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Profil : Malade, greffé, ressuscité

24 juillet 2003, Le Monde

“Mon nouveau cœur, je l’ai intégré assez rapidement. Je n’ai pas eu le temps de me poser vraiment des questions. L’autre était à bout. Mais celui qui bat là aujourd’hui, ça reste mystérieux en moi.” A 49 ans, Michel Mougins a l’impression que la vie lui a donné une seconde chance. “C’est bizarre, c’est la vie qui continue, mais c’est un nouveau départ.”

Inscrit aux épreuves de cyclisme, de bowling et de tir à la carabine des Jeux mondiaux des transplantés, ce passionné de trial originaire de Montbéliard (Doubs) a appris à être sage et à ménager son cœur. “Avant je travaillais beaucoup, la construction de la maison, tout ça m’a épuisé et puis j’étais malade.”

Greffé début 1997, Michel était responsable d’un atelier d’outillage de presse dans l’automobile. Il souffrait d’une cardiomyopathie d’origine inconnue qui avait emporté son père. Les jeux à Nancy, c’est un peu un pèlerinage. “J’ai passé toute mon enfance à rendre visite à mon père à l’hôpital de Nancy. Lui est mort de sa maladie de cœur en 1967. Il disait toujours qu’il mourrait dix ans trop tôt.”

C’est littéralement “au bout du rouleau” et avec une tension qui avait chuté à 5 que Michel Mougins est descendu au bloc opératoire, dans l’urgence. “Je crois bien que j’ai été prioritaire. Ce nouveau cœur, cette greffe, c’est un bonus, alors je me suis dit que j’allais tout faire pour les mériter et en prendre soin. Le cyclisme, le sport, c’est avant tout pour me faire du bien. Je ne pousse jamais l’effort à l’extrême.”

Un travail aménagé, plus de temps pour la famille et le monde associatif, il a repris pied un peu timidement, au départ, dans la vie. C’est comme s’il avait eu peur d’user son nouveau cœur, de l’abîmer. Plus il était mal, plus il faisait attention et moins il avait d’énergie. “Au début, tout ça c’était un peu difficile à digérer. Malade, greffé, ressuscité. C’est par le sport et grâce à l’association Trans-Forme -Association fédérative des sportifs transplantés et dialysés- que j’ai surmonté l’épreuve.”

Petit à petit, Michel Mougins s’est affermi. Il relativise les épreuves du quotidien. Le matériel est passé au second plan. Ses victoires, c’est gagner de l’altitude en montagne, remonter sur sa moto de trial “gentiment”, et faire 20 kilomètres à vélo à “un rythme que certains bien portants ne tiendraient pas”. L’œil rivé sur son cardiofréquence-mètre. Le seul qui commande son effort.

Mo. R.

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