«Reins» : Encourager la transplantation
20 janvier 2005, Aujourd’hui le Maroc
La transplantation en est encore à son plus faible niveau au Maroc. «Reins» est une association qui vient de voir le jour et qui se mobilise afin de venir en aide, moralement et financièrement, aux malades.
Problème                      de santé majeur, l’insuffisance rénale                      chronique (IRC) est plus qu’une maladie. C’est un                      véritable calvaire et seules les personnes qui en sont                      atteintes savent de quoi il en ressort. Leur vie, si l’on                      peut se permettre de la qualifier de « vie »,                      ne se résume plus qu’à des séances                      interminables passées dans les centres de dialyse.                      Encore faut-il en avoir les moyens. Travail, scolarisation,                      grossesse, loisirs, intimité, jusqu’au sourire,                      tout se perd dans les méandres de la maladie.
Face à ce qu’endure toute une frange de la société,                      « Reins » est une association qui vient de se                      constituer tout récemment, dans l’optique de contribuer                      à atténuer les outrages de la maladie. Information                      de l’opinion publique sur la maladie ; contribution à                      la formation et à l’information sur la dialyse                      et la transplantation rénale ; aide à l’insertion                      et à la réinsertion et apport d’aide financière                      : telles sont les grandes lignes auxquelles «Reins»                      envisage de se consacrer. Aussi, l’encouragement de la                      transplantation rénale est le grand défi à                      relever pour la toute jeune association. « L’insuffisance                      rénale chronique constitue un problème de santé                      publique dont la résolution nécessite de plus                      en plus de moyens. Ce qui rend la tâche davantage difficile                      pour des pays comme le Maroc, où les moyens font encore                      défaut. Aussi, la problématique de la prise                      en charge se pose avec acuité. Surtout lorsque cette                      même problématique s’accompagne d’énormes                      soucis d’ordre médical, social et économique                      », souligne le professeur Amal Bourquia, néphrologue                      et présidente de l’association « Reins ».
La présidente de « Reins » est, à                      ce propos, bien placée pour pouvoir parler de l’IRC                      et des enjeux relatifs à la situation au Maroc. En                      effet, diplômée du Certificat national de néphrologie                      de la Faculté de médecine René Descartes                      de Paris, Amal Bourquia a participé à la mise                      en place et au développement de la dialyse périodique                      et au démarrage de la transplantation rénale                      au Maroc. Elle est, par ailleurs, l’auteur de plusieurs                      ouvrages sur la question.
Du haut de son expérience et en vertu de ses connaissances                      du sujet, Amal Bourquia milite pour donner un véritable                      coup de fouet à la transplantation au Maroc. À                      noter que seule la transplantation est à même                      de rendre au malade une vie normale. Mais, dans ce dessein,                      beaucoup de chemin reste à parcourir et les embûches                      ne manquent pas.
Sur le terrain, rares sont les établissements, exclusivement                      publics, autorisés à pratiquer la transplantation.                      A ce propos, Amal Bourquia met en avant la performance de                      la médecine privée et déplore que celle-ci                      en soit exclue. La rigidité de la loi sur cette question                      puise sa légitimité dans une volonté                      de contrôler cet aspect de la médecine, qui fait                      l’objet d’une convoitise vorace de la part des trafiquants                      d’organes dans le monde. En ce sens, la loi insiste également                      sur le fait que les donneurs autorisés doivent être                      apparentés (frère, sœur, parents…),                      afin d’éviter toute « transaction ».
« Reins » met également en exergue l’intérêt                      du recours à des donneurs en état de mort cérébrale,                      pratique autorisée par la loi marocaine mais non appliquée.                      Il n’est pas difficile de comprendre l’aspect antagonique                      d’un tel recours : sauver la vie d’une personne                      par la mort d’une autre. Il faut aussi reconnaître                      les obstacles religieux et sociaux au prélèvement                      d’organes sur une personne décédée.                      La question relève d’une certaine sacralité                      et la violation de l’intégrité du corps,                      puis sa mutilation, sont autant d’entraves à cette                      pratique. «Il faudra transformer l’acte de dépossession                      du corps du parent, à qui l’on prélève                      des organes, en un acte de générosité                      et de noblesse», estime Amal Bourquia. Celle-ci espère                      parvenir à lever ce tabou incommensurable, mettant                      en relief le nombre de morts, se comptant par milliers, que                      font les routes marocaines et l’utilité de pouvoir                      faire des prélèvements sur eux, insistant sur                      «le tact et le respect» qui doivent prévaloir                      lors de l’approche des parents de la victime.
Lorsque l’on saisit les contraintes de la dialyse, l’on                      saisit, également, la dimension salutaire de la transplantation.                      La dialyse coûte excessivement cher et l’on ne                      parvient à traiter qu’une petite quantité                      de sang par séance. Plusieurs passages par le dialyseur,                      par semaine, d’une durée pouvant aller jusqu’à                      5 heures, sont obligatoires pour faire le travail du rein.                      En parallèle, un traitement médical et un régime                      alimentaire strict sont à observer, sachant, dans le                      meilleur des cas, que la survie se situe entre 20 et 25 ans.
Amal Bourquia précise que « La dialyse, avec                      son lot de consultations, hospitalisations et traitements                      stricts, bouleverse la vie du patient et de son entourage.                      C’est un vrai handicap dans la vie quotidienne, avec                      une diminution des sorties, loisirs et vacances ( ) et aussi                      dans la vie professionnelle, car la dialyse, dont les séances                      sont longues et fréquentes, implique souvent une cessation                      d’activité. »
 
                             
                             
                                                                         
                                 
                 
                      
                      
                      
						 	  
 
          
                  
                
                   
                   
                  