Le rejet de greffe visualisé en direct
Le rejet de greffe visualisé en direct
Grâce à une technique originale de microscopie, des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Inserm ont pour la première fois observé in vivo et en temps réel le processus du rejet de greffe. Un “ballet” entre les cellules immunitaires du greffon et du receveur, jamais démontré auparavant, qui contribue à la réaction à l’origine du rejet et pourrait suggérer de nouvelles pistes pour optimiser les chances de réussite d’une greffe.
Le rejet d’une greffe résulte de l’attaque du greffon par le système immunitaire du receveur. Un risque seulement partiellement maîtrisé aujourd’hui chez l’homme grâce aux traitements immunosuppresseurs visant à réduire les défenses immunitaires du patient.
Pour visualiser ce processus de rejet in vivo, les chercheurs ont utilisé une technologie de microscopie très puissante, permettant de filmer en direct et de manière non invasive les processus cellulaires chez l’animal. L’observation a été faite pour la première fois sur un modèle murin de greffe de peau, au niveau de l’oreille. Voir la vidéo.
On savait déjà que des cellules du greffon participaient au processus de rejet. L’étude des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Inserm(1) révèle ici que les cellules du receveur participent également au phénomène en retour et de manière particulièrement efficace, en capturant des antigènes du donneur et en les convoyant jusqu’aux cellules tueuses. Il s’agit en quelque sorte d’une “chorégraphie cellulaire” ayant pour but le rejet du greffon par l’organisme.
Ces travaux publiés dans Nature Medicine soulignent l’intérêt thérapeutique que pourrait présenter la mise au point de traitements anti-rejet fondés sur le blocage du flux aller-retour de ces cellules. Ils pourraient ouvrir de nouvelles pistes pour optimiser les thérapeutiques immunosuppressives et favoriser le succès des techniques de greffe.
(1) Unité Inserm 668, unité Inserm 818 (Paris)
Celli et coll. “Visualizing the innate and adaptive immune responses underlying allograft rejection by two-photon microscopy” Nature Medicine, 15 mai 2011