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Xénogreffe de cellules porcines et infection

13 septembre 2004, Le Quotidien du Médecin

Si le porc est considéré par certains comme le réservoir d’organes idéal pour la xénotransplantation, la sécurité de cette stratégie thérapeutique n’est pas encore totalement assurée. Les risques de transmission à l’homme de pathogènes porcins ne peuvent être complètement écartés.
Pourtant, un travail américain publié dans le ” Journal of Clinical Investigation ” se veut optimiste : pour Yang et coll., la transmission de virus porcins endogènes, tels que le rétrovirus Perv (Porcine Endogenous Retrovirus), ne peut pas se faire directement entre des cellules porcines et des cellules humaines. D’après leurs résultats, il semble que la transmission du Perv nécessite un cofacteur, en l’occurrence un virus à la fois capable d’infecter le porc et l’homme.
Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion en utilisant un modèle expérimental un peu particulier : une souris immunodéficiente chez laquelle ils ont greffé des cellules de porc et des cellules humaines. Dans ce modèle, les cellules greffées peuvent coexister au moins vingt-cinq semaines sans qu’une transmission directe du virus ne se produise.

Il est cependant apparu qu’une grande proportion des cellules humaines greffées finissaient par acquérir des séquences spécifiques du Perv. Mais d’après Yang et coll., l’acquisition de ces séquences par les cellules humaines dépendrait entièrement de la présence du MLV (Murine Leukemia Virus) dans l’organisme de l’animal hôte. Le MLV jouerait le rôle de navette en infectant les cellules porcines, puis les cellules humaines.
Au cours des dernières années, parmi toutes les études menées sur les risques de transmission interespèce du Perv, seules celles qui ont été conduites dans le modèle murin ont donné des résultats positifs. Le Perv ne peut visiblement pas être transmis à des primates non humains ou même à la plupart des petits animaux de laboratoires. En revanche, il est transmissible chez la souris. Cette observation pourrait s’expliquer par la découverte de Yang et coll. : c’est la présence du MLV qui conditionne la transmission du Perv. Des expériences complémentaires réalisées chez des souris qui ne produisent pas de MLV capables de se répliquer devront cependant être menées pour confirmer la théorie de Yang et coll.

Elodie Biet

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