Grandes inquiétudes pour le plan greffe

📢 Ce 4 avril 2023 avait lieu le premier comité de suivi du plan greffe 4, organisé par l’Agence de la biomédecine.

Nous souhaitons saluer cette démarche, qui a permis à l’ensemble des acteurs – professionnels, institutionnels, patients – de partager leur volonté commune de faire progresser le don et la greffe en France, et de hisser notre pays à la hauteur des meilleures pratiques européennes.

Notre association est pleinement mobilisée sur ce projet, qui est crucial pour l’avenir de la prise en charge de l’insuffisance rénale en France.

Nos équipes de référents régionaux interviennent au plus près du terrain, auprès des équipes de prélèvement et de greffe, des ARS, des représentants de l’AbM, des autres associations de patients. Un objectif : porter la voix des malades du rein, devenir des interlocuteurs naturels, interagir avec les équipes hospitalières de prélèvement et de greffe pour identifier leurs difficultés, contribuer à ce qu’elles soient entendues et résolues, s’assurer que les moyens prévus sont utilisés de façon adaptée et que les objectifs sont atteints.

✅ Plus d’un an après le lancement du plan, Renaloo souhaite alerter sur les constats réalisés, qui sont alarmants :

• Le taux d’opposition au prélèvement, déjà très élevé en 2022 (33%), est passé à 37% sur les premiers mois d’année 2022 (inférieur à 15% en Espagne, supérieur à 50% en Ile-de-France).
• Certaines équipes de greffe nous alertent sur les choix des internes en néphrologie, qui se détournent massivement de la transplantation, au profit de la dialyse, mieux rémunérée et aux horaires fixes. Ces « orientations » sont particulièrement alarmantes.
• Les fermetures de blocs, faute d’IBODE en nombre suffisant, pénalisent considérablement l’activité dans de nombreux établissements et font d’ores et déjà courir le risque d’un décrochage des couloirs de croissance prévus par le Plan.
• L’activité de greffe de donneurs vivants, dont la progression est un des principaux objectifs du plan, reste tractée par quelques équipes extrêmement engagées – quand d’autres n’en réalisent aucune.
• Son développement est aussi fortement entravé par ces difficultés logistiques. Par exemple, faute de bloc opératoire disponible, les patients du service de transplantation rénale de Toulouse ayant un donneur vivant se voient proposer des délais d’attentes excédant parfois 18 mois, alors que leur greffe pourrait – et devrait ! – être réalisée immédiatement.

En cette période de crise majeure de l’hôpital, la priorité nationale attribuée par la loi à la greffe ne semble lui conférer aucun « droit » visible ou lisible particulier sur le terrain. Par exemple, elle ne figure pas parmi les priorités identifiées par les grands CHU dans leurs plans stratégiques.

Le caractère transversal de la greffe, et le fait qu’elle ne puisse être réalisée qu’en CHU, l’exposent à souffrir plus que tout autre spécialité médicale ou chirurgicale pouvant fonctionner de manière plus autonome ou être déportée dans d’autres structures.

Alors que ces constats auraient dû conduire à la sanctuarisation de la transplantation d’organes, elle se trouve dans les faits en concurrence quotidienne avec d’autres activités et chirurgies. Les choix correspondants, fréquemment à ses dépens, reposent sur les directions des CHU, sur lesquels ni les ARS, ni l’AbM, n’ont d’autorité.

Le moment est crucial.

Si le Plan Greffe ne parvient pas à « renverser la vapeur », en faisant de la greffe une réelle priorité, son effondrement sera inévitable à court terme. Le nombre de transplantations rénales chutera rapidement, et les patients seront déportés massivement vers la dialyse, comme c’est déjà le cas en Grèce, en Allemagne ou en Italie.

🚨 La qualité de leur prise en charge, leurs espérances de vie et leurs qualités de vie seront seront profondément altérées, tandis que les coûts associés pour notre système de santé glisseront mécaniquement de 4 vers 5 puis 6 milliards d’euros par an.

✅ Renaloo appelle à nouveau à un signal politique fort en faveur du développement de la greffe, et à des mesures urgentes et indispensables pour éviter une telle situation et ses conséquence dramatiques pour les patients comme pour notre système de santé.

Rejoindre les équipes de référents de Renaloo pour militer à nos côtés sur le plan greffe