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Covid19 : Renaloo alerte sur les lourdes menaces qui pèsent sur les immunodéprimés

✅ Nous avons adressé au Ministre de la santé ainsi qu’à différentes personnalités impliquées dans la gestion de la crise sanitaire une lettre ouverte. Objectif : les alerter sur la situation critique des personnes sévèrement immunodéprimées, notamment dialysées et greffées, en ce début de 9ème vague Covid et demander que des mesures soient prises en urgence.

✅ Echec de la campagne vaccinale d’automne, médiocre couverture vaccinale globale, perte d’efficacité des anticorps monoclonaux face à BQ.1.1, défaut de recours aux traitements curatif, défaut d’information : les motifs d’inquiétude sont nombreux pour cette population, qui a déjà payé un très lourd tribut à l’épidémie, avec beaucoup de morts évitables.
A l’isolement et l’anxiété qui prévalent depuis bientôt 3 ans, s’ajoute désormais l’exclusion de l’espace public associée à l’abandon du port du masque et des mesures sanitaires.

➡️ Nous avons rappelé  les nombreuses propositions formulées tout au long de la crise pour améliorer leur situation et leur protection, qui n’ont pas été mises en oeuvre, et demandé qu’un plan d’action soit décidé en urgence.

Notre courrier :

Monsieur le Ministre,

Nous avons pris connaissance avec une grande inquiétude du très faible impact de la campagne vaccinale d’automne sur la couverture des patients sévèrement immunodéprimés que nous représentons.
Les données EPI-PHARE publiées voici quelques jours montrent en effet que moins de 6% des patients dialysés et greffés rénaux ont reçu un rappel, adapté ou non, entre le 3 octobre et le 13 novembre 2022, alors qu’ils font partie des publics les plus à risque de forme grave et de décès. 
Les données CNAM indiquent par ailleurs qu’à ce jour, plus d’un tiers des dialysés et 38% des greffés rénaux n’ont reçu aucun rappel vaccinal depuis leur schéma initial. La situation des autres greffés d’organes n’est pas plus enviable. 
Si les recommandations les concernant avaient été respectées, ces patients devraient en être à leur quatrième ou cinquième rappel.
L’absence totale de réponse vaccinale liée à leur immunodépression, qui justifie lorsqu’elle survient l’arrêt de la vaccination, n’explique que partiellement ces chiffres : elle ne concerne qu’une faible minorité des dialysés et moins de 30% des greffés rénaux. 
Les refus des patients ne sont pas non plus un motif satisfaisant. Ces populations sont très favorables à la vaccination. Dans nos différentes enquêtes, le taux de patients opposés au vaccin covid n’excède jamais 5%. En revanche, le rôle de leurs médecins pour les inciter à recevoir les rappels est désormais bien documenté.
Cet échec de la campagne vaccinale pour ces publics extrêmement vulnérables, encore plus aigu que celui qui est observé en population générale éligible, intervient alors que la totalité des traitements par anticorps monoclonaux perdent leur efficacité sur le variant BQ.1.1, déjà majoritaire dans certaines régions. 
Les traitements par Paxlovid et Remdesivir sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale sévère, donc pour l’ensemble des patients dialysés et pour une part des patients transplantés, dont les traitements antirejet interagissent avec le Paxlovid. 556 greffés rénaux seulement ont reçu un traitement curatif par Paxlovid en France depuis sa mise à disposition en février dernier.
Malgré les différents appels au retour du port du masque dans les lieux clos, y compris celui de Madame la première ministre, auquel nous avons été sensibles, il reste à ce jour extrêmement marginal. 
Une couverture vaccinale renforcée, telle qu’elle est prévue dans les recommandations, est un des derniers remparts pour apporter aux patients sévèrement immunodéprimés la protection qui leur fait tant défaut. C’est une nécessité au plan individuel, mais aussi collectif : 
– Entre janvier et juin dernier, plus de 20% des patients hospitalisés en soins critiques étaient des transplantés d’organes(1), alors qu’ils représentent moins de 70.000 personnes en France. 
– 43% des patients hospitalisés en soins critiques pour Omicron en France étaient immunodéprimés et leur mortalité (47%) était très supérieure à celle des autres patients (26%). 
– Avec le variant BA.2, d’avril à juin, le taux d’immunodéprimés en soins critiques a même atteint 57%. 
– leur mortalité était doublée par rapport aux patients non immunodéprimés
Ces observations ont eu lieu alors que les schémas vaccinaux renforcés et des traitements prophylactiques et curatifs étaient largement disponibles et efficaces, mais très insuffisamment prescrits. 
Beaucoup de décès et de séquelles évitables sont donc déjà survenus. 
Le défaut de protection de ces populations fait aussi courir le risque de recrudescence des portages prolongés, et donc de favoriser l’émergence de nouveaux variants.
Nous vous avons à de nombreuses reprises alertés, et nos inquiétudes ont été partagées, notamment par le COSV. 
De nombreuses propositions d’actions ont été formulées, y compris à votre demande : en tout premier lieu la nécessité d’une priorisation de la protection des immunodéprimés au plus haut niveau de l’Etat ; la réalisation de la vaccination de ces patients dans leurs services de suivi, en particulier dans les structures de dialyse ; la mise en oeuvre de campagnes de communication et d’information ciblant patients et soignants, notamment dans ces mêmes services ; des dispositifs « d’aller-vers » dédiés ; le renforcement de la pertinence, de la diffusion, et du respect des recommandations ; l’obligation d’inscription dans le dossier médical d’une justification de refus d’un vaccin ou traitement recommandé ; la publication en continu d’indicateurs dédiés par pathologies : patients hospitalisés, en soins critiques, décédés, ayant eu accès aux différents types de traitements, etc.
A l’exception de l’envoi prévu dans les prochains jours d’un courrier de l’Assurance Maladie à destination des patients sévèrement immunodéprimés, à la rédaction duquel nous avons été associés, ces mesures n’ont pour le moment pas été été mise en oeuvre. 
Monsieur le Ministre, 
Face aux lourdes menaces qui pèsent sur les patients que nous représentons, des décisions urgentes et opérationnelles sont indispensables pour les en informer et pour assurer leur protection. 
Je vous remercie de bien vouloir nous préciser le plan d’action que vous comptez mettre en place dans ce cadre.

Bien cordialement,

Nathalie Mesny
Présidente
www.renaloo.com

(1) https://www.nature.com/articles/s41467-022-33801-z

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