Résultats d’une étude l’EfG sur les disparités géographiques d’accès à la transplantation
19 décembre 2003, Afidtn
Les disparités géographiques d’accès aux greffes en France seraient dues notamment aux différences d’expérience des centres de transplantation et à l’activité de prélèvement d’organes de chaque région, selon une étude soutenue par l’Établissement français des greffes (EFG).
Françoise Roudot-Thoraval du service de santé publique de l’hôpital Henri Mondor à Créteil (Val-de-Marne) et ses collègues ont analysé les données relatives aux greffes dans chacune des 7 régions définies par l’EFG, à partir de 1994.
Après 4 mois de suivi, 49% des 3.553 patients sur liste d’attente avaient reçu une greffe: 64% des 797 patients en attente d’une greffe de foie, 52% des 549 patients en attente d’une greffe cardiaque et 22% des 2.207 patients en attente d’une greffe de rein.
Les taux de mortalité sur la liste d’attente s’élevaient respectivement à 10%, 14% et 1% pour les patients en attente d’une greffe de foie, de coeur et de rein.
Le taux de transplantation le plus élevé a été relevé dans l’Ouest de la France, avec 63%, et le plus faible en région parisienne, avec 43%.
De même le taux de mortalité le moins élevé a été observé dans l’Ouest, avec 2%, et le plus élevé dans le Sud-Est et la région parisienne avec 7%.
Mais la situation n’est pas identique pour tous les organes au sein d’une région. Ainsi les patients de la région I (Nord) avaient un bon accès aux greffes de rein et de coeur, mais pas à celles de foie.
Les auteurs indiquent qu’aucune région ne “vole” d’organes aux autres régions afin de satisfaire ses patients, ce qui est en accord avec les lois françaises d’attribution des greffes qui préconisent qu’un organe prélevé dans une région doit être donné en priorité aux habitants de cette région.
Pour expliquer les disparités géographiques mises en évidence par leur étude, Françoise Roudot-Thoraval et ses collègues mentionnent des différences d’expérience entre les équipes de transplantation, telles que l’ancienneté du centre, la présence d’un médecin reconnu au niveau international ou l’existence d’un réseau d’équipes de prélèvement et de transplantation habituées au travail collectif.
Même s’il est tentant de chercher un lien entre l’activité de prélèvement et le temps d’attente, les auteurs indiquent que les deux régions qui présentent l’activité la plus élevée ont des caractéristiques bien différentes: la région IV (Ouest) présente le temps d’attente le moins élevé des 7 régions tandis que la région III (Centre) fait partie des régions à moyenne voir longue durée d’attente, ce qui s’explique probablement par le faible nombre d’unités actives de transplantation.
De même, des deux régions présentant les plus bas taux de prélèvement d’organe, la région I (Nord) présente un temps d’attente très court pour les greffes de coeur, mais moyen voire long pour les greffes de rein et de foie et la région IV (Sud-Est) présente un temps moyen d’attente pour une transplantation de foie et un temps long pour une transplantation de coeur ou de rein.
Par ailleurs, les auteurs indiquent que certaines régions inscrivent leurs patients sur la liste d’attente à un stade de la maladie plus précoce par rapport à d’autres régions. Selon les auteurs, cette inégalité pourrait être corrigée par une standardisation des pratiques, notamment par un consensus sur la gravité de la défaillance à partir de laquelle les patients peuvent être inscrits sur la liste.
Même si certaines disparités géographiques ne pourront être facilement effacées, les auteurs souhaitent que des mesures soient prises afin de les réduire. “Améliorer l’accès à la transplantation et garantir une égalité d’accès sur tout le territoire constitue une des priorités de l’EFG”, soulignent les auteurs, ajoutant que l’EFG cherche à augmenter le nombre de dons et à changer les règles de répartition des organes afin de tenir compte du temps d’attente sur la liste.