Greffe hépatique : mortalité nulle chez les donneurs vivants japonais
2 septembre 2003, Le Quotidien du Médecin
Le recours à des donneurs vivants pour les transplantations hépatiques (don d’un fragment : lobe ou segment) est en constante progression dans de nombreux pays, en particulier au Japon où la greffe d’organes prélevés sur des cadavres est interdite.
Le recours à des donneurs vivants est en augmentation (Phanie)
Une étude américaine a récemment attiré l’attention sur les risques qu’entraîne cette pratique pour les donneurs : en Europe et aux Etats-Unis, le taux de mortalité des donneurs oscille, en effet, entre 1 et 0,3 %. C’est pourquoi des médecins japonais de l’université d’Osaka ont décidé de mettre en place une étude visant à évaluer la mortalité et la morbidité chez les donneurs de foie japonais.
Dans ce but, Umeshita et coll. ont rédigé un questionnaire qu’ils ont fait parvenir aux 46 centres de transplantation hépatique ayant pratiqué ce type d’intervention. A partir de ce questionnaire, les auteurs ont obtenu les informations relatives à 1 841 donneurs de foie (sexe, âge, relation au receveur de la greffe, durée d’hospitalisation postopératoire, transfusions sanguines et interventions chirurgicales secondaires éventuellement pratiquées, mortalité et morbidité). Ils ont en outre distingué les donneurs en fonction de la partie du foie qu’ils ont donné (principalement le lobe droit, le lobe gauche ou le segment latéral).
Complications dans 12 % des cas
Parmi les 1 841 donneurs étudiés, aucun n’est décédé à la suite de l’intervention. En revanche, des complications ont été observées chez 12 % d’entre eux. Les complications les plus fréquentes sont une fistule biliaire (73 cas), une stase gastrique (36 cas) et une infection (27 cas). La fréquence de ces complications est significativement plus importante chez les sujets ayant donné leur lobe hépatique droit : la formation de fistules biliaires a, par exemple, été observée chez 45 donneurs du lobe droit (10 % de ce type de donneurs) et seulement chez 28 donneurs d’autres régions hépatiques (2 %).
La durée du séjour hospitalier postopératoire du donneur est également différente en fonction de la partie du foie prélevée : les donneurs du lobe droit restent hospitalisés en moyenne vingt jours après l’intervention, alors que les donneurs du segment latéral ou du lobe gauche ne restent que quatorze jours.
Seulement 1 % des donneurs a dû être réopéré après le prélèvement du greffon (afin de traiter une complication biliaire, une obstruction intestinale, une hernie ou une stase gastrique causée par une adhérence entre l’estomac et la surface découpée du foie). La fréquence de la seconde intervention chirurgicale n’est pas associée à un type de donneurs particuliers, bien qu’elle soit légèrement plus élevée chez les donneurs du lobe hépatique gauche.
La mortalité périopératoire associée au don partiel de foie semble donc nulle au Japon. Les auteurs soulignent cependant le fait que le taux de morbidité chez les donneurs doit encore être abaissé pour écarter tout problème éthique lié à cette pratique.
Elodie BIET