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Les organes auto-construits, piste de recherche prometteuse

Les organes auto-construits, piste de recherche prometteuse

Coeur, foie, poumon et rein peuvent être remplacés, mais le succès médical des greffes se heurte à la pénurie d’organes, poussant les scientifiques à rechercher d’autres solutions. La piste des organes auto-construits semble prometteuse pour les décennies à venir.
Près de 10.000 malades étaient dans l’attente d’une greffe fin 2010, 273 étant décédés dans l’année faute d’avoir été transplantés. Vivre avec un organe prélevé sur un donneur n’est pas non plus sans conséquences, imposant la prise à vie d’un traitement anti-rejet.

A quelques jours de la Journée mondiale du don d’organe et de la greffe, lundi 17 octobre, les académies nationales de chirurgie et de médecine ont organisé une séance commune mercredi pour faire le point sur les avancées de la recherche sur le développement d’organes auto-construits.
Un rêve de chercheurs qui prend forme petit à petit, même si les obstacles sont encore nombreux. Le Pr Jean-Michel Dubernard, auteur de la première double greffe bilatérale des mains et des avant-bras, veut trouver dans des animaux comme la salamandre, qui voit sa patte repousser lorsqu’elle est coupée, des raisons d’y croire.
“Ce n’est pas une réponse aujourd’hui, ni un espoir pour les patients actuels”, a tempéré au cours d’une conférence de presse le Pr Henri Bismuth, président de l’Académie de chirurgie et l’un des pionniers de la transplantation hépatique. “Mais on sait vers où on va aller”, a-t-il ajouté, prévoyant des “étapes intermédiaires”.

Le développement d’organes auto-construits est actuellement envisagé pour le rein, le coeur, le poumon et surtout pour le foie, organe pour lequel la recherche est la plus avancée.

Schématiquement, l’idée est de débarrasser l’organe déficient de ses cellules, de n’en garder que la matrice, c’est à dire la trame, puis de repeupler cette trame avec des cellules provenant de la différenciation contrôlée de cellules souches.

Les spécialistes n’en sont cependant qu’au stade de la recherche fondamentale, n’envisageant pas d’utilisation clinique avant 10 à 20 ans.
De nombreuses questions restent à résoudre, que ce soit sur la nature de la matrice (l’organe du malade, celui d’un donneur voire d’un animal, ou encore une matrice synthétique), ou sur la source des cellules souches utilisées pour la culture cellulaire (cellules souches embryonnaires, cellules souches pluripotentes induites…).
La problématique est en outre différente pour chaque organe.

Le coeur est un organe unique, qui ne peut pas être suppléé durablement par une machine. C’est aussi un organe composé de plusieurs populations cellulaires.
Le Pr Philippe Menasché, expert de la thérapie cellulaire en cardiologie, s’est dit “sceptique quant à la possibilité d’auto-reconstruction complète du coeur”, mais confiant dans la réussite d’auto-reconstructions partielles, par exemple une valve cardiaque chez un enfant.

Le rein présente l’avantage d’être double et de pouvoir être suppléé par un rein artificiel. A ce jour, aucun organe “auto-construit” chez l’animal n’a fait la preuve de sa capacité à fonctionner plus de quelques heures. “On ne va pas réimplanter un rein auto-construit demain, mais on va profiter des progrès de la recherche pour améliorer la qualité de vie des malades”, a estimé le Pr Dubernard.

Le poumon est “probablement l’organe le moins avancé”, a indiqué le Pr Emmanuel Martinod, auteur de la première greffe d’une bronche artificielle.

Pour le foie, des organes auto-construits ont été transplantés chez le petit animal. La prochaine étape est le gros animal.

Les deux Académies ont appelé mercredi, tout en soutenant cette recherche, à rester mobilisés pour le don d’organes.

D’après Véronique Martinache (AFP) 

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