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Substitution “forcée” du Cellcept sur injonction d’une Caisse d’Assurance Maladie

Substitution “forcée” du Cellcept sur injonction d’une Caisse d’Assurance Maladie

Renaloo a été récemment alertée par des personnes ayant reçu une transplantation rénale dans la région Pays de Loire au sujet de la prise en charge de leur traitement par Cellcept (Mycophenolate Mofetil), un immunosuppresseur fréquemment utilisé dans la greffe de rein, en association avec du Neoral, du Prograf, du Sirolimus, ou autre… Il est génériqué en France depuis 2010.

En effet, depuis quelques semaines, plusieurs Caisses Primaires d’Assurance Maladie cette région (44, 53, 72) ont pris une position “dure” en informant les patients que le pharmacien ne fera pas jouer le tiers payant et ceci pour la totalité de l’ordonnance en cas de refus de substitution du Cellcept par un de ses génériques.

Cela signifie que les patients devront avancer l’intégralité du montant de la prescription, qui s’élève pour un traitement post greffe à plusieurs centaines d’euros. Il s’agit d’une pression financière difficile, voire impossible à supporter pour la plupart des personnes greffées, déjà fortement touchées au plan social par la maladie. 

Nous sommes bien entendu favorables aux génériques, mais le Cellcept, concerné par cette mesure, est un médicament à “marge thérapeutique étroite”, nécessitant une grande rigueur de prise et dont les concentrations sanguines doivent demeurer les plus stables possibles.

Outre les risques relatifs à l’observance, liés au changement d’aspect du médicament, la modification de l’excipient peut être à l’origine de telles variations. Le greffon rénal est précieux. Il évite aux patients la dialyse, dont le coût est bien plus élevé que celui de la greffe pour le système de santé et l’efficacité bien inférieure.

Il ne serait pas raisonnable que, par une application particulièrement rigide des textes, on aboutisse à la perte d’un certain nombre de greffons (aux USA, où la prise en charge des traitement immunosuppresseurs s’arrête après 3 ans de greffe, on assiste à des échecs massifs de transplantation à partir de cette date chez les personnes dont la couverture maladie est insuffisante).

La question de la responsabilité (du pharmacien responsable de la substitution et des CPAM) nous semble engagée dans l’éventualité de la détérioration ou de la perte du greffon liée à cette substitution “contre avis médical”.

La méthode utilisée par les CPAM des Pays de Loire afin d’imposer la substitution du Cellcept chez les patients greffés nous paraît dangereuse pour les malades à qui elle s’adresse qui, ne pouvant pas avancer l’argent, seront obligés de l’accepter. Elle ne prend pas en compte la spécificité des médicaments immunosuppresseurs ni les risques induits par une substitution non contrôlée. Elle se fait de manière brutale, sans aucune concertation avec les professionnels ni les associations de patients concernées. 

Voir les recommandations de Renaloo pour “gérer” l’arrivée de génériques des immunosuppresseurs

L’ESOT (European Society for Organ Transplantation) a proposé récemment des recommandations pour la substitution de ces molécules :

  • La substitution du princeps (Cellcept par un générique, mais aussi d’un générique par un autre), ne doit être effectuée que par un médecin spécialisé en transplantation Chaque substitution devra être suivie étroitement pour s’assurer d’un dosage correct de l’immunosuppresseur
  • La substitution répétée d’un générique par un autre doit être proscrite.
  • Afin de l’éviter, il est recommandé d’utiliser un nom de générique spécifique au moment de la prescription
  • Les patients devront être informés de la substitution par un générique, savoir repérer les différentes formulations du même produit et alerter le médecin de transplantation si des substitutions non contrôlées sont effectuées
  • Les nouveaux génériques d’immunosuppresseurs ne remplissant pas les critères d’une une stricte bioéquivalence ne devront pas être utilisés
  • De même, l’utilisation de nouveaux génériques devra être proscrite tant qu’ils n’auront pas prouvé leur bioéquivalence selon le dernier guide EMA
  • De nouvelles recherches sont nécessaires pour explorer les bénéfices risques de la substitution des génériques
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