L’EFG espère atteindre l’objectif du plan greffe dès la fin 2002
L’objectif fixé dans le plan greffe 2001/2003 d’arriver à 20 prélèvements par million d’habitants chaque année devrait être atteint dès la fin 2002, espère le directeur de l’Etablissement français des greffes (EFG).
“Les progrès réalisés en France en matière de prélèvement vont permettre d’atteindre l’objectif fixé pour 2003 dès la fin 2002, c’est-à-dire de passer de 15 à 20 prélèvements par million d’habitants par an”, indique lundi le Pr Didier Houssin, à l’occasion de la journée annuelle d’information et d’échanges organisée par l’EFG à Lyon en fin de semaine dernière.
Cette journée a permis de faire le bilan des actions de communication menées sur le prélèvement et la greffe, sur l’évolution de l’activité de prélèvement et également de réfléchir avec les participants -200 à 250 médecins et infirmiers coordinateurs, spécialistes de sciences humaines- sur la construction de l’opinion et sur les futures actions à mener.
“L’an dernier, le nombre de prélèvements atteignait 1.066. D’après un dernier état des lieux, nous en sommes à 1.064 pour 2002 et il reste encore plus d’un mois, ce qui devrait nous permettre d’arriver à 1.200, soit un taux de 20 par million d’habitants”, précise-t-il.
“Nous avons encore des progrès à faire, mais cette avancée valide l’efficacité des stratégies adoptées”, commente-t-il.
“Comme en Espagne, ce résultat est obtenu grâce aux efforts faits dans les hôpitaux, à la professionnalisation du métier de coordinateur, au renforcement des moyens et aux actions de formation/information”, souligne le directeur de l’EFG.
Le renforcement des ressources humaines prévu par le plan greffe devrait être achevé fin 2003, avec un total de quelque 130 postes supplémentaires pour la coordination du prélèvement (infirmiers ou médecins).
Les progrès français ont pu être constatés au cours du congrès de l’association des coordinateurs européens ETCO (European Transplant Coordinators Organisation) qui s’est tenu vendredi également à Lyon.
Différentes communications de la part d’équipes françaises “ont traduit la mobilisation des hospitaliers”, rapporte le Pr Houssin.
Des travaux épidémiologiques ont été présentés, une étude sur les facteurs associés au refus du don dans l’Ouest de la France, de même qu’une communication sur l’amélioration de la qualité du prélèvement à Chalons-sur-Saône grâce à l’implantation du programme Donor Action dans ce centre hospitalier général, ou encore le réseau de Languedoc-Roussillon REPRELAR (cf dépêche APM du 6 novembre).
“Il existe une dynamique dont on voit les effets”, se félicite le directeur de l’EFG.
“Les Espagnols restent les plus efficaces avec un taux qui dépasse 30 prélèvements par million d’habitants. Mais les progrès réalisés par la France sont très encourageants pour les pays voisins -comme l’Allemagne qui en est encore à 13 ou 14 ppm- car ils montrent que l’on peut obtenir une progression importante grâce à une méthode analogue à celle de l’Espagne”.
D’autres présentations ont prouvé l’intérêt d’une bonne coopération hospitalière, notamment en Belgique. Comparant différents systèmes européens, Frank Van Gelder de l’hôpital universitaire de Louvain a expliqué que la réussite reposait sur une association de facteurs favorables dont la législation, le nombre de lits en unité de soins intensifs ou le système d’identification des donneurs.
Une coordination nationale centrée sur le donneur n’est pas la seule solution pour augmenter le nombre de donneurs d’organes, mais il apparaît plutôt que la pierre angulaire d’un système optimal repose sur un dépistage approfondi et une structure d’organisation bien implantée dans les régions et localement dans les différents hôpitaux, a-t-il ajouté, prenant l’exemple de son pays.
Une équipe polonaise a insisté sur l’importance d’un travail suivi sur plusieurs années en matière de formation, de relations entre professionnels impliqués et de financement.
Les Italiens, de leur côté, ont pu passer de 6 à 17 prélèvements par million d’habitants au cours des dernières années, certaines régions se situant entre 20 et 35 ppm, grâce à une meilleure organisation et à une approche plus collective qui “crée une famille de la greffe”. A l’inverse de la France où la séparation prélèvement/greffe a été privilégiée, les Italiens tirent bénéfice de la dynamique de l’activité de greffe pour motiver les équipes au prélèvement, rapporte Didier Houssin.
UNE REFLEXION SUR LES PERSONNES A COEUR ARRETE
Pour la France et les autres pays européens, l’Espagne reste toujours le modèle et son expérience montre la voie à suivre, notamment sur les donneurs à coeur arrêté.
Francisco del Rio Gallegos de l’hôpital San Carlos de Madrid a présenté les résultats 13 ans après la mise en place d’un protocole spécifique pour le prélèvement sur les donneurs à coeur arrêté. Sur 328 donneurs potentiels à coeur arrêté morts chez eux ou dans la rue d’un arrêt cardiaque soudain, 263 reins ont été prélevés, 28 foies, 6 poumons et des tissus (os, cornées, tissus tendineux, îlots de Langerhans, vaisseaux, nerfs, valves cardiaques).
Les reins obtenus sont de bons reins par rapport à ceux obtenus à coeur battant. En revanche, les foies, malgré une optimisation des critères de sélection, ne sont pas encore bons. Le programme spécifique des poumons vient d’être mis en place.
“Nous devons aussi y réfléchir en France”, estime le directeur de l’EFG. “Face à des patients en arrêt cardiaque, il faut bien sûr tout faire pour les sauver, mais aussi pouvoir s’orienter vers le prélèvement en cas d’échec. Cela demande une étude juridique, éthique et de revoir différents aspects techniques d’organisation. C’est l’un des projets à développer”, ajoute-t-il.
Par ailleurs, des Allemands ont tenté d’améliorer le soutien aux familles de donneurs d’organes grâce à une prise en charge systématique. En France, cela se fait davantage à la demande, selon une évaluation des besoins faite par les équipes de prélèvement.
Au cours de cette réunion européenne, il a aussi été question des conséquences pratiques de l’âge plus avancé des donneurs, en particulier des précautions à prendre pour ne pas compromettre les résultats de la greffe.