Le dossier médical personnel enfin sur les rails !
Le dossier médical personnel enfin sur les rails
Trois ans et demi après la date prévue de son lancement, le dossier médical personnel (DMP) est enfin prêt !
Le projet figurait dans la réforme de l’Assurance-maladie, concoctée par Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand en 2004. Cet outil était, avec le médecin traitant, la principale mesure structurelle devant permettre d’économiser 3,5 milliards d’euros par an sur les dépenses de santé. Il était alors prévu que chaque assuré dispose de son DMP avant mi-2007. Une baisse de remboursement était même inscrite dans la loi, en guise de sanction, pour les patients refusant de s’en servir! Sauf que, à l’échéance dite, non seulement le DMP n’était pas prêt, mais sa préparation était au point mort. Un fiasco.
Dans les jours qui viennent, chaque médecin pourra proposer à ses patients de leur ouvrir un DMP. Ce dossier médical électronique doit être accessible au patient comme aux professionnels de santé autorisés par le titulaire, grâce à sa carte Vitale, qu’ils soient médecins, pharmaciens, dentistes, infirmiers… Le dossier pourra contenir des données écrites (antécédents, diagnostics, ordonnances, résultats d’analyse…) mais aussi quelques radios ou scanners.
En 2009, une structure publique, l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (Asip-santé), a eu pour tâche de relancer le projet. Cette agence a pour “objectif de rendre compatibles en deux ans les 100 logiciels professionnels les plus courants”. Pour l’heure, seuls deux logiciels ont déjà été labellisés. En attendant, chaque médecin pourra aller sur le site Internet dmp.gouv.fr pour créer le dossier de n’importe lequel de ses patients.
A terme, les informations saisies au cabinet via le logiciel utilisé par le professionnel de santé seront transférées d’un simple clic vers le dossier du patient, sur un hébergeur de données. C’est un consortium mené par La Poste et la société de services informatiques Atos Origin qui a été retenu pour conserver ces données sensibles.
L’Asip-santé se donne cinq ans pour juger du succès ou de l’échec du dossier médical personnel. Elle espère que 2 millions de dossiers seront ouverts en 2011. Et pour juger de l’utilité de cet outil dans la coordination des soins, le meilleur critère sera plutôt le nombre de professionnels de santé qui utilisent le dossier d’une même personne.
L’agence publique a en effet défini «trois leviers» pour déployer le DMP dans le pays. D’abord, compter sur les éditeurs de logiciels médicaux pour que leurs futures mises à jour permettent d’alimenter ou de consulter le dossier d’un patient d’un seul clic. Les médecins libéraux, notamment, mettront donc la main à la poche de façon plus ou moins visible, via les contrats de maintenance de ces logiciels qu’ils souscrivent habituellement. L’investissement sera bien plus lourd pour de nombreux hôpitaux, étant donné leur retard informatique (certains en sont encore au dossier patient «papier»).
Deuxième levier: encourager les professionnels de santé qui, dans une zone géographique, sont prêts à se lancer. «L’idée est d’avoir une masse critique d’acteurs dans une ville (hôpital, laboratoire d’analyses, cabinet de radiologie, médecins de ville…) pour créer l’usage».
Enfin, de la même façon, soutenir les réseaux spécialisés partants pour s’équiper. L’Asip-santé disposera d’une enveloppe – une vingtaine de millions l’an prochain, avait promis l’ancienne ministre de la Santé, Roselyne Bachelot – pour cofinancer les filières de soins ou bassins de santé volontaires.
D’après le Figaro du 14/12/2010