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Une agence publique pour l’utilisation du corps

12 mai 2005

Greffes et dons d’organes, diagnostic prénatal, cellules souches… L’agence de biomédecine créée hier entend allier sécurité et qualité des soins.

Nouvel organisme de santé publique placé directement sous la tutelle du ministère de la Santé, l’Agence de la biomédecine a été inaugurée hier par Philippe Douste-Blazy à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Créée dans le cadre de la révision des lois de bioéthique du 6 août 2004, cette agence, première du genre dans le monde, aura pour tâche d’encadrer et d’évaluer les pratiques utilisant des éléments du corps humain : les activités de prélèvement et de greffe d’organes (encadrés jusqu’ici par l’Établissement français de greffes), de tissus et de cellules ainsi que l’assistance médicale à la procréation, le diagnostic prénatal et génétique, la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires humaines.

” Nous avons souhaité créer une agence transversale sur des questions où progrès scientifique et éthique doivent avancer ensemble, a précisé Carine Camby, directrice générale de l’Agence de biomédecine. Sa raison d’être est de contribuer à garantir un niveau optimum de sécurité et de qualité des soins dans tous les domaines que nous allons prendre en charge. ” Des progrès scientifiques considérables ont été réalisés ces dernières années dans des domaines ou il est nécessaire ” de savoir ce que nous faisons “, a résumé de son côté Philippe Douste-Blazy. Sorte de ” police sanitaire “, les missions de l’agence porteront sur l’encadrement, le contrôle et l’agrément des praticiens. Les résultats thérapeutiques seront ensuite évalués et les résultats publiés. Des règles de bonnes pratiques seront également édictées et l’agence participera à la réflexion sur une réglementation européenne et internationale.

En France, 4 000 greffes d’organes ont été réalisés en 2004, soit une augmentation de 16 % par rapport à 2003 mais 11 000 personnes sont chaque année en attente d’une greffe. La question de la greffe de donneurs vivants mérite d’être davantage encadrée et pose encore beaucoup de questions, notamment en termes de risque pour la santé du donneur. Dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation (AMP), 15 % des couples en âge de procréer souffrent de problèmes d’infertilité. 9 500 naissances d’enfants sont issues chaque année de la fécondation in vitro et 4 500 naissances des suites d’une insémination artificielle. Des milliers de femmes suivent un traitement de stimulation ovarienne. Pour le diagnostic prénatal, 80 000 amniocentèses sont réalisées chaque année en vue d’un diagnostic chromosomique. ” Or les
résultats de l’AMP sont peu satisfaisants et inégaux en France “, a affirmé pour sa part René Frydman, chef du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart.

” N’y a-t-il pas trop d’AMP discutables, d’autres trop tardives, peut-être trop d’amniocentèses ? Nous ne le savons pas car aucun rapport officiel jusqu’à présent n’a été mené. ” Marc Peschanski, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, dont l’équipe est la première à avoir obtenu cette année l’autorisation de débuter ses recherches sur les cellules souches embryonnaires, a souligné ” la nécessité d’être encadré “. ” Car dans nos laboratoires, nous dépassons les frontières normales de la légalité. “

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