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Sujet
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Prélèvement sauvage d’organes sur des opposants chinois
Par Noria Ait-Kheddache, publié le 09/12/2009 à 11:06 – mis à jour le 09/12/2009 à 14:10
Les pratiquants du Falun Gong sont réprimés en Chine depuis 1999. Ils sont arrêtés, torturés et forcés de renoncer à leur pratique. Ceux qui refusent disparaissent. Et l’on connait désormais le sort qui leur est réservé.
Le Falun GongAussi appelé “Falun Dafa”, ce mouvement spirituel est une forme de qigong (exercices énergétiques chinois) imprégné de philosophie bouddhiste. Il fait son apparition en 1992 et rencontre un succès sans précédent.
Aujourd’hui, il compte
77 millions d’adeptes dans plus de 114 pays. La Chine est le seul pays où il est réprimé. Depuis 1999, le gouvernement l’accuse de défier le pouvoir.“Authenticité, bienveillance et tolérance”, tels sont les principes du Falun Gong. Ce mouvement spirituel est devenu si populaire en quelques années que le “gouvernement chinois a cherché à le réprimer, l’accusant d’être une religion dans une société communiste pure et dure”, explique Jianping Zhang, qui dirige la CIPFG (Coalition d’investigation sur la persécution du Falun Gong).
Mais derrière la répression politique se cache une autre pratique. “L’arrestation et la condamnation à mort (1) des membres du Falun Gong représente pour la Chine un grand marché d’organes humains.” C’est également la conclusion que tire David Kilgour, ancien ministre du gouvernement fédéral canadien et auteur de “Bloody Harvest”.
Aux Etats -Unis, le 20 juillet 2009. Le Falun Gong fête ses dix ans d’existence. Une occasion pour des pratiquants du Falun Gong de dénoncer la répression des autorités chinoises.Scott Olson/Getty Images/AFP
Aux Etats -Unis, le 20 juillet 2009. Le Falun Gong fête ses dix ans d’existence. Une occasion pour des pratiquants du Falun Gong de dénoncer la répression des autorités chinoises.
Depuis 2006, David Kilgour a mené l’enquête à la demande du CIPFG, afin de vérifier ces accusations. Dans un rapport présenté en 2006, et dont une seconde version est parue en 2007, il a conclu à l’exécution des membres de Falun Gong pour leurs organes. “Pour contrer ces accusations, l’Etat-Parti m’a accusé d’être anti-Chine alors que j’ai un profond respect pour la civilisation et le peuple chinois.” En 2010, c’est dans un livre qu’il réitère ses déclarations à travers 52 preuves et autant de témoignages.
Des exécutions le jour de l’opération
“Les camps de travail existent. Nous en avons comptabilisé 340 pour 300 000 personnes. La moitié des prisonniers étant des pratiquants du Falun Gong.” Dans les prisons, les membre de Falun Gong sont les seuls à subir systématiquement des examens de sang, “nécessaires pour la transplantation en raison de la compatibilité entre source d’organe et destinataire.”
Francis Navarro, chef de service et médecin transplanteur à Montpellier, a découvert ce trafic en 2006. “Nous avions été invités à faire une transplantation en Chine, afin de montrer le savoir-faire français en matière de médecine hépatique. 48 heures avant mon départ, j’ai eu des doutes sur la provenance de l’organe, d’autant que le jour où j’arrivais, des exécutions étaient programmées.”
Le médecin transplanteur mène alors l’enquête avec un journaliste. “Nous avons voyagé au Pakistan, en Chine et au Maghreb”. Et découvre le procédé du gouvernement chinois. “La Chine a ouvert la porte au trafic mercantile d’organes.”
Vente de coeurs sur Internet
A qui profite le crime? “Aux Chinois aisés (2) capables de se payer un rein ou un foie, ou aux touristes du monde entier, alléchés par le prix de la transaction et peu regardants sur l’origine de l’organe greffé”, raconte David Kilgour.
Aujourd’hui, la demande d’organes dans le monde est en constante augmentation. Les sites Internet vendant des coeurs à 190 000 dollars l’unité se multiplient sur la Toile. A tel point que Francis Navarro se demande à quel moment l’éthique fera barrage à ce commerce, on peut tous se poser la question: serai-je un jour amené à acheter un organe, si mon enfant en a un besoin vital?”
(1) Il existe 66 possibilités d’être condamné à mort en Chine.
(2) Le pays compte 70 millions de milliardaires.
Le silence des instances internationales“Le prélèvement d’organes ne date pas d’hier, dans ce pays où législatif, économique et judiciaire ne font qu’un”, estime Michel Wu, qui a fui la Chine après Tien-an Men et est devenu rédacteur en chef du service Asie de RFI. Il déplore le silence honteux des instances internationales qui fait triompher l’économie “face à l’universalité des valeurs humaines.”
La première autorité à avoir dénoncé le trafic d’organes est la société britannique de transplantation. Sans succès. En 2007, une pétition venant des médecins transplanteurs français sollicite les politiques pour lancer le débat. “On a pas été écouté, regrette Francis Navarro, à l’origine de l’initative. La faute aux Jeux olympiques de Pékin. La France a d’ailleurs été sanctionnée par le gouvernement chinois pour ses prises de positions.”
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