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Une pièce de théâtre autour du don d’organe : ” Sarah “, l’histoire d’une vie sauvée

12 avril 2005, Le Quotidien du Médecin

” Sarah “, la pièce écrite et mise en scène par Roger Lombardot, est inspirée de l’histoire de la jeune comédienne, Coralie Russier. ” Ma greffe, c’est plutôt quelque chose que j’ai en plus qu’en moins “, dit-elle aujourd’hui. (…)

Il faut aller voir ” Sarah ” pour se rappeler combien la médecine est une invention extraordinaire de l’homme. Seule en scène, Coralie Russier nous raconte une belle histoire, une histoire intime entre deux jeunes filles unies par un lien fort : un organe. Dix ans auparavant, Alice a subi une greffe du foie qui lui a sauvé la vie. Elle fête aujourd’hui l’anniversaire de ses 18 ans avec celle qui lui a permis de renaître, Sarah. Il faut aller voir cette pièce de théâtre pour comprendre combien une technique, aussi efficace soit-elle, ne peut suffire pour reprendre vie : il faut lui donner un sens. Alice n’a pas seulement reçu une greffe du foie, elle s’est aussi imaginé une amie avec qui elle dialogue et partage chaque souffle de vie. Dans l’esprit de cette jeune femme, la transplantation devient une expérience inédite entre deux personnes, une transmission de vie qui n’aurait pu se faire sans l’intervention des médecins.
Pour écrire cette pièce, Roger Lombardot s’est inspiré de l’histoire de la comédienne, Coralie Russier. Née avec une atrésie des voies biliaires (maladie d’Alagille), Coralie Russier a subi une greffe de foie à l’âge de 5 ans. (…) Sarah, c’est le prénom choisi par Coralie pour nommer la petite fille qui lui a donné son foie. (…)

C’est en écoutant une chanson enregistrée par Coralie (elle a une voix très pénétrante) à l’âge de 15 ans, intitulée ” Moi, je t’appelle Sarah “, que Roger Lombardot a eu l’inspiration d’écrire sur la transplantation. ” Cette pièce a été pour moi comme une thérapie, explique Coralie. Elle m’a permis de mettre des mots sur ce que je vivais avec Sarah. Contrairement à Alice, je ne lui ai jamais parlé à voix haute. Mais elle est constamment présente en moi : en fait, je la considère comme une sœur jumelle qui ne me quitte pas. Lorsque j’ai eu très mal au foie, la veille de la première représentation, j’ai senti qu’elle était là. “

Dans la pièce, Alice parle aussi de ses moments passés à l’hôpital. Des souvenirs douloureux que Coralie avait complètement occultés : ” Avec Sarah, j’avais oublié que j’étais une enfant de l’hôpital, dit-elle. Il n’y a pas longtemps que je me suis rendu compte que je faisais partie des gens qui ont bénéficié d’une greffe. Jouer dans cette pièce m’a permis de relativiser la colère que j’avais contre l’hôpital. C’est quand même grâce aux médecins que je m’en suis sortie. ” Oubliée, la rancœur nourrie contre ce jeune interne qui lui dit, à brûle-pourpoint, que la greffe ne durera pas toute sa vie et qu’elle devra en subir une autre : ” J’avais très peur pour Sarah “, se souvient-elle.

Aujourd’hui, Coralie Russier veut témoigner sur le don d’organe. Et la comédienne, qui a délaissé cette année les bancs de l’école pour suivre des cours par correspondance, remporte un grand succès auprès des lycéens: ” J’ai compris que j’avais plutôt quelque chose en plus qu’en moins. J’ai envie de faire partager ma joie de vivre. ” Objectif atteint.

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