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Belatacept : fin de la pénurie, enfin ?

✅ L’accès au belatacept (Nulojix) est un combat historique de renaloo, qui pourrait enfin arriver à son terme.

Depuis plus de dix années, nous nous sommes régulièrement mobilisés pour permettre la prise en charge de ce médicament anti-rejet, qui a tardé a être remboursé en France. Il est longtemps resté à la charge des hôpitaux, dont la plupart refusaient de le financer et donc de l’utiliser.

🏥 Le belatacept présente des propriétés intéressantes pour les patients qui peuvent en bénéficier : 

1. Il n’est pas toxique pour le rein, contrairement à la plupart des autres antirejets plus anciens (ciclosporine, tacrolimus). Il pourrait ainsi permettre ainsi une amélioration de la fonction du rein greffé, un allongement de la survie du greffon, mais aussi de la survie du patient.

2. Il permet de limiter l’apparition des anticorps anti-HLA spécifiques du donneur (DSA), qui contribuent au rejet chronique, première cause de perte de greffons.

3. Il a moins d’effets secondaires que les anti-rejets classiques :

  • Il réduit les complications cardiovasculaires et métaboliques (hypertension artérielle, diabète, dyslipidémie, hyperuricémie…) qui sont aujourd’hui la première cause de mortalité après transplantation rénale.
  • Il réduit le diabète post-transplantation (qui concerne 20 à 40% des patients sous tacrolimus) est associée à une augmentation de plus de 30 % de la mortalité.
  • Il n’est pas neuro-toxique, contrairement à la ciclosporine et au tacrolimus, et permet d’éviter les symptomes associés (tremblements, troubles du sommeil, de la concentration ou de l’humeur).

4. Il s’administre par voie intraveineuse une fois par mois. Une perfusion dure environ 30 minutes. Ceci permet d’éviter les oublis de prise qui sont la cause d’épisodes de rejets, même s’il reste nécessaire de prendre chaque jour d’autres médicaments par voie orale.

Comme si ces difficultés de financement n’étaient pas suffisantes, des “tensions d’approvisionnement”, apparues à partir de 2017, liées aux conditions de fabrication du médicament, ont peu à peu encore complexifié son accès.

✅ Les questions de remboursement ont été en grande partie résolues en 2020, et le belatacept a enfin pu être administré au domicile des patients.

Mais les tension d’approvisionnement se sont progressivement amplifiées et ont conduit en 2022 à une situation dramatique, où toute nouvelle initiation de traitement a d’abord été interdite, puis limitée à des cas d’extrême urgence.  

🇫🇷 Nous avons également constaté début 2022 que l’accès au traitement semblait bien plus facile dans d’autres pays qu’en France nous avons alerté l’ANSM sur cette situation inégalitaire.

Le belatacept a finalement été inscrit sur la liste en sus en février 2022, permettant aux hôpitaux de ne plus l’avoir à leur charge. Ses conditions de prescription se sont lentement assouplies jusqu’à l’été 2023. 

Voici quelques jours, le laboratoire BMS, qui commercialise le belatacept, écrivait à toutes les équipes de greffe en France pour leur signaler qu’il n’existe désormais plus de restriction à sa prescription. 

🏆 Tous les patients qui en ont besoin, devraient désormais pouvoir en bénéficier.

Il s’agit bien sûr d’une très bonne nouvelle, et espérons-le, de la fin d’un long combat.

🚨 Reste que le belatacept n’est à ce jour utilisé que par une minorité des équipes de greffe en France, ce qui pose d’importantes questions d’accès à l’innovation pour les patients qui pourraient ou devraient en bénéficier.

Aujourd’hui, moins de 3.000 des 46.000 greffés rénaux sont sous bélatacept en France, soit environ 7%.

Selon nos experts, entre 40 et 50% d’entre eux pourraient relever de ce traitement. Maintenant qu’il n’existe plus de frein à sa prescription, nous espérons que cette situation va évoluer vers un accès enfin équitable sur le territoire aux traitements les plus adaptés pour chaque patient.

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