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“Novartis contre l’Inde”, ou les pilules qui ne passent pas, sur France Ô
LE FIL TéLéVISION – Novartis, laboratoire pharmaceutique suisse, a osé lancer des poursuites contre l’Inde, habilitée à produire des médicaments génériques pour le tiers-monde. Ecœurant, non ? Plus complexe que prévu… Un excellent documentaire de la TSR à 21h35.
ET AUSSI“Novartis contre l’Inde” | 26 juin 2008
Grâce à une loi de 1972 très laxiste sur les brevets, l’Inde s’est mise à produire des médicaments génériques à foison. Jusqu’à devenir la pharmacie du tiers-monde. Mais son adhésion en 1995 à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) a obligé le pays à instaurer une législation plus sévère. Et l’a exposé aux actions juridiques des multinationales occidentales, fort marries de voir copiés leurs produits les plus rentables. Lequel de ces géants de la pharmacie allait oser attaquer, au risque d’écorner un peu plus son image ? Le Bâlois Novartis, un des leaders mondiaux, a dégainé le premier, l’été dernier, en contestant le refus indien de breveter un de ses produits vedettes, le Glivec®, utilisé pour le traitement des leucémies. Et c’est la TSR (Télévision suisse romande) qui a réalisé Novartis contre l’Inde. En jeu, l’accès aux médicaments de millions de malades dans les pays pauvres.
Solidement étayé et parfaitement équilibré, le reportage de Temps présent, magazine d’actualité très renommé en Suisse, n’en est pas moins accablant pour Novartis. Ce qui n’a posé aucun problème à la TSR. « Nous avons les coudées franches par rapport au monde politique ou économique, assure Jean-Daniel Bohnenblust, coréalisateur. Le débat français sur les liens entre médias et puissants n’a pas lieu chez nous. » En revanche, la coutume suisse oblige les journalistes à présenter aux interviewés ce qui va être gardé de leurs propos. « Pendant l’entretien avec le dirigeant de Novartis, trois avocats étaient présents pour tout noter, tout contrôler », se souvient le journaliste.
Contre toute attente, les difficultés sont venues d’Inde. L’équipe de Temps présent n’a pu obtenir d’accréditation et a dû faire appel à une société de production locale pour tourner à New Delhi. « Le procès a provoqué là-bas une guerre interne entre les dirigeants qui ont signé l’adhésion à l’OMC et les producteurs de génériques. Si les petites entreprises ne font que des copies, la “big pharma” indienne est aujourd’hui capable de mettre au point de nouveaux médicaments qu’elle veut protéger par des brevets. »
En Inde aussi, on fait du business. Même si Novartis a perdu son procès, de prochaines offensives contre l’industrie des génériques pourraient faire mouche, pour le plus grand malheur des patients africains… ou indiens. Un déni de droit, selon Jean-Daniel Bohnenblust. « Les règles de l’OMC garantissent l’accès aux médicaments dans les pays pauvres. Mais un rapport de l’Organisation mondiale de la santé a montré que, dans la pratique, elles servent à protéger les marchés des leaders du secteur. »
Aujourd’hui, sur 40 millions de personnes porteuses du VIH, seuls 2 millions ont accès à des trithérapies. Pour certains, il semble que ce soit déjà trop.
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Samuel Gontier
Télérama n° 3049
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