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Le témoignage de Pierre-Marie

altL’évolution très lente de la maladie d’Yvanie me laissait croire et espérer que jamais elle n’atteindrait le stade de l’insuffisance rénale terminale.

Hélas, le suivi médical régulier a démontré petit à petit que je me trompais.

J’ai du me rendre à l’évidence : Yvanie était dialysée et il fallait envisager une greffe pour améliorer ses conditions de vie.

Devant la détermination de mon épouse à donner un de ses reins, et mon impossibilité sur le plan médical pour en faire de même, j’ai accompagné et soutenu Jocelyne pendant toute la période pré-greffe pour chacun de ses examens qui ont tous eu lieu sur Paris. Nous avons tous les deux également soutenu notre fille par notre présence et dans la mesure de nos disponibilités.

Sans revenir sur les différents épisodes de cette période de sa vie, le jour J approchait…

La tension devenant de plus en plus forte, dix jours avant la date de l’opération, j’ai présenté un torticolis aigu avec état syncopal, sans doute dû au stress cumulé avec celui du travail. Cet état m’a empêché d’être aux côtés de Jocelyne pour son dernier examen, l’artériographie rénale.

Je n’ai pu reprendre la conduite automobile que je jour de l’admission de mes femme et fille à l’hôpital à Paris en vue de la greffe.

Dès mon arrivée sur les lieux, je suis allé les retrouver dans leur chambre et j’ai été soulagé de constater que l’ambiance était au beau fixe. Le personnel du service de Néphrologie était particulièrement accueillant et prévenant. En cette veille de greffe, nous avons passé l’après-midi ensemble. Je ne les ai quittées qu’au-delà de 21 heures pour rejoindre ma chambre, à la Maison des Parents, dans l’enceinte même de l’hôpital.

Après une courte nuit avec peu de sommeil dû à l’inquiétude du lendemain, j’ai rejoint mes hospitalisées. Quelques minutes après mon arrivée, Jocelyne était conduite dans son lit vers le bloc opératoire sans avoir eu le temps d’embrasser notre fille.

Je me suis empressé de la suivre dans le couloir, j’ai pu l’étreindre rapidement, puis je l’ai regardée s’éloigner jusqu’à l’ascenseur.
Jocelyne m’avait raconté que lors de son artériographie rénale, alors qu’elle ne se sentait pas bien, elle avait réussi à oublier l’ambiance de la salle d’examen en fixant son esprit sur le petit port de Ploumanach tout ensoleillé… site breton où nous passons la plupart de nos vacances. Juste avant qu’elle ne disparaisse dans l’ascenseur je lui ai crié “Ploumanach”, comme s’il s’agissait d’une formule magique destinée à illuminer les instants qui la séparaient de l’intervention.

C’est à partir de ce moment que la longue attente commençait pour moi.

Je ne voulais pas laisser ma fille seule après ce moment difficile de la séparation avec sa maman. Je suis donc rapidement retourné auprès d’elle et Dominique, son compagnon, est arrivé.

Après un moment, je suis allé dans le couloir afin de laisser les enfants seuls, et j’ai rencontré le chirurgien qui venait de prélever le rein gauche de Jocelyne. Il m’a alors rassuré en souriant largement, me précisant que l’intervention n’avait duré que 70 minutes, que tout s’était très bien passé et que Jocelyne était en salle de réanimation. Je me suis précipité vers Yvanie pour lui transmettre l’information qu’elle accueilli avec un grand sourire.

Vint le moment de son départ par le même itinéraire, mais cette fois-ci, Dominique et moi l’avons accompagnée jusqu’à la porte du bloc où nous l’avons tous deux embrassée.

Nous avons décidé de sortir de l’hôpital afin d’aller déjeuner ensemble dans Paris. Nous avions été informés qu’un retour avant 17 heures n’était pas nécessaire. J’avais communiqué mon numéro de portable au cas où un problème se serait présenté. Mes pensées n’ont pas quitté les deux êtres de ma vie durant cette absence.

De retour à l’hôpital vers 17 heures j’ai attendu peu de temps le retour de Jocelyne, sous perfusion, dans son lit. Elle dormait profondément et semblait très calme. Les heures passant, petit à petit, elle se réveillait doucement. A plusieurs reprises, avec Dominique, nous sommes descendus vers la salle d’opération et nous avons de nouveau croisé le chirurgien. Ce dernier nous a annoncé que tout s’était très très bien passé, que la greffe avait duré 50 minutes et qu’Yvanie était en salle de réveil. Nous pourrions aller la voir dans la soirée.

Comme convenu avec l’infirmière responsable, nous nous y sommes présentés vers 20 heures et c’est avec une immense joie que j’ai pu aller embrasser ma fille chérie.

Elle était très lucide, bien réveillée et heureuse de nous voir. L’infirmière nous a fait part de son étonnement quant à la diurèse depuis la greffe qui avait déjà atteint plus de 7 litres, compensée par perfusion. Nous sommes restés auprès d’Yvanie près d’une heure.

Nous avons regagné la chambre de Jocelyne toujours somnolente, mais j’ai pu lui communiquer des nouvelles rassurantes de notre fille.

Le lendemain matin, Jocelyne était beaucoup mieux réveillée, mais ne pouvait pas bouger sans déclencher de vives douleurs. Une infirmière est passée et lui conseillé l’utilisation de sa pompe à morphine, qui la soulageait et l’endormait.

Vers 11 heures, un nouveau moment heureux pour moi, Yvanie a été ramenée dans une chambre proche de celle de sa maman. Ce n’était pas la grande forme non plus, et j’allais d’une chambre à l’autre pour les soutenir, les encourager et leur permettre un échange de nouvelles. Grâce à mon camescope, j’enregistrais des messages vidéos de chacune d’elles. La conversation n’était pas très soutenue d’un côté comme de l’autre.
Au fil des heures, elles reprenaient un peu de conscience et de vigueur.

Deux jours après la greffe, Yvanie a pu rejoindre avec joie la chambre de sa maman, ce qui simplifia les communications entre elles ! Ce moment a été très heureux pour moi.

De jour en jour, l’état de mes deux chéries s’améliorait. Je les ai accompagnées faire leur premiers pas dans le couloir puis, le jour suivant, dans le parc de l’hôpital pour une promenade d’une demi-heure. Le retour à la chambre a été salutaire…

Le vendredi matin l’équipe des médecins est passée et la décision de sortie a été prise pour les deux, tant les résultats d’Yvanie étaient excellents.

J’ai donc, avec l’aide de ma sœur, venue nous rendre visite, bouclé les bagages puis chargé le coffre de la voiture. Faut-il préciser que ce retour mettait un terme à l’épisode chirurgical de la greffe.
De retour en Normandie, j’ai du répondre aux très nombreuses demandes de nouvelles tant de mes collègues que de ceux de mon épouse.

Aujourd’hui, après plus de trois mois, Yvanie va très bien et supporte sans problème le traitement anti-rejet. Quant à Jocelyne, après sept semaines d’arrêt, elle a repris ses activités professionnelles.

Quand je pense au geste exceptionnel de ma femme, j’en suis encore tout bouleversé et à chaque fois une grande émotion et une profonde admiration m’envahissent.

La vie a repris son cours normal. Il n’est pas un seul jour où mes pensées ne rejoignent ma fille et j’espère de tout mon cœur et de toutes mes forces que tout se déroulera pour le mieux pour elle, comme pendant les trois premiers mois post-greffes qu’elle vient de passer.

Bien que n’ayant participé à cette aventure qu’en témoin “passif”, j’ai fait le maximum pour soutenir, encourager et aider ma femme et ma fille avec amour et tendresse.

alt

Pierre-Marie, septembre 2002

 

 
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1 Commentaire

  • Merci piere marie pour ce beau témoignage!

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