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La voie vaginale pour prélever un rein : bilan d’étape de l’équipe lyonnaise

La voie vaginale pour prélever un rein : bilan d’étape de l’équipe lyonnaise

Deux chirurgiens de Lyon, l’un urologue, le Pr Philippe Paparel, et l’autre gynécologue, le Pr François Golfier, ont réalisé en tandem en août dernier pour la première fois en France l’ablation du rein par voie vaginale chez une patiente obèse dont l’épaisseur de paroi posait problème.

Depuis, la technique est proposée à toutes les femmes opérées dans le service pour néphrectomie.

L’initiative pouvait faire sourire au début, l’évolution montre que la technique ne relève pas de l’anecdote. Loin s’en faut. « La voie vaginale est en passe de devenir un standard pour l’ablation du rein dans notre service », explique le Pr Philippe Paparel, chirurgien urologue au CHU de Lyon. Depuis leur première patiente opérée en août dernier, le tandem urologue et gynécologue réalise désormais une intervention de ce type tous les 15 jours et en comptera une dizaine fin mars.

Sur les 120-130 chirurgies rénales réalisées chaque année dans le service, une vingtaine de patientes seront éligibles. « Les avantages de la voie vaginale sont “bluffants”, commente l’urologue. Les patientes sortent à “J2 postop” sans aucune douleur. Elles se promènent dans les couloirs le lendemain de l’intervention. De plus, comme elles n’ont pas besoin d’analgésiques morphiniques, la reprise du transit se fait facilement avec une alimentation normale dès le lendemain ».

Zéro douleur

L’énorme avantage de la technique est de n’entraîner aucun dommage de la paroi musculaire. « Pour la cœlioscopie, seuls quatre petits orifices de 12 à 5 mm sont effectués dans la paroi abdominale, explique le Pr Paparel. On est très loin de la large incision réalisée au cours d’une lombotomie classique, nécessitant parfois la résection de la dernière côte. Et c’est aussi beaucoup mieux que la cœlioscopie développée ces dernières années, qui demande encore une incision latérale de paroi pour extraire le rein. L’incision du vagin est quant à elle totalement indolore ». Pendant l’intervention, les deux spécialistes travaillent de concert, l’urologue réalisant la néphrectomie en cœlioscopie, le gynécologue se préparant à recueillir le rein disséqué dans un sac d’extraction via une incision du cul-de-sac de Douglas. « Chronomètre en main, l’ablation du rein dure 1min20 », souligne l’urologue. Bien plus vite qu’en cœlioscopie seule, où la sortie du rein nécessite une incision de paroi avec un temps musculaire.

Esthétique, absence de douleurs, reprise d’activité sportive, hospitalisation réduite, les gains sont multiples. « De plus en plus de patientes sont demandeuses de la voie vaginale, explique l’urologue. Il faut en outre préciser qu’il n’existe aucun retentissement sur la qualité de vie sexuelle. Des grossesses sont tout-à-fait envisageables après. Il ne s’agit que d’une incision de 4-5 cm au niveau du vagin. ».

« Ce n’est pas une option de dernier recours, la technique devient notre standard », répète le gynécologue. Début février, l’équipe va même réaliser une néphrectomie destinée à une don d’organe, la première réalisée par voie vaginale en France. « La chirurgie du rein peut se rapprocher de celle de la vésicule biliaire, poursuit-il. Comme pour une cholécystectomie, il est envisageable que la néphrectomie par voie vaginale se fasse en ambulatoire avec admission le matin et retour à domicile le soir ».

Existerait-il une concurrence avec une autre équipe lyonnaise, celle du Pr Xavier Martin qui a prélevé un rein par le nombril ? « La technique qui fait appel à un trocart unique est très intéressante, répond le Pr Paparel. Il reste malgré tout une incision de paroi de 6 cm au niveau de l’ombilic. C’est une très bonne solution… chez les hommes ! ».

D’après le Quotidien du Médecin du 24/01/2011, Dr IRÈNE DROGOU

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