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Transplantation d’organes : la vie après…

12 juillet 2004, L’Express Mauritius

Ils doivent tout à la greffe d’organe. Sandhya et Rajesh, opérés il y a deux ans, s’émerveillent encore du progrès de la science… en attendant celui de la législation.

Sandhya, 40 ans, vit aujourd’hui grâce au rein d’un ami. La transplantation a mis un terme à ses souffrances, tout comme elle a donné une nouvelle chance à Rajesh, 24 ans, qui a subi une greffe de la cornée. Si cette pratique se faisait jusqu’ici sans encadrement légal, cette lacune sera comblée par le Human Tissue Bill – le projet de loi est examiné actuellement et sera présenté à l’Assemblée nationale le mois prochain.

Sandhya a dû subir pendant un an des séances de dialyse, faute de donneurs. “Mo ti gagne ure e mo ti bizin enn lerin mais mo fami, sirtou mo bann frer ek mo bann ser finn refiz donn mwa zot lerin”, raconte cette enseignante de Curepipe, mère de trois enfants. Avant le projet de loi, les donneurs devait en effet obligatoirement être liés génétiquement au receveur.

Une rencontre déterminante

L’état de la jeune femme se détériore en 2001 – elle supporte mal les séances de dialyse et doit faire face à d’autres problèmes de santé. “Elle a eu de nombreuses et de sérieuses complications après ses dialyses. C’était très pénible pour elle”, se souvient son époux. Après sa centième séance de dialyse, il rencontre un ami. Ce sera un rencontre déterminante : celui-ci est disposé à faire don d’un de ses reins. N’ayant pas de liens de sang avec Sandhya, il devra au préalable jurer un affidavit.

“Avant de prier pour moi et ma famille, j’ai toujours une pensée spéciale pour lui”, dit aujourd’hui la jeune femme. Aux dernières nouvelles, le donneur se porte très bien et vient de devenir père. “J’espère qu’il y aura une campagne d’explication pour les donneurs dans le cadre de cette nouvelle loi. Faute d’informations, les gens ont peur de la transplantation”, note l’enseignante.

Deux ans après l’intervention, elle mène une vie presque normale, même si dans les premiers temps, son nouveau rein ne fonctionnait pas comme il le fallait, l’obligeant à avoir recours quelques séances de dialyse supplémentaires.

Médicaments antirejet en poche, elle s’occupe aujourd’hui de ses enfants et s’attaque à ses tâches ménagères, pas avec la force physique “d’avant”, mais avec le même dévouement. Elle a retrouvé la joie de vivre et a repris son travail depuis peu. Mieux encore, elle compte entreprendre des études supérieures. “Si cette transplantation l’a sauvée, c’est aussi sa rage de vivre qui l’a aidée à survivre”, dit son époux.

Rajesh, de son côté, souffrait d’une déformation de la cornée (kératocône) – c’est à la puberté que se développe cette anomalie, avec la modification progressive de la courbure de la cornée qui prend la forme d’un cône. Adolescent, cet ancien étudiant du collège d’Etat Regis Chaperon éprouve des difficultés dans ses études en raison de ses problèmes de vue.

Trois possibilités s’offrent pour le traitement : le port des lunettes, les lentilles et finalement la greffe de la cornée. Seuls 10 % des patients souffrant de cette déformation ont recours à la greffe. Contrairement aux reins, la cornée ne peut être prélevée que sur des cadavres. D’où le fait que les patients ayant subi une telle greffe ont obtenu l’organe de l’étranger et ce, avec la collaboration du Lions Club.

La peur du rejet

Mais avec la nouvelle loi, toute personne peut faire connaître sa volonté de donner ses organes à sa mort. Dans l’éventualité où il ne l’aurait pas fait, ses proches peuvent donner leur consentement, comme cela se fait à l’étranger. La cornée pourra alors être préservée à la banque des yeux, et cela pendant un mois au maximum.

Cela fait trois ans que Rajesh a subi la greffe. Il se contente d’un suivi médical, tous les six mois et peut pratiquer le football, la natation, et le badminton. Comptable de formation, il n’a pas fini de s’émerveiller des progrès de la science : “J’aurais pu perdre la vue. Mais il faut impérativement qu’il ait une campagne d’explication pour sensibiliser les gens à ces questions”, soutient, Rajesh, en écho à Sandhya.

Peu avant son intervention, Rajesh, a fait des recherches sur Internet, a parlé à des spécialistes : il voulait connaître les risques que comportait la greffe. Ce sont du reste toutes ces informations glanées qui l’ont aidé à mieux appréhender l’épreuve. Il n’avait peur que d’une seule chose : le rejet. Il y a heureusement échappé. Il est plus qu’heureux de pouvoir aujourd’hui lire le journal sans trop d’efforts.

Jane LUTCHMAYA

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