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Bilan provisoire de l’épidémie pour les patients dialysés et greffés. Finalement que risquons-nous ?

Un peu plus de trois mois après le début de l'épidémie, selon les données les plus récentes (29 juin), un total de 1903 patients dialysés et 572 patients transplantés ont été diagnostiqués atteints de la COVID-19 en France. 

Une fréquence de l'infection trois fois plus élevée en dialyse qu'en greffe

  Il y a en France environ 50000 patients en dialyse et 40000 patients greffés, ce sont respectivement presque 4% des dialysés et 1,3% des greffés qui ont été contaminés.

Le taux plus important en dialyse peut s'expliquer par la nécessité de s'exposer trois fois par semaine en raison des séances. Le retard dans l'équipement en masques des patients dans certains centres en mars pourrait aussi avoir joué un rôle.

Des stratégies de dépistages différentes de la population générale

  Etant à risque de forme grave de COVID-19, les patients dialysés et greffés ont été testés très largement, y compris lorsque leurs symptômes étaient faibles ou modérés, alors que pour la population « en bonne santé », les tests ont longtemps été réservés aux personnes ayant des signes de gravité. 

  Il n’y pas eu de dépistage national systématique pour les patients dialysés ou greffés (qui aurait consisté à tous les tester, avec ou sans symptômes, sur une période de temps donnée). Cependant, certains centres ont réalisé des tests systématiques sur tous leurs patients dialysés. Ils ont permis de montrer que certains patients dialysés étaient atteints, mais de façon asymptomatique.

Les premiers constats…

  Ce qu’on sait désormais, c’est que les personnes dialysées et greffées :

➡️ N’ont pas plus de risque d’attraper le virus que n’importe qui

➡️ En revanche, si elles sont contaminées, elles ont un risque important de développer une forme grave, nécessitant une hospitalisation, voire un passage en réanimation, et conduisant éventuellement au décès

➡️ Ce qui n’empêche pas qu’elles peuvent aussi avoir des formes légères, ou des formes sans aucun symptôme

➡️ Elles peuvent bien entendu en guérir, et c'est ce qui s'est d'ailleurs produit pour la majorité d'entre elles

Quelle immunité contre la COVID-19 ?

 Nous avons très peu d’information aujourd’hui sur l’immunisation des patients dialysés ou greffés qui ont contracté le virus : on ignore s’ils développent ou non, et dans quelle proportion, des anticorps qui les protégeraient d’une nouvelle contamination, ainsi que la durée de cette protection.

Pour les patients ayant un système immunitaire affaibli, il est possible que cette immunité contre le virus ne se développe pas, ou se développe mal.

En résumé : on ignore aujourd'hui si les personnes dialysées et greffées qui ont eu la maladie et qui en ont guéri en sont désormais protégés.

Des questions analogues se poseront aussi sans doute pour l'efficacité d'un futur vaccin. 

Un taux de mortalité élevé

 Parmi les personnes contaminées par la COVID19, respectivement 351 patients dialysés et 106 patients greffés sont décédés de la maladie, soit un taux analogue de décès de 18%, qui est élevé.

L'évaluation de la mortalité du coronavirus est complexe, notamment car elle nécessiterait de prendre en compte l'ensemble des cas, en particulier les asymptomatiques.

 Dans la population générale, l'Institut Pasteur a évalué la mortalité de la COVID-19 à un peu moins de 1%.

L’une des premières études à prendre en compte l’effet de l’âge a fait l’objet d’une prépublication récente. Fondée sur les données de séroprévalence à Genève, cette étude estime le taux de mortalité à 0,6 % pour la population totale, et à 5,6 % pour les personnes âgées de 65 ans et plus

Des chiffres qui peuvent encore évoluer

Ces taux de mortalité peuvent encore évoluer : les déclarations peuvent être incomplètes et de plus l’évolution de la COVID-19 prend du temps.

 Aux dernières nouvelles, parmi les 1552 patients dialysés contaminés toujours en vie :

➡️ 65% sont guéris
➡️ 4% sont toujours testés positifs mais n’ont plus de symptôme
➡️ 15% sont toujours malades et traités à domicile
➡️ 14% sont encore hospitalisés

De nouveaux décès ne peuvent donc pas être exclus.

Le rôle majeur de l'âge

 Comme dans la population générale, l’âge est un facteur de risque important de décès de la COVID-19 :

➡️ La moitié des patients dialysés décédés avaient plus de 78 ans
➡️ Le quart d’entre eux avait moins de 70 ans
➡️ La moitié des patients greffés décédés avaient plus de 67 ans
➡️ mais le quart d’entre eux avaient moins de 60 ans

Cette proportion de patients "jeunes" (<60 ans) qui décèdent semble donc sensiblement plus élevée que dans la population générale, où plus de 90% des personnes décédées ont plus de 65 ans.

 D’autres facteurs de risque interviennent sans doute : l’obésité, le diabète, etc. Mais, malgré de nombreuses demandes de Renaloo, les données correspondantes ne sont pas publiques et ne nous ont toujours pas été communiquées par l'Agence de la biomédecine à ce jour.

Que s'est-il passé ailleurs en Europe ?

Les données européennes vont dans le même sens que les données françaises, avec des taux de mortalité parfois bien plus élevés dans certains pays :

Pays

dialysés COVID+

transplantés rénaux COVID+

dialysés COVID+ décédés

% de décès en dialyse

transplantés COVID+ 

décédés

% de décès en greffe

dernière mise à jour

Autriche

44

8

12

27%

1

13%

01/05/2020

Belgique Flamande

232

42

49

21%

3

7%

01/05/2020

Italie

1056

218

409

39%

54

25%

20/04/2020

Espagne

1104

535

295

27%

126

24%

04/05/2020

Suède

170

65

40

24%

11

17%

18/06/2020

Suisse

87

 

24

28%

 

 

04/05/2020

Royaume-Uni

3537

398

1024

29%

100

25%

20/05/2020

France

1903

572

351

18%

106

19%

29/06/2020

Total

8133

1838

2204

27%

401

22%

 

Au total, en Europe, sur les données disponibles, les taux moyens de décès sont de 27% en dialyse et de 22% en greffe.

Sources des données :

Conclusion : se protéger, ne pas l'attraper

Ce bilan montre que les inquiétudes sur les risques encourus par les patients dialysés et greffés étaient fondées : ils encourent un risque important en cas de contamination.

Même si nous ne disposons pas des données qui permettraient d'évaluer ce risque selon l'âge et en fonction des éventuelles pathologies associée, le message essentiel à retenir reste inchangé :

⚠️ Il faut éviter d'attraper ce virus, et pour cela il faut s'en protéger, en continuant à prendre les précaussions nécessaires : éviter les contacts et les lieux "contaminants" trop fréquentés, porter un masque chirurgical, respecter les distances et gestes barrières.

> Voir les conseils de Renaloo pour les personnes insuffisantes rénales, dialysées ou greffées

> Voir notre article sur ces données au 20 mai 2020

> Voir notre article sur ces données au 4 mai 2020

> Voir notre article sur ces données au 20 avril 2020

> Voir notre article sur ces données du 14 avril 2020

> Voir notre article sur ces données du 6 avril 2020

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2 Commentaires

  • Merci d’avoir synthétisé toutes ces données bravo pour tout le travail que vous effectuez.
    Pour les greffés et leur système immunitaire déprimé je comprends que le virus aient des conséquences + graves, mais pour les dialysés qui normalement ont un système immunitaire opérationnel (ils ne prennent plus d’immunosuppresseurs) sait-on pourquoi eux aussi ont des complications + grandes lorsqu’ils sont infectés?

  • Merci pour ces données, en effet il semblerait nécessaire d’avoir des données plus précise sur les age pour se faire une idée du surisque. Pour les personne greffé,il serait aussi interessant d’avoir des statistique en fonction du traitement – ciclosporine ou tacrolimus, corticoïdes, ou belatecept.
    Le virus étant parti pour rester et le vaccin encore loin, si des traitements sont moins néfaste celà pourrait être intéressant à suivre.

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