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Transports sanitaires : covoiturage obligatoire pour la dialyse… Seulement si l’état du patient le permet !

🚑 Pour rester en vie, plusieurs dizaines de milliers de personnes en France sont contraintes à se rendre trois fois par semaine dans des établissements de soins, pour y recevoir de longues et éprouvantes séances de dialyse chronique.

Chacune dure au moins quatre heures, pendant lesquelles la totalité de leur sang va circuler à plusieurs reprises dans une machine. Avec les temps d’installation, de préparation, de débranchement, de récupération, ce sont cinq à six heures qui doivent être consacrées à chaque dialyse, sans compter les durées de trajet depuis et vers le domicile.

🔥 Chaque dialyse est vitale et tout retard ou diminution de sa durée met la vie en danger.

Malgré tout le temps consacré, la dialyse ne permet de reproduire que 10 à 15% d’une fonction rénale normale. L’état de santé des patients reste très altéré. La dialyse elle-même est épuisante et a des effets indésirables, ce qui rend nécessaire le recours aux transports sanitaires pour les trajets correspondants.

Or, ce sont précisément ces patients, contraints à de lourds traitements récurrents, en particulier la dialyse, mais aussi la chimiothérapie ou la radiothérapie, que cible le décret qui vient de paraître et rend obligatoire les transports sanitaires partagés.

Nous nous sommes élevés contre ce projet à plusieurs reprises ces derniers mois, mais le texte a finalement été publié, sans qu’aucune concertation n’ait eu lieu avec les associations de patients, contrairement aux engagements pris par le Ministère de la santé.

Il vise à inciter à transporter ensemble dans un même taxi ou VSL au moins deux et jusqu’à quatre patients.

Dès à présent, en cas de refus du transport partagé par le patient, le tiers payant ne s’applique plus.

Les patients qui refusent ce type de transport doivent effectuer l’avance des frais de l’intégralité de leur transport et bénéficieront a posteriori du remboursement de leur trajet. En outre, ce remboursement sera diminué. Un nouveau décret est attendu pour fixer les modalités de calcul de cette minoration, qui n’est donc pas appliquée pour le moment.

📍 Nos inquiétudes sont de plusieurs ordres.

Cette mesure va sans nul doute faire bondir les temps d’attente et les temps de trajets liés à la dialyse. Alors même que ces patients sont déjà soumis à un traitement très éprouvant, très long, dont ils ressortent le plus souvent épuisés, exposés notamment à des malaises, des chutes de tension, des nausées, etc.

Le texte fixe à dix kilomètres le détour maximal par patient transporté, dans la limite de trente kilomètres.

Or, dix kilomètres peuvent représenter des temps de trajet très différents, selon qu’ils se déroulent sur une autoroute, dans une grande agglomération, dans les embouteillages, en montagne, etc.

Il faudra également partir plus tôt de chez soi pour permettre le « ramassage » des autres passagers, et au retour attendre que les autres patients transportés aient terminé leurs soins pour reprendre la route.

Le texte prévoit que l’attente sur le lieu de soins, avant l’horaire programmé de sa prise en charge et à l’issue de celle-ci, ne doit pas dépasser quarante-cinq minutes au total. Une durée qui vient donc d’ajouter aux temps de préparation, de traitement et de trajets. Qui viendra vérifier qu’elle est bien respectée ? Quels recours si elle ne l’est pas ?

Le précédent projet de décret prévoyait que le lieu de soin mette en place “une organisation spécifique” à même de garantir “le confort” des patients durant cette attente, cette obligation a disparu de la version finale. 

Qu’adviendra-t-il, pour les autres passagers, si un patient, épuisé par les soins, l’attente et les détours, fait un malaise ? 

Alors que la dialyse est un obstacle majeur au maintien d’une activité professionnelle (Seulement 18% des patients dialysés en âge de travailler parviennent à se maintenir dans l’emploi, contre 82% dans la population générale de même âge), on peut s’étonner ces patients qu’ils se voient en plus imposer des conditions de transport dégradées et rallongées.

Les patients dialysés sont sévèrement immunodéprimés et particulièrement vulnérables aux infections respiratoires, avec un risque très élevé de formes graves et de décès. Nul doute qu’un temps important passé à plusieurs dans un véhicule clos sera propice à la transmission de virus, aux conséquences redoutables. Rien dans le texte ne précise les mesures sanitaires mises en place, et notamment aucune obligation de port du masque, dont les patients témoignent qu’il est très rarement utilisé dans les transports sanitaires, y compris en période de forte circulation épidémique.

🚨 L’acharnement contre les plus malades et les plus fragiles continue !

On ne fait que commencer à entrevoir l’ampleur des maltraitances et des atteintes à la dignité des patients qui découleront inévitablement de cette mesure, les heures en plus qu’on va leur imposer en attente et dans les transports, pour des motifs purement économiques. Alors que la dialyse est un des traitements les plus éprouvants, qui entraîne la plus importante dégradation de la qualité de vie, cette décision est simplement injustifiable.

Le coût d’un transport partagé est inférieur de 15 à 35 % par trajet, selon le nombre de patients transportés dans le même véhicule. L’objectif affiché est de réaliser 50 millions d’euros d’économies en 2024.

Après avoir fait les poches des malades avec les franchises médicales, le gouvernement fait à nouveau le choix de les accabler, plutôt que de se saisir des vraies opportunités de diminuer les dépenses de santé, tout en les soignant mieux. Elles existent pourtant !
💰 Juste un exemple : au bas mot 200 millions d’économies seraient à portée de main en développant la greffe rénale plutôt qu’en entretenant la rentabilité excessive de la dialyse. En outre, une fois greffé, plus besoin de se déplacer trois fois par semaine vers l’hôpital… Avec le dépistage et la prévention de la maladie rénale chronique, ce sont des milliards d’euros qui pourraient être économisés en quelques années.

🩺 Reste une information rassurante : la prescription médicale de transport doit indiquer que l’état de santé du patient est compatible avec le transport partagé. Comment imaginer que celui des patients dialysés le soit ?

👩‍⚕️ 👨‍⚕️ Cela signifie que votre néphrologue a la possibilité, très légitime, de vous épargner l’épreuve du transport partagé.

Il suffit pour cela que l’ordonnance de transport mentionne que votre état de santé le contre-indique.

N’hésitez pas à lui rappeler de faire figurer cette mention !

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