Arte possède au moins cette capacité de nous présenter des documentaires détaillés, qui se donnent le temps de développer leurs arguments. Dans le cas de ce documentaire, et avec un peu de recul, j’éprouve soudain une sorte de malaise, car tous les efforts visent à attaquer le prélèvement dans le cas de la mort cérébrale. Pour faire contrepoids, ce documentaire allemand devrait être projeté au spectateur le même soir que “le temps retranché”. Sinon, cette présentation à sens unique s’avère finalement une présentation absolument irresponsable. au fond, elle joue sur l’émotion, en insistant sur le fait que si le cerveau est mort, le corps est vivant, et que la notion de coma dépassée est une construction sociale, comme le soulignait aussi en son temps la juriste Marcella Iacu. Ce qui est intuitif, c’est que la mort, c’est la décomposition du corps, dès lors que des tissue sont encore vivants, on devrait se poser la question. Mais ce film échoue même à démontrer sa thèse, car évidemment, même en montrant des images qui se veulent choquantes de gens en coma dépassé qui conservent une activité réflexe, la réalité demeure que la mort du cerveau ne permet pas d’envisager que l’individu puisse revenir. Le titre est mal choisi “enjeux de la greffe”, car il n’y a aucune mise en perspective, aucune présentation des souffrances des malades, aucune information en bref sur la problématique de la greffe. Ce film qui devrait en plus de sa thèse au moins présenter l’antithèse, voire la synthèse, présente tout juste JL Touraine allant parler aux gens dans la rue. Parmi les indicateurs présentés comme négatifs, il précise que le taux de don est de 26/1 000 000 en France, contre 10/1 000 000 en Suisse et en Allemagne, et 1/1 000 000 au Japon. Il s’agit presque d’un plaidoyer fondamentaliste qui se cache, et qui masque les vrais enjeux, les vraies questions.