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La naissance du bébé cloné n’est pas confirmée scientifiquement

7 janvier 2003, Le Quotidien du Médecin

La société raélienne Clonaid, qui a affirmé avoir mis au monde le premier clone humain, a décidé de repousser les tests ADN destinés à prouver la réalité de cette annonce. Les parents du prétendu bébé, la présidente de Clonaid, Brigitte Boisselier, ainsi que le gourou Raël font l’objet d’une plainte civile aux Etats-Unis.
L’information n’en est pour l’instant qu’au stade de la rumeur : la présidente de la société Clonaid, Brigitte Boisselier, a affirmé qu’un deuxième bébé cloné naîtra ces jours-ci en Europe. Le premier bébé clone de l’histoire, appelé Eve, serait, selon elle, venu au monde à la fin du mois de décembre mais les prélèvements d’ADN qui devaient avoir lieu pour prouver que ce bébé est bien un clone ont été repoussés.

« Il n’est pas encore certain qu’ils aient lieu », a-t-elle dit en se retranchant derrière le refus probable des parents qui craignent des poursuites judiciaires. Les parents d’Eve, ainsi que Brigitte Boisselier et Raël, gourou de la secte des raéliens fondatrice de la société Clonaid, sont en effet convoqués pour une audience préliminaire le 22 janvier devant la justice de l’Etat de Floride.

Cobaye humain

Bernard Siegel, l’avocat à l’origine de la plainte civile, a demandé que la garde du supposé bébé cloné soit retiré aux parents, au motif que l’enfant est exploité, fait l’objet de mauvais traitements et qu’il pourrait souffrir de troubles génétiques graves. Dans sa plainte, il affirme que le bébé est un « cobaye humain », objet d’une « dangereuse expérience médicale ». Il réclame à la justice qu’elle ordonne une expertise médicale pour déterminer son état de santé.
« Nos établissements en Corée du Sud ont été investis par la police avec beaucoup de fracas, la FDA (l’Agence fédérale pour la sécurité alimentaire et pharmaceutique américaine) est entrée dans certains de nos locaux à Las Vegas, a indiqué Brigitte Boisselier. Une demande a été déposée en Floride, je crois, pour que l’enfant soit retirée à la mère, donc ça fait beaucoup d’accumulations pour les parents qui sont rentrés chez eux et qui veulent juste avoir la paix et vivre bien avec leurs enfants ». Si rien n’est moins sûr aujourd’hui qu’il existe un bébé cloné, la société Clonaid a pris toutefois un avantage médiatique certain devant son concurrent italien, le Dr Severino Antinori, qui avait annoncé la naissance, pour début janvier, d’un bébé par clonage.

Unanime dans la condamnation du clonage reproductif, la communauté internationale a toutefois une part de responsabilité dans cette histoire en restant divisée sur l’opportunité d’une convention internationale interdisant le clonage humain à des fins reproductives. Le blocage découle de l’opposition entre les partisans d’une interdiction immédiate du clonage en tant que méthode de reproduction à ceux qui, comme les Etats-Unis, veulent que soient interdites toutes les pratiques du clonage humain y compris celle à but thérapeutique. A la mi-décembre, le président Jacques Chirac a appelé les Nations unies à interdire « au plus vite » le clonage humain reproductif. Quant au ministre de la Santé, il a également proposé de créer, dans le cadre de la révision de la loi bioéthique, un « crime contre la dignité de la personne humaine » pour sanctionner le clonage à but reproductif.

Stéphanie HASENDAHL

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