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Covid19 : le sort des personnes immunodéprimées toujours suspendu à la menace du risque infectieux

Face à la menace persistante du Covid-19, les personnes sévèrement immunodéprimées, dont font partie les personnes en insuffisance rénale sévère, dialysées et transplantées, se trouvent dans une situation particulièrement préoccupante, exacerbée par le manque de sensibilisation et de compréhension de la part du grand public.

Notre enquête* révèle un défaut d’information important et une baisse de la vigilance générale face au virus, qui met en danger ces personnes vulnérables.

Face au Covid-19, les Français sont plutôt sereins et semblent baisser la garde : un réel danger pour les personnes immunodéprimées
Alors que pour la moitié des Français le Covid-19 est devenu une maladie bénigne (51%), ce sentiment est loin d’être partagé par les personnes immunodéprimées sévères : 73% d’entre elles continuent de considérer le virus comme une menace grave pour leur santé. Ce décalage est d’autant plus préoccupant que les personnes sévèrement immunodéprimées sont particulièrement à risque de développer des formes sévères de la maladie.

Pour autant, signe que ce relâchement concerne aujourd’hui l’ensemble de la population, seule une personne immunodéprimée sur deux se déclare inquiète face aux risques de contracter le Covid-19 et des conséquences possibles sur sa santé (50%), contre 29% chez les Français.

Pourtant, les personnes immunodéprimées ont été largement confrontées aux formes graves du Covid-19 : 30% de celles qui l’ont contracté disent avoir eu des complications, parmi elles, 17% ont été hospitalisées, et 20% indiquent avoir été concernées par un Covid long.
Un décalage de perception alarmant qui alimente un sentiment majoritaire d’indifférence et de stigmatisation chez les personnes immunodéprimées

Alors que les Français sont de moins en moins convaincus par la nécessité de porter le masque dans les lieux clos et plus globalement de respecter les gestes barrières, les personnes immunodéprimées souhaiteraient que leurs proches adoptent des gestes barrières par rapport à leur état de santé, mais ils sont nombreux à ne pas oser le demander.
Pour 45% des Français, le port du masque dans les lieux publics clos ne servirait plus à grand-chose contrairement aux personnes immunodéprimées qui dans leur grande majorité (86%) continuent de penser que celui-ci a une utilité. Cette baisse de vigilance des Français s’observe également en présence des personnes vulnérables. En effet, seuls 27% d’entre eux déclarent porter systématiquement un masque en leur présence.

Une situation difficile à vivre pour les personnes immunodéprimées puisque plus des deux tiers souhaiteraient que leurs proches adoptent des gestes barrières par rapport à leur état de santé (67%), mais près d’une sur deux ne parvient pas à formuler cette demande à ses proches (49%). Dans ce contexte, elles sont plus des deux tiers à se sentir en danger face à la baisse de vigilance de leur entourage (68%) ; mais aussi incomprises et rejetées avec 85% d’entre elles qui pensent que les risques qu’elles encourent sont insuffisamment pris en compte par les Français dans leur ensemble.

Au-delà d’une forme d’indifférence et de non-reconnaissance des risques encourus par les personnes immunodéprimées sévères, face à une personne qui porte le masque, le malaise est réel. Un Français sur deux admet prendre ses distances et se tenir éloigné d’une personne portant un masque de crainte d’attraper sa maladie (50%).

Confrontée à ce type de réactions, près d’une personne immunodéprimée sur deux (44%) se sent discriminée compte tenu des précautions qu’elle doit prendre face au Covid-19 et parfois exclue (46%). Une « double peine » pour les personnes immunodéprimées qui doivent vivre au quotidien avec le fardeau de la crainte de la maladie

Dans ce contexte, une très grande majorité des patients déclare avoir adapté leur vie à la situation épidémique (79%) et plus d’une personne immunodéprimée sur deux déclare être pessimiste sur le fait de retrouver un jour sa vie « d’avant Covid » (52%) ; tandis que 53% se disent angoissées quant à l’apparition d’une nouvelle vague de contamination.

Plus de deux personnes immunodéprimées sur trois déclarent que la crainte de contracter le Covid-19 a toujours un impact sur leur quotidien (67%, dont 30% parlent même d’un « impact fort »). Cela s’illustre à plusieurs niveaux :

  • Près d’1 personne immunodéprimée sur 2 déclare que le risque de contracter le Covid-19 a un impact sur sa vie en général (47%) et sur sa vie sociale (47%).
  • Pour 2 personnes immunodéprimées sur 3 (62%), le Covid-19 est toujours présent à l’esprit dès qu’elles prévoient de faire une activité.
  • 41% des immunodéprimés qui ont eu le Covid-19 déclarent que le virus a eu au moins une conséquence sur le suivi de leur pathologie.

Pour une meilleure prise en compte de la situation des personnes immunodéprimées par l’ensemble des Français
L’étude révèle un manque criant d’information sur le suivi de l’épidémie : 57% des personnes immunodéprimées et 60% du grand public estiment ne pas être suffisamment informés.

Un déficit d’information qui concerne également les traitements préventifs et curatifs du Covid-19 : 41% des personnes immunodéprimées et 61% du grand public estiment ne pas être suffisamment informés.

Ce manque d’information constitue aujourd’hui un véritable obstacle à la lutte contre la maladie et renforce le sentiment d’insécurité et de vulnérabilité parmi les personnes immunodéprimées.

Face aux défis auxquels elles sont confrontées, les personnes immunodéprimées aspirent à être mieux protégées collectivement. Près des deux tiers souhaitent que le port du masque soit obligatoire dans les lieux publics clos (64%) et à la quasi-unanimité dans les établissements de soins (93%).

*Enquête réalisée par Ipsos pour les associations de patients EllyE, Fédération des greffés cœur et/ou poumon, France Rein, association Laurette Fugain, Renaloo, Transhépate et Vaincre la mucoviscidose, et le laboratoire Astra Zeneca.
Méthodologie : dispositif quantitatif auprès de deux cibles :
– Échantillon de 588 patients immunodéprimés sévères âgés de 18 ans et plus, interrogé par questionnaire auto-administré en ligne du 15 janvier au 5 février 2024. L’interrogation a été réalisée via la diffusion d’un lien d’accès au questionnaire par les associations partenaires du dispositif auprès de leurs communautés.
– Échantillon de 1500 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogé du 25 janvier au 29 janvier 2024 via l’Access Panel d’Ipsos. Méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, région).

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