Rôle d’un virus pour personnaliser le traitement anti-rejet
Après une greffe rénale, il est nécessaire de réduire l’activité du système immunitaire (immunosuppression) à l’aide de médicaments anti-rejet, car sinon, le nouveau rein serait reconnu comme étranger et rejeté. Si le système immunitaire est trop affaibli, des infections peuvent survenir, et si la dose de médicaments n’est pas suffisante pour supprimer adéquatement le système immunitaire, le rejet du rein et la perte de fonction peuvent se produire.
Malheureusement, la force du système immunitaire ne peut pas être mesurée directement de manière adéquate. Actuellement, elle n’est évaluée qu’indirectement, en fonction du dosage des immunosuppresseurs dans le sang (par exemple, le taux résiduel de tacrolimus ou cyclosporine), afin de déterminer le degré d’immunosuppression.
L’equipe de néphrologie de l’Université de Vienne a exploré une nouvelle méthode pour mesurer la force du système immunitaire afin de pouvoir individualiser l’immunosuppression. Pour ce faire, le virus Torque Teno (TTV) est mesuré dans le sang des patients après une transplantation rénale. Le TTV est un virus que l’on peut détecter chez presque toutes les personnes, mais il n’est pas associé à des maladies connues.
Lorsque le système immunitaire est fort, il peut bien contrôler le TTV, et la quantité de TTV dans le sang est faible. Lorsque le système immunitaire est faible, le virus se multiplie. Jusqu’à présent, il a été démontré que les patients souffrant de rejets ont une faible quantité de TTV, tandis que les patients atteints d’infections ont une quantité élevée de TTV.
Une étude, financée intégralement par l’Union Européenne, a été mise en place pour étudier si le taux de TTV peut permettre de doser plus efficacement le traitement immunosuppresseur.
Deux centres français (CHU Grenoble et CHU Strasbourg) participent à cette grande étude (Etude TTV-guide : www.ttv-guide.eu) coordonnée par l’Université de Vienne.
Plus de 200 patients receveurs d’une greffe rénale seront inclus entre 2022 et 2025. Les premiers résultats sont attendus en 2026.
Nous espérons que le TTV permettra finalement une personnalisation du traitement immunosuppresseur en contribuant à réduire les infections et les rejets après une greffe.
Merci au Dr Paolo Malvezzi du CHU de Grenoble de ces informations sur ce projet de recherche prometteur !