On manque de donneurs de moelle osseuse

26 août 2003, Le Parisien

“ACTUELLEMENT, les deux tiers des personnes bénéficiaires de greffes de moelle osseuse le sont à partir de donneurs recrutés hors de France. Aujourd’hui, nous voulons rééquilibrer cette proportion. ” Martelant ce constat inquiétant, l’Etablissement français des greffes, EFG, vient de lancer une campagne de ” recrutement ” de volontaires du don de moelle osseuse : ” Nous avons besoin surtout de volontaires hommes de moins de 40 ans “, précise le Dr Marie-Hélène Sumyuen, biologiste au centre de don de Créteil (*), qui explique la finalité du don : ” Les cellules sanguines sont fabriquées dans la moelle ; s’il y a besoin de greffe de moelle osseuse c’est parce que les cellules sanguines sont malades. Grâce à ces greffes on peut soigner les maladies du sang, telles que leucémies, lymphomes… mais ainsi les tumeurs solides, type cancer de rein ou des ovaires. ” Le petit Tomy, de Sucy-en-Brie, qui avait relevé le défi de réunir plus d’une tonne de pièces jaunes pour la fondation des hôpitaux de France, a été sauvé, l’an dernier, grâce à une greffe de ce type.

Un fichier national de volontaires En fait, ce qui intéresse les médecins dans la moelle, ce sont, pour l’essentiel, ce qu’on appelle les cellules souches, promises à une plus grande utilisation avec le développement de la thérapie génique. ” Nous sommes confrontés à une double problématique, précise le Dr Sumyuen, d’une part la population vieillit, d’autre part le champ d’application de la greffe de moelle s’élargit. ” Tout comme pour le sang, la greffe de moelle fait l’objet de dispositions sanitaires sévères. Et comme pour le sang, tous les donneurs ne sont pas compatibles. Il faut savoir qu’en dehors des familles, dont sont issus 25 % des donneurs, trouver un donneur compatible est très difficile, ce qui explique la nécessité de disposer d’un fichier de volontaires important. Chaque année, le fichier national des volontaires est consulté environ 600 fois par les médecins à la recherche de donneurs. On compte aujourd’hui 110 000 volontaires inscrits sur ce fichier national, dont 10 000 en Ile-de-France et 2 500 à Créteil. La moyenne d’âge des hommes, qui représentent 40 % des volontaires, est de 43 ans. Pour l’heure, l’EFS dénombre six centres d’accueil en Ile-de-France, dont deux dans le Val-de-Marne (Créteil, et Paul-Brousse à Villejuif), pour accueillir les volontaires du don. Le centre de Créteil reçoit ainsi chaque semaine ” cinq à six nouveaux volontaires “. Mais ça n’est pas suffisant. Pour répondre au besoin, il faudrait accroître de 10 000 par an pendant trois ans, le nombre de volontaires du don en France.