Maladie du greffon : des lymphocytes à la rescousse
9 décembre 2003, Sciences et Avenir
Lors d’une greffe d ’organe, il arrive souvent, malheureusement, que le corps hôte rejette le corps étranger. Il existe certains traitements pour diminuer ce risque, mais pas toujours suffisamment efficaces. Depuis longtemps les médecins se penchent sur ce sujet pour trouver la technique miracle. Des chercheurs français ont peut-être enfin découvert une thérapie qui utilise une sous population de lymphocytes T.
La maladie du greffon, souvent mortelle, se manifeste lorsque les lymphocytes T, cellules du système immunitaire, ne reconnaissent pas le tissu greffé comme appartenant à l’organisme, considérée comme étrangère, la greffe est attaquée.
C’est en 1995, que des chercheurs ont découvert des lymphocytes T dits « régulateurs» capables d’inhiber l’action destructrice des lymphocytes T et donc de prévenir les maladies auto-immunes. José Cohen et ses collègues de l’Inserm se sont intéressés à ces cellules immunitaires particulières, qui pourraient éviter les rejets lors des greffes.
L’année dernière, José Cohen a montré les bénéfices de l’injection massive de «régulateurs» chez des souris greffées. En effet, chez ces dernières, les chercheurs avaient observé un ralentissement de la maladie du greffon.
Les nouveaux travaux de José Cohen, publiés dans la revue Journal of Clinical Investigation parue la semaine dernière, consistent à familiariser in vitro les lymphocytes «régulateurs» du receveur avec les tissus du donneur. Ainsi lors de la greffe, les «régulateurs» reconnaissent le corps implanté et le protégent de l’attaque des autres cellules du système immunitaire.
L’étude de José Cohen montre que les «régulateurs» sont non seulement capables de contrôler la progression de la maladie, mais aussi de rendre les autres lymphocytes moins agressifs et ainsi la greffe a plus de chance de réussir. Cette découverte pourrait ouvrir la voie vers de nouveaux traitements et ainsi éviter les rejets.
Olivier Frégaville-Arcas