XIVèmes Jeux Mondiaux des transplantés à Nancy
Le village de Jeux s’est tenu en plein coeur de la ville de Nancy et durant toute la durée des Jeux, chaque jour de 10h à 18h.
Un forum d’information continue y donnait l’opportunité à tous les acteurs du don et de la greffe d’aller à la rencontre du public : CHU, EfG, associations, etc. Un espace de projection complétait le dispositif, chacun pouvait donc entrer en contact avec un professionnel compétent, un représentant d’association ou se faire remettre une documentation complète.
En parallèle, deux forums médicaux se sont tenus en soirée les 22 et 24 juillet au Palais des congrès de Nancy. Ils ont accueilli chacun près de 500 personnes.
Le premier était consacré au thème du don, elle a été d’une particulière richesse. Le thème du don est celui qui pose le plus de questions éthiques. Il renvoie la mort, à l’intégrité du corps… La greffe est vécue par le public comme un geste chirurgical maîtrisé qui suscite moins d’interrogations. Cela s’est vérifié lors de la soirée par le niveau des questions posées aux intervenants.
Le second avait pour thème « les transplantations : – les techniques, des pionniers jusqu’aux évolutions à venir – la vie des transplantés ». Ce fut également un grand succès, et je vous propose de découvrir le compte rendu qui en a été fait par Caroline De Brito pour Grand Est Santé :
Les différentes greffes
La soirée s’est ouverte avec le témoignage vidéo du Pr Christian Cabrol qui a réalisé la première greffe cardiaque en France en 1968. Patrick Germain a brossé ensuite à grands traits le tableau des greffes pratiquées en Lorraine.
Ainsi, la greffe de cœur avec le Pr Jean-Pierre Villemot (chef de département de chirurgie des maladies cardio-vasculaires et transplantations à Nancy), la greffe rénale avec les Prs Michèle Kessler (chef de service en néphrologie à Nancy) et Jacques Hubert (Chirurgien urologue, transplanteur), la greffe hépatique avec le Pr Philippe Wolf (chef du service de chirurgie générale et transplantation multi-organes à Strasbourg), la greffe de la cornée avec le Dr Jean Maalouf et la greffe de la moelle avec le Pr Pierre Bordigoni.
Pour le Pr Jean-Pierre Villemot, en matière de transplantation cardiaque il reste des progrès à faire, notamment « savoir conserver plus longtemps les greffons, aujourd’hui la durée est de 3h, et contrôler efficacement les rejets pour assurer un meilleur suivi médical ». « Pour ce qui est du cœur artificiel, la voie de recherche a débuté il y a 30 ans. De nombreuses contraintes ne sont pas encore surmontées. Tout d’abord la compatibilité entre le sang et l’organe artificiel. Ensuite l’immunité de l’organe artificiel qui ne se défend pas contre les infections. Enfin le problème de transmission de l’énergie. Nous n’en sommes pas encore à une implantation définitive d’un cœur artificiel. Rien n’égalera jamais le cœur humain, c’est une machine fantastique ».
Du côté des patients
Principal intérêt de la soirée, la présence des patients, qui intervenaient en contrepoint des propos des médecins. Qui pouvait mieux qu’eux parler de la vie avec un organe greffé ?
Eric Bœuf, greffé rénal, alors qu’il n’était pas sportif, a trouvé l’énergie de devenir alpiniste pour se retrouver un beau jour au sommet du Mont-Blanc. « dans la vie, on a trois fois plus de chance d’être receveur que donneur » a-t-il rappelé au public, en ajoutant que « sans don, il n’y aurait eu que de la pluie le 20 au soir(*), place Stanislas ».
Ce fut aussi Mr Parmentelat, qui expliqua avec beaucoup d’humour, que déjà greffé de la moelle, la maladie atteint ses reins. Alors qu’il se refusait à solliciter son frère qui lui avait déjà donné sa moelle, sa compagne qui lui vient en aide.
Patrick Germain résuma cette belle histoire en remarquant qu’il lui avait demandé sa main et son rein !
Les associations étaient elles aussi présentes à cette conférence pour expliquer le rôle qu’elles jouent. Ainsi, Monique Boutet, présidente de l’Addoth (Association pour le Don D’Organes et Tissus Humains) et Mme Itant de l’AMIR (Association contre les Maladies Infantiles Rénales) ont pris la parole pour expliquer leurs actions concernant la promotion du don. « Nous souhaitons sensibiliser le public au don d’organes, toutefois chacun est libre et il faut être tolérant. La différence entre le don de sang et le don d’organes c’est la mort. Penser au don d’organes, c’est penser à sa propre mort » a déclaré Monique Boutet.
La soirée s’est achevée sur un débat entre public et intervenants. De l’information, beaucoup d’émotion et une pointe d’humour ont fait de cette conférence un succès : la salle était pleine à craquer. Le mot de la fin revint au Pr Jean-Paul Soulillou, président du Conseil médical et scientifique de l’Etablissement français des Greffes.
« La greffe d’organes est un domaine où il y a de l’avenir pour deux raisons notamment, a-t-il conclut : la première est la baisse du phénomène de rejet depuis l’utilisation de la ciclosporine, l’amélioration de la qualité de vie des patients après la greffe, dû aux progrès du suivi post-greffe. Les transplantés reprennent une vie quasi-normale après l’opération ».