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Dons croisés : un premier triplet, permettant trois greffes rénales, entre Reims et Bordeaux !

L’Agence de la biomédecine vient d’annoncer la réalisation d’un premier « triplet » de greffes rénales issues de donneurs vivants avec dons croisés entre les hôpitaux de Reims et de Bordeaux.

Lorsqu’un donneur vivant est incompatible (groupe sanguin et/ou immunologique) avec son proche malade, le don croisé permet “d’échanger” son rein avec celui d’un autre donneur dans la même situation, mais dont le receveur est compatible avec le donneur de l’autre paire – et vice-versa. 

Le don croisé est autorisé en France depuis 2011, mais la révision de loi de bioéthique de 2021 a fait évoluer le nombre de paires donneur-receveur autorisées de deux à six. L’anonymat entre les paires doit être respecté : les receveurs ne peuvent en aucun cas savoir de qui ils ont reçu le rein, ni les donneurs savoir à qui leur rein a été greffé.

La transplantation simultanée de trois reins représente un défi organisationnel et médical, d’autant que la loi française impose que toutes les interventions soient réalisées « en même temps », dans un délai de 24h. On peut saluer le rôle de l’Agence de la biomédecine et des deux équipes impliquées. 

Un second triplet devrait avoir lieu d’ici la fin d’année 2024. 

En France, les dons croisés restent peu pratiqués : il n’y en a eu que quatre en 2022 et aucun en 2023. 

Lorsqu’il existe une incompatibilité, en particulier de groupe sanguin, entre un receveur et son donneur vivant, on considère parfois que la greffe n’est pas possible (ce qui est inexact), ou bien on propose une greffe « ABO-incompatible ». Ces greffes fonctionnent bien, mais nécessitent des traitements antirejet plus puissants, qui ont un impact sur la santé des receveurs. 

On peut espérer que ce premier triplet marque le démarrage du don croisé en France, avec beaucoup de retard sur certains de nos voisins européens, comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas.

Dans ces pays, l’objectif des dons croisés a évolué : ils ne sont plus limités à l’incompatibilité. Il s’agit désormais d’optimiser la compatibilité en permettant un meilleur appariement, une moindre immunosuppression, de meilleures survies des greffons et des receveurs. Des chaînes de dons sont initiées par des dons “non dirigés”, de personnes volontaires qui choisissent de donner un rein à un receveur anonyme.

✅ Il y a sans doute là de quoi réfléchir à l’évolution des pratiques en France, mais aussi à la grande rigidité de notre loi de bioéthique, qui impose des contraintes bien plus lourdes que dans ces pays : les chaînes de dons sont limitées à six paires donneur-receveur, tous les prélèvements et les greffes doivent être finalisés dans un délai maximal de 24h, et le don non dirigé, altruiste, est toujours interdit. 

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