Qui sont les patients chercheurs d’information ?
Qui sont les patients chercheurs d’information ?
L’équipe de Jean-Paul Moatti (INSERM-IRD-Université de la Méditerranée) a tenté de mieux cerner les patients à la recherche d’informations médicales en exploitant une enquête réalisée en 2004 par la DREES et l’INSERM recensant l’ensemble des adultes français vivant en France atteints de cancer.
Plus de 4 000 personnes ont été interrogées à deux ans de leur diagnostic. Les résultats ont permis de distinguer trois profils spécifiques de patients chercheurs d’information, sachant que ceux qui ne développent aucun comportement de recherche spécifique représentent la tendance générale (72,6 %).
- Le premier profil spécifique est celui des chercheurs d’information « typiques » (12,5 %), pour lesquels le médecin généraliste reste la principale source d’informations, avant les patients et les associations de malades du cancer.
Deux tiers d’entre eux recherchent une information complémentaire dans différents médias et un quart demandent un second avis médical avant de démarrer le traitement.
Il s’agit du profil qui fait appel au plus grand nombre de sources d’information, notent les auteurs.
- Deuxième profil, celui des chercheurs d’information « contraints » (12,5 %). Ce sont les seuls patients qui n’ont pas comme principale source d’information un professionnel de santé chargé de leur dossier.
Leur première source est constituée par les médias (62,5 %) et un second avis médical (22,1 %).
Seulement un quart (26 %) de ces patients recherchent de l’information auprès de patients ou d’associations. Ce profil mobilise le plus faible nombre de sources d’informations et leur recherche est essentiellement motivée par leurs difficultés de communication avec les équipes médicales.
- Troisième profil : les « initiés » (2,5 %), qui sont eux-mêmes des professionnels de santé ou dont un membre de la famille est de profession médicale.
Deux tiers de ces patients se réfèrent à leur généraliste ou à des spécialistes pour disposer d’informations et plus d’un tiers (35,3 %) utilisent les médias. Un sur 10 (10,7 %) se tourne vers des associations.
Contrairement aux chercheurs « typiques » et « initiés », qui appartiennent à des catégories socioprofessionnelles élevées, les chercheurs « contraints » présentent davantage de difficultés financières, ont un niveau d’études moins élevé et sont plus souvent sans emploi ou se situent en bas de l’échelle des catégories socioprofessionnelles.
La grande majorité (89 %) des non-chercheurs sont satisfaits de l’information qui leur est dispensée durant leur traitement.
Les « contraints » sont les moins satisfaits (69,8 %). Et si 31,5 % des patients interrogés disent avoir pleinement participé au choix de leur traitement, les « contraints » sont aussi ceux qui déclarent avoir le moins participé à ce choix (46,5 % considèrent n’avoir pas du tout participé).
Pour les auteurs, il y a, dans cette étude, « un message important sur les efforts à fournir pour rendre l’information accessible, en particulier dans un système de santé qui prône l’accès aux soins pour tous et dans lequel le patient est mis au cœur de la problématique médicale et des décisions qui le concernent ». Ainsi, estiment-ils que « les équipes médicales devraient prêter une attention particulière à la manière de mettre à disposition des patients à faible niveau d’étude ou de classe sociale peu élevée l’information médicale les concernant ».
On peut sans doute regretter l’ancienneté des données, qui ne permet pas de mesurer le rôle croissant d’internet dans la recherche d’information santé. L’accessibilité croissante des nouvelles technologies modifie sans aucun doute le paysage, les comportements et les sources d’informations des patients… Et probablement aussi leurs typologies !
D’après Stéphanie Hasendahl, le Quotidien du Médecin du 20/09/2011