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Sujet
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Ceci est le début d’une écriture en commun, initiée il y a quelques années sur un autre Forum… le but était de démarrer une “nouvelle” puis de passer le relais à d’autres pour écrire la suite… une sorte de “Cadavre exquis” littéraire.
J’ai retrouvé ce début dans mes archives… il ne compte que 3 chapitres, avec 3 intervenants différents (on avait de droit de revenir quand on voulait pour reprendre la suite)
Le texte se voulait volontairement “absurde” et surréaliste… surtout loufoque ! évidemment cela n’a rien à voir avec l’IRC , mais ça peut le devenir, en fonction de l’avancement du récit.
Si cela vous intéresse, c’est libre d’accès… le tout étant de rester dans le fil de l’histoire en tenant compte à chaque fois des chapitres précédents.
Si quelqu’un veut s’y coller ?
Il suffit d’avertir par un court message que c’est vous qui prenez le relais en attendant la parution, afin d’éviter les télescopages !
A vos plumes !
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Chapitre 1 : BouzouNouvelles du pays d’Absurdie
* *
L’ANPE
Cette fois-ci, ça y était ! Je me retrouvais bel et bien au chomedu !
Faut dire que je m’y attendais ! Jérôme le fataliste ! Je ne bossais que depuis deux ans dans le dernier puits de mine de Bronxite, le seul qui était resté en exploitation après la fermeture inexorable de tous les autres. Tous, les uns après les autres, justement ! Il ne fallait pas être devin pour s’attendre à ce que celui là finisse par subir le même sort !
Et bien, voilà qui était fait.Et moi, pauvre Jérôme Bleth, à me retrouver sur le carreau, comme les 360 camarades !
Bien que pour moi, avec ma “spécialité”, j’avais sûrement un peu plus de mouron à me faire que les collègues pour pouvoir me recaser…– Oui ! Bonjour Monsieur ! Quelle est votre qualification ?
– Euh ! Je suis “Amuseur de galeries” ! Je travaillais à la mine de Bronxite de Montsoult… Celle qui vient de fermer…Tu peux être certain du résultat… Et du succès ! Une telle spécialisation ! Alors qu’il n’y avait plus de galeries ! Même pas une toute petite à amuser… Il fallait bien me résoudre à l’évidence, j’avais sérieusement besoin d’une reconversion…
Et dans ces cas là, que fais t’on en premier ? On va, comme tout le monde, pointer à l’ANPE du coin, histoire de faire jouer les allocs et, sans trop d’illusions, peut être de retrouver un nouveau boulot ! ?
Espoir !
Je rentre dans le hall… Presque personne…
Ca c’est plutôt bon parce que je suis pas fana de faire la queue !
Des panneaux sont disposés tout autour et en plein milieu du hall, et sont constellés de petites affichettes proposant les différentes offres d’emplois n’ayant visiblement pas encore trouvées preneur…
Je me dirige vers l’un d’entre eux et commence à déchiffrer, d’un coup d’œil rapide, les seuls qualifications requises, celles-ci, calligraphiées en gras, ressortant clairement du détail de chaque fiche.En vrac, je répertorie les offres suivantes :
Réparateur de torts
Coinceur de bulles
Métreur aux poings
Pisseur de copies
Suceur de roues
Régleur à l’amiable
Parapheur de marginalité
Scieur d’ambiance
Cambreur dans le Bas-Rhin
Faiseur d’esprit
Empêcheur d’Islande
Afficheur de moues
Broyeur de noir
Polisseur de mots
Accordeur d’attentions
Troueur d’ozone
Ouvreur de voies
Remontreur de bretelles
Souffleur d’enclumes
Tourneur de mayonnaise
Enlumineur de lampadaires
Emballeur de boudins
Boucheur d’émeri
Jeteur de dévolus
……………….
J’en passe et des meilleures….C’est bien ce que je pensais ! Me voilà mal barré !
Bon, n’insistons pas ! Allons plutôt vers ce guichet où la face peu amène de cette blondasse, aux lunettes de taupe et aux dents de castor, grimace déjà de lassitude en me voyant me pointer. Encore une qui devait exulter au boulot !
Ne t’énerve pas, mon petit Jérôme ! Garde ton calme ! Sois patient ! De toute façon, tu n’as plus que ça à faire !…===============================================
Chapitre 2 : NinaJe prends la mine “chômeur-quémandeur-humble-poli-soumis” (Excusez-moi de vous demander pardon, charmante et accorte hôtesse de cet établissement gouvernemental dédié au retour de l’épanouissement social des ex pauvres travailleurs laissés sur le bord du chemin d’une Société rude mais néanmoins clémente…)
– Bonjour, chère Madame ! lui susurres-je de ma plus douce voix de baryton dièse à la clé, avec un sourire juste ce qu’il faut d’un mélange de respect et de béatitude provoqués par le simple fait d’avoir l’honneur de lever mes pauvres yeux sur ce “chef d’œuvre” éblouissant, représentation, inespérée en ces lieux, des plus dignes canons de la féminité.
(N’en fais comme même pas trop, mon petit Jérôme ! Des fois qu’elle soit allergique aux stimuli sensoriels du “mâle-prédateur-dominant-aventurier” !)– Ouuaaiihh ? ! Vous avez rempli le formulaire Acedoc N° 42859-A316bis* ? Sinon, c’est pas la peine de venir au guichet les mains vides, j’ai pas de temps à perdre moi, que je suis débordée de travail et que je suis toute seule aujourd’hui, que le chef est en stage et que ma collègue est en congé maladie !…
Malgré ce ton peu aimable et digne d’une marchande de Browznofs, résultat d’une trop longue habitude et quasi réflexe de réponses stéréotypées, son geste furtif de relever, d’une main preste, la mèche de cheveux filasses qui lui barrait le front et celui de redresser son buste maigrichon, me font penser que mon message “subliminal” a malgré tout atteint son but.
Un kador, le Jérôme ! Chômeur, certes, mais toujours aussi efficace avec ces dames !– Le formulaire Acemachin-truc ? Ah bon ? Et où quoi-est-ce que je trouve cette merveille de l’efficacité technographique ?
– Vous avez pas vu, sur le présentoir, à l’entrée ? Ah ! Vous êtes bien tous les mêmes ! Vous savez pas lire ou quoi ? !Ah ! L’adorable créature ! La séduisante gorgone ! Que si je ne faisais pas d’efforts désespérés pour contenir le feu que je sentais sourdre en moi, que je bondirais comme un félin souple et puissant pour sauter par dessus ce foutu comptoir afin de me la prendre toute ! ! (Non, j’déconne ! ! !)
Bon, alors ! Ce foutu papier ! Quel bazar ce présentoir ! Tout est mélangé, un vrai soukoir ! Alors, qu’est-ce qu’elle m’as dit déjà, l’autre “déesse-bureautik” ? Numéro ? 428.. 5.. ? Non, c’est pas celui là… Ah ! Le voilà ! : “Demande d’obtention de la requête du droit d’adhésion à l’autorisation d’approbation du pouvoir à l’inscription du recours de la possibilité de recevabilité de la sollicitation d’une allocation d’indemnités de chômage – sous-titrée : Sous réserves de vérifications du bien fondé des renseignements fournis par le postulant. Et, en caractères minuscules, quasiment illisibles : La loi rend passible d’amende et/ou de bannissement, quiconque se rend coupable de fraudes ou de fausses déclarations (Loi n° 75-128 du 13 brumôse 2027)
Brisemiches ! Décidément, tu aurais vraiment mieux fait de rester au pieu ce matin, mon pauvre Jérôme !…
Allez ! En avant pour la galère de remplir ce fichu papelard !================================================
Chapitre 3 : Wizard31Au début, les questions sont simples : le nom, le prénom, date de naissance, lieu de résidence, etc… ? Rien de bien sorcier dans tout ça.
Finalement, ça allait peut-être être plus rapide que prévu !Mais une fois la page de garde remplie, mon enthousiasme se refroidit immédiatement !
Les questions arrivent pêle-mêle :
1. Jouez-vous à la loterie nationale ?
2. Etes-vous aimé par vos voisins ?
3. Avez-vous un animal domestique ?
4. Avez-vous une télévision ?
5. Souhaitez-vous retravailler ?
6. Que pensez-vous du formulaire Acedoc N° 42859-A316bis* ?
7. Et de sa variante A3XX ?
8. Proposez une nouvelle appellation pour l’ANPE.Des questions dans ce style là, il y en avait 3 pages. Nul doute que si je voulais faire ça sérieusement, ça me prendrait plusieurs heures ! Et “sérieusement” était un terme que je manipulais difficilement !
Mais de toute façon, qu’avais-je de mieux à faire ?Je prends mon courage à deux mains, l’empêchant par la même de s’enfuir de la salle, et me met à l’écriture.
“Oui… Peut-être… Juste un escargot de course… Oui… Si possible ?..”Après 2 heures de dur labeur, j’arrive enfin aux dernières questions :
– Qu’avez vous déjà exercé comme métier ?
Sous cette question j’écris :
“J’ai travaillé dans le public, en tant qu’amuseur public, mais comme je n’amusais personne, j’ai été viré. Quand j’ai vu l’offre d’emploi pour la mine de Bronxite, j’ai tout de suite foncé !
Quand j’ai lu “Amuseur de galerie”, je pensais que ce n’était pas un métier pour moi. N’ayant pas réussi à faire rire les gens normaux, je ne voyais pas comment j’allais m’en sortir avec les mineurs, surtout dans des mines en fin de carrière (une de mes meilleures blagues ….) ! !.
Je fut particulièrement surpris lorsqu’on m’expliqua la nature réelle du boulot !A l’arrivée dans la coalition gouvernementale des ultra-écolophiles, l’exploitation “brutale et inhumaine” des ressources terrestres avait été interdite. Pour remédier à ça, et pour employer les milliers de personnes en quête des allocations-chômage, on avait inventé des nouveaux métiers ! Les amuseurs publics étaient chargés de faire rire les galeries aux fond des mines, pour qu’elles produisent plus, et sans intervention mécanique. La tâche n’était pas bien aisée, mais une fois qu’on avait compris la philosophie du terrain, elle était redoutablement efficace sur les filons de Bronxite !
Tellement efficace que toutes les mines fermèrent les unes après les autres, les galeries usées par les crises de fou rire incessantes et la surexploitation qu’elles amenaient.
C’est ainsi qu’hier, ma galerie s’est arrêtée de rire, et que la mine a fermé.”Revenir sur ces 2 années glorieuses de sa vie m’arrache presque une larme. Mais je me retiens, je n’étais quand même pas devenu une tafiotte ! J’étais tombé bien bas, mais pas à ce point !
(NDLR : Le métier de tafiotte fut créé durant les mêmes années que celui d’amuseur de galerie. Ils étaient chargés de récolter la tristesse du monde, en se baladant avec leur bâton dans les rues. Un métier ingrat, qu’on ne choisissait pas par passion, mais plutôt par désespoir ? )La dernière question était la plus dure :
– Que voulez vous faire comme métier maintenant ?
Initialement je comptais mettre ‘Amuseur de métro’, ou un métier ‘normal’ dans le genre.
Mais j’en avais tellement marre de ce formulaire que j’écris négligemment : “Président”
Et je me redirige vers le guichet…===============================================
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