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Greffes rénales : des progrès fragiles face à des blocages persistants, qui coûtent des vies

En 2024, le nombre de greffes rénales réalisées en France a progressé de plus de 7%, approchant le record historique de 2017. Renaloo salue cette évolution et l’engagement des équipes de don et de greffe d’organes.

Néanmoins, cette dynamique ne doit pas masquer des disparités et des obstacles préoccupants qui compromettent l’accès à la greffe pour de nombreux patients.

Des disparités territoriales alarmantes

Si certaines équipes hospitalières affichent une forte progression de leur activité de greffe (Rennes +47%, Saint-Étienne +34%, Le Kremlin-Bicêtre et Grenoble +30%), d’autres stagnent (Tours, Saint-Louis, Marseille Conception, Lille…) ou reculent dangereusement (Caen -25%, Limoges -17%, Strasbourg -14%).

Nombre de greffes rénales réalisées par équipe en 2023 et 2024

Les inégalités territoriales d’accès à la greffe rénale selon l’hôpital restent majeures.
Des niveaux d’activités très hétérogènes, associés à des pratiques d’inscription très variables d’un centre à l’autre, d’une région à l’autre(1), creusent les écarts entre les patients.

En 2023, les délais d’attente pour une greffe rénale allaient de moins d’un an à plus de quatre ans selon les hôpitaux.

En 2024, 852 patients sont décédés faute d’accès à une greffe, tous organes confondus.
Habituellement, environ 7 décès sur 10 concernent des patients en attente d’une greffe de rein.

Sur les dix dernières années, plus de 5.000 patients sont décédés en attente d’une greffe de rein en France, faute d’avoir pu être greffés à temps. Trois ans après le lancement du plan greffe 2022-2026, il n’est pas acceptable que tant de patients continuent de mourir, faute de mesures fortes destinées à leur permettre un accès à la greffe.

Les greffes à partir de donneurs vivants : un potentiel sous-exploité

Les greffes rénales à partir de donneurs vivants, qui offrent les meilleurs résultats à long terme, sont toujours à la peine. La majorité des équipes sont toujours loin de l’objectif de 20% de leur activité fixé par le plan greffe 2022-2026.

En 2024, seules 6 équipes, parmi les 33 autorisées en France, ont atteint cet objectif. 12 équipes ont réalisé moins de 10% de greffes à partir de donneurs vivants. Les obstacles et les délais rencontrés par de nombreuses personnes qui souhaitent donner un rein à un proche ne sont pas acceptables et les pertes de chances pour les patients sont bien réelles. Il est encore temps de mobiliser pleinement ce levier pour atteindre les objectifs du plan greffe !

La greffe, une priorité nationale négligée

Renaloo salue la récente instruction ministérielle à destination des agences régionales de santé, destinée à renforcer la mobilisation générale en faveur du don et de la greffe d’organes. Mais cette mobilisation doit impérativement se traduire sur le terrain.

La greffe, réalisée exclusivement dans des CHU, est une priorité nationale reconnue par la loi. Pourtant,
sur le terrain, elle reste bien trop vulnérable, face difficultés d’accès aux blocs opératoires et en concurrence quotidienne avec d’autres activité qui, pourtant, ne relèvent pas du monopole de l’hôpital public.

Il n’est pas acceptable que des directions générales de CHU continuent de privilégier des activités plus « rentables » au détriment de la greffe.

Rappelons qu’en septembre dernier, le CHU de Toulouse, où une greffe rein-pancréas a été annulée à la dernière minute provoquant la perte irréversible de ce dernier organe, illustre cette dérive préoccupante.

Faire reculer l’opposition au don d’organes : un enjeu collectif

Le taux d’opposition au don d’organes dépasse encore 36% en 2024, plus du double de celui de notre voisin espagnol.

Ce chiffre reste un frein majeur au développement de la greffe.

Le 28 octobre dernier, l’ensemble des acteurs de la greffe se sont retrouvés lors d’un colloque organisé par Renaloo et dédié aux moyens de faire reculer l’opposition au don d’organes. Une série de propositions concrètes rassemblées dans la « Déclaration de Paris », a été élaborée collectivement et rendue publique. Il est désormais impératif de transformer ces engagements en actions opérationnelles, pour sauver des vies.

Renaloo en appelle à une mobilisation immédiate

Face à l’urgence, Renaloo exhorte une nouvelle fois les pouvoirs publics, les CHU et l’ensemble des acteurs concernés à prendre des mesures fortes et durables. La greffe rénale est une priorité nationale reconnue par la loi : il est temps que cela se traduise dans les faits.

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(1) Les pratiques d’inscription sur la liste d’attente continuent à varier d’un territoire à l’autre, alors que depuis 10 ans, des recommandations de la Haute Autorité de Santé fixent un cadre national. L’inscription sur la liste d’attente reste globalement trop tardive. La moitié des patients de moins de 60 ans ayant commencé la dialyse à partir de 2017 ne sont toujours pas inscrits après 10,8 mois de dialyse (Rapport REIN 2022), alors que les recommandations prévoient qu’ils le soient au moins 12 mois avant le début de la dialyse, soit près de deux ans de décalage entre les recommandations et les pratiques moyennes observées, ce qui implique d’importantes pertes de chances.

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