Actualités

Prélèvement d’organes en France en 2002 : objectif atteint

20 janvier 2003, Agence de Presse Médicale

Le nombre de personnes en état de mort encéphalique ayant donné un ou plusieurs organes en vue de greffe a progressé de 10% en 2002, ce qui a permis d’atteindre l’objectif du plan greffe 2001/2003 de 20 prélèvements par million d’habitants en France, selon un bilan provisoire de l’Etablissement français des greffes (EFG).

En 2002, 1.198 prélèvements sur personnes en EME ont été effectués, alors qu’il fallait atteindre le nombre de 1.200 pour arriver à un taux de prélèvement de 20 par million d’habitants, donc le seuil est atteint à 2 prélèvements près, a indiqué le Pr Didier Houssin, directeur de l’EFG.

“Le projet des 15-20 (passer de 15 à 20 prélèvements/million d’habitants) paraissait utopique en 1999, mais on y arrive”, se félicite-t-il.
En 2001, le nombre de prélèvements atteignait 1.066 donc l’année 2002 a enregistré une hausse de plus de 10% (12,4%). L’année 2001 avait elle-même été marquée par une croissance de 5%.
“Depuis le début de l’action de l’EFG (en 1995), une hausse de plus de 30% a été obtenue”, commente-t-il, en guise de bilan, alors qu’il a annoncé début janvier son souhait de mettre fin à ses fonctions de directeur de l’EFG.
“Les médias ont certes joué un rôle [plus d’un Français sur 2 sensibilisé suite à la journée nationale de réflexion sur le don et la greffe de juin 2002, selon une enquête Louis-Harris], mais ces progrès sont surtout à mettre au compte de la mobilisation importante des hôpitaux”, souligne le Pr Houssin.
“C’est très bien mais cela reste insuffisant”, tempère le directeur. Ces prélèvements ne répondent pas aux besoins qui ne cessent de s’accroître avec l’allongement de la durée de vie notamment qui participe à l’augmentation du nombre de patients insuffisants rénaux.

En 2002, les greffes d’organes ont elles aussi progressé de l’ordre de 10%, à 3.482 greffes plus 164 à partir de donneurs vivants, soit 3.646 greffes contre 3.325 en 2001. Mais ces chiffres -provisoires- restent à affiner, rappelle le directeur de l’EFG.

Les greffes à partir de donneurs vivants restent peu nombreuses avec 164 donneurs. Environ 50 greffes de foie ont dû être effectuées en 2002 contre 48 en 2001 et 108 greffes de rein contre 101 en 2001, selon le bilan provisoire.

Un effet très net sur les greffes de rein et de foie

La greffe de rein profite à l’évidence de la hausse du nombre de greffons à 2.155 greffes à partir de donneurs décédés, plus 108 à partir de donneurs vivants contre un peu plus de 2.000 en 2001, soit une augmentation de 10%.
Le foie enregistre une hausse du même ordre, à peine inférieure, avec 838 greffes de foie réalisées en 2002 à partir de donneurs décédés, plus une cinquantaine à partir de donneurs vivants, soit entre 880 et 890 greffes contre 804 en 2001.

Si pour ces deux organes, la hausse est tout à fait nette, en revanche les résultats portant sur le coeur et le poumon sont moins encourageants, indique le Pr Houssin.

Ces greffes restent stables, avec 321 greffes de coeur en 2002, un chiffre à peine supérieur aux 316 greffes de 2001, et 79 greffes de poumon à partir de donneurs décédés (plus quelques greffes à partir de donneurs vivants), auxquelles s’ajoutent une vingtaine de greffes coeur-poumon.

“Malgré la hausse des prélèvements, les greffes thoraciques ne profitent pas de la situation globale plus favorable. C’est préoccupant”, commente le directeur de l’EFG qui avance deux explications.
Comme les donneurs sont de plus en plus âgés, les équipes de greffe cardiaque refusent beaucoup des coeurs proposés car de qualité insuffisante, et c’est peut-être un peu le cas aussi pour le poumon.
De plus, il existe un deuxième facteur surtout valable pour le poumon qui dérive de la situation de fragilité des équipes. La greffe de poumon repose souvent sur de petites équipes et elles ont beaucoup souffert de la situation hospitalière défavorable, explique-t-il.

“Des greffons sont refusés non pas parce qu’ils ne sont pas bons mais parce que les équipes ne sont pas en mesure de les accepter, soit parce que le chirurgien et déjà en opération, soit parce que les lits de réanimation sont occupés”.
En outre, ce sont des greffes moins fréquentes et assez lourdes, et les services ont déjà des programmes opératoires importants.
Ces équipes ont besoin de ressources et de moyens humains. “Ce sera un dossier prioritaire en 2003 pour l’établissement”, annonce le directeur. Il faut renforcer les moyens de quelques équipes de façon spécifique et rapide, estime-t-il.

De même, pour les greffes de rein et de foie, il va falloir se poser la question de leur évolution pour faire face à l’accroissement du travail pour les équipes chirurgicales, les anesthésistes mais aussi pour le suivi des cohortes, du fait de la progression du prélèvement et des greffes, souligne le Pr Houssin.

Par ailleurs, 59 greffes de pancréas ont été effectuées en 2002 et 10 d’intestin. Ces greffes progressent peu, mais les nouvelles règles d’attribution mises en place en 2002 notamment en faveur des patients jeunes en attente d’une greffe rein-pancréas devraient les faire avancer.

Mais la liste de patients en attente de greffe a continué à progresser, de l’ordre de 4%. Au 1er janvier 2003, 6.744 malades étaient inscrits sur la liste d’attente de greffe, dont 5.448 pour le rein, 445 pour le foie, 366 pour le coeur, 69 pour coeur-poumons, 161 pour le poumon, 8 pour l’intestin et 217 pour le pancréas.
La durée moyenne d’attente est “relativement brève pour le foie, supérieure à un an pour le coeur, plus longue encore pour le poumon (environ 16 mois) et elle atteint 2 ans pour le rein, l’intestin, le pancréas et coeur-poumons.

[…]

Partagez

Plus de lecture

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *