Une avancée majeure dans le domaine de la transplantation d’organes porcins chez l’homme
14 janvier 2003, Traduction de l’article de Ray Lilley, Associated Press, USA
Randall Prather, Professeur à l’Université du Missouri-Columbia et généticien, a annoncé qu’il avait cloné un cochon en le débarrassant d’un gène qui posait jusque là un problème aux chercheurs pour transplanter des organes porcins aux humains.
Les porcs représentent un très grand espoir dans le domaine des xénogreffes, puisqu’ils sont physiologiquement très similaires aux humains, et largement plus faciles à élever que les primates simiesques, comme les babouins.
Néanmoins, les porcs sont naturellement porteurs d’un gène qui entraîne la présence dans leurs tissus d’une molécule appelée 1,3-galactosyltransferase ou GGTA1. Elle contribue au phénomène de rejet lorsqu’un tel organe est greffé à un humain. En effet, elle sert de support aux anticorps qui viennent détruire l’organe greffé. Sans la GGTA1, les anticorps ne pourront théoriquement pas se fixer sur les tissus transplantés, et le processus de rejet ne pourra pas s’amorcer.
Prather a déclaré à l’International Embryo Transfer Society d’Auckland (Australie) que le processus de clonage de Goldie, la truie de tous les espoirs, née le 18 novembre dernier à Columbia, avait permis de modifier ce gène de façon à ce qu’il devienne non opérationnel.
Les examens ultérieurs de l’animal ont montré que la GGTA1 était bel et bien absente de ses tissus. Néanmoins, le chercheur tient à ce que ses travaux soient approfondis et vérifiés par des scientifiques indépendants. Ses résultats seront prochainement publiés dans une revue scientifique internationale.
Il n’hésite cependant pas à baptiser Goldie “le chaînon manquant” qui a jusqu’alors empêché les médecins de transplanter avec succès des organes porcins chez l’homme.
Le Dr David Cooper, professeur de chirurgie à la Faculté d’Harvard, et ancien président de l’Association Internationale de Xénotransplantation, a déclaré que ce résultat était “une avancée très importante”. De son point de vue, la naissance de Goldie signifie que “nous sommes bel et bien sur la voie d’un essai clinique de xenogreffe du porc vers l’homme, qui pourrait débuter dans les trois ans à venir.”
Parvenir à maîtriser la phénoménale réponse immunitaire de l’organisme humain lorsqu’il perçoit un organe étranger est le principal défi que doivent relever les chercheurs pour faire de la xénogreffe une réalité.
Dans un premier temps, l’équipe de Prather va tenter de greffer les organes de ces porcs clonés à des babouins. Les essais cliniques sur l’humains ne pourront débuter que lorsque la technique sera parfaitement au point et que toutes les difficultés auront été levées.