès, ce qui suppose que des équipes médicales soient présentes au moment où le décès se produit», les prélèvements deviennent possibles, voire faciles.

Depuis 2005, ce type de prélèvement est autorisé en France, néanmoins la fréquence reste faible : 39 cas en 2007. Alors qu’en Espagne et aux Etats-Unis, il est en progression constante.

Deux questions se posent pourtant : «La facilité technique de ce nouveau type de prélèvement ne risque-t-elle pas de contribuer à faire du corps une simple ressource sociale» ? En d’autres termes, un cadavre ne risque-t-il pas de n’être plus qu’un outil, une somme d’organes éventuellement prélevables ? Vieux débat autour de la dignité due au corps.

A cela, s’ajoute un nouveau cas de figure, terriblement délicat. Il s’agit de l’arrêt cardiaque d’une personne hospitalisée, survenant à la suite d’une décision d’un arrêt de traitements. Peut-on prélever ? N’y a-t-il pas un risque, lié à la trop grande proximité entre la décision de fin de vie, et celle d’utiliser les organes de ce malade ?

En France, il n’y a aucun protocole, et de ce fait, cela revient à un interdit. «L’idée d’une intention de prélèvement qui puisse être mêlée au motif de l’arrêt des traitements suffit pour maintenir l’actuelle prudence de l’Agence de la biomédecine», écrit le Comité d’éthique. Mais qu’en est-il de la volonté du patient ? Celui-ci peut décider de l’arrêt de ses traitements et vouloir que l’on prélève aussi certains de ces organes.

D’après Eric Favereau, Libération du 28/06/2011

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1 Commentaire

  • Un corps n’est que de la viande. Lorsque j’ai eu mes 2 ruptures d’anévrisme en 15 jours J’aurais préféré que dès la première on me déclare en mort encéphalique. Là on pouvait prendre le coeur en parfait état, les poumons et quelques petites choses. Ce qu’il faut regarder ce sont les vies sauvées et non la personne avec ses innombrables séquelles qui malgré toute sa bonne volonté n’a plus aucune vie. Hélas,je n’avais pas de carte de donneur d’organes

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