Cellules souches : le ministre italien de la Santé sur la sellette
9 septembre 2004, AFP
Le ministre italien de la Santé, Girolamo Sirchia, était sur la sellette mercredi après la guérison d’un petit garçon atteint d’une maladie génétique et dont les parents ont bénéficié à l’étranger d’une technique de sélection in vitro des embryons, interdite depuis peu en Italie.
Luca, 4 ans et demi, souffrant d’une forme rare d’anémie sanguine, la thalassémie, considérée incurable, a été sauvé par la transplantation de cellules souches prélevées lors de la naissance de deux frères jumeaux nés sans la maladie. L’opération a été réalisée à la clinique San Matteo de Pavie (nord) le 12 août, après que la maman Esra eut accouché en avril de deux petits frères non porteurs de la maladie héréditaire, selon la presse italienne.
M. Sirchia, ancien médecin, s’est félicité de ce succès, jusqu’au moment où, coup de théâtre, la presse a découvert que le couple d’origine turque s’était adressé à un laboratoire d’Istanbul pour sélectionner des embryons sains avant la grossesse, technique interdite depuis peu en Italie par le même ministre. “Je n’en savais rien”, a affirmé mercredi dans une interview le ministre, sommé de démissionner ou de modifier la loi controversée qu’il a fait voter au printemps.
Selon lui, cela ne retire rien à “l’événement scientifique qui est que pour la première fois au monde on a démontré que des cellules souches d’origine placentaire répliquées in vitro sont cliniquement efficaces sur l’homme”.
La nouvelle législation reconnaît le statut juridique de l’embryon, oblige les couples utilisant la fécondation in vitro à implanter tous les embryons produits et interdit tout diagnostic pré-implantatoire. “Sans le diagnostic pré-implantatoire, désormais interdit en Italie, Luca serait mort”, a fait remarquer mercredi la ministre de l’Egalité des chances, Stefania Prestigiacomo plaidant pour une modification de la loi. “Les catholiques devraient comprendre qu’une attitude intransigeante leur ferait surtout du tort à eux-mêmes”, a-t-elle ajouté.
Le Vatican est contre la procréation assistée et a fortiori contre la sélection des embryons. “De notre point de vue, les embryons ne sont pas un tas de cellules mais des personnes. Le projet de vie qu’ils contiennent est unique, non répétable et suffisant en soi pour qu’ils méritent le titre d’individus humains, d’enfants et de personnes. Les éliminer peut être qualifié d’homicide”, a rappelé Mgr Alfonso Lopez Trujillo, président du conseil pontifical pour la Famille, au quotidien Corriere della Sera.