Un patient virtuel pour tester les nouveaux médicaments
Un patient virtuel pour tester les nouveaux médicaments
En pleine polémique sur le Mediator, les recherches menées par une entreprise française, au Genopole d’Evry, ont de quoi attirer l’attention. BioQuanta travaille en effet sur une technique qui, à terme, pourrait reléguer les scandales sanitaires qui ont émaillé ces trente dernières années au rayon des mauvais souvenirs.
L’idée ? Recréer informatiquement, à partir d’une simple prise de sang, le profil génétique et biologique d’un patient. Objectif : tester sur ce clone virtuel plusieurs molécules pour déterminer laquelle sera la plus efficace et la moins nocive pour le malade, afin de lui prescrire le meilleur médicament.
Cette technique de modélisation n’en est qu’à sa phase de tests et est expérimentée dans deux hôpitaux (Lariboisière à Paris et Henri-Mondor à Créteil). La société espère une industrialisation dans cinq à dix ans. Dans un premier temps, seules des pathologies importantes, traitées à l’hôpital, seraient concernées. Mais à plus long terme, la méthode pourrait être utilisée en soins de ville, par le médecin généraliste. Au lieu de regarder dans son Vidal, le praticien pourrait tester des types de médicaments sur le profil virtuel de son patient.
L’impact d’un tel outil pourrait être considérable, notamment pour l’industrie pharmaceutique. A l’heure actuelle, les médicament sont testés sur des humains et il arrive que leur toxicité soit découverte très tardivement. Le clone virtuel permettrait d’anticiper beaucoup mieux les effets secondaires et le degré d’efficacité d’un médicament sur un certain type de personnes et de catégoriser les patients. Un médicament serait ainsi recommandé pour certains et interdit pour d’autres.
Ce logiciel pourrait aussi élargir plus largement le champ de la recherches, en testant virtuellement des millions de molécules aujourd’hui laissées de côté faute de moyens. Plus besoin, en effet, de tester les médicaments sur les animaux, dont le modèle reste difficilement transposable sur celui des humains. De quoi faire gagner deux ans sur la recherche et le développement et réduire de 30 à 40% le coût pour les laboratoires. Rappelons qu’il faut aujourd’hui entre 10 et 12 ans de recherche entre la découverte d’une molécule et son autorisation de mise sur le marché, pour un coût moyen d’un milliard d’euros par médicament.
D’après 20 minutes, 3 mars 2011