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Décès du Pr François Berthoux

Nous avons appris avec tristesse le décès de François Berthoux, Professeur émérite de néphrologie à Saint Etienne.

Grande figure d’une néphrologie naissante, il commence à l’exercer aux débuts des années soixante à une époque où la dialyse et la greffe en étaient encore à leurs balbutiements. Il fallait tout inventer, et en premier lieu rendre les traitements accessibles à tous ceux qui en avaient besoin. Hostile aux excès de la spécialisation, il envisageait la néphrologie comme un tout, une discipline clinique au service des malades.

La passion qu’il a apportée toute sa vie à percer les secrets de la maladie de Berger était celle d’un grand médecin, praticien, chercheur et bâtisseur, dont l’énergie et l’intelligence ont été décuplées du fait qu’il en était lui-même atteint. De son propre aveu, ce diagnostic, durant son adolescence, a eu une influence majeure sur ses choix de carrière.

Il a longtemps fait preuve d’une grande pudeur autour de sa maladie, ne la révélant pas plus à ses collègues qu’à ses patients. Et pourtant, il a vécu avec elle plus d’un demi-siècle, dont plus de trente ans grâce à trois transplantations successives. Son parcours médical a été celui d’un patient « plus qu’expert », n’acceptant aucun compromis et allant même jusqu’à être un temps son propre médecin. Il avait clairement fait le choix de la greffe et avouait avoir mal vécu ses deux périodes de dialyse, la première ayant duré quelques mois et l’autre deux ans : « je ne me serais pas vu faire ça toute ma vie ».

« La maladie, je suis allé la chercher sur son propre terrain…. Il m’arrive de penser qu’avoir connu un tel adversaire a été une force plus qu’une malédiction… »*.

On devine l’énergie, l’exigence et la rigueur nécessaires pour mener ce combat de front. François Berthoux est devenu au fil du temps l’un des meilleurs connaisseurs, internationalement reconnu, de la maladie de Berger. Au-delà de toutes ses compétences médicales, c’est bien la compréhension intime du vécu de ses patients qui a fait de lui un clinicien hors du commun, qui n’hésitait pas à marteler « les malades des reins souffrent, on leur doit de bien s’occuper d’eux. ». Reprenant sa casquette de soigné, il ajoutait « Ce que je leur dirais, c’est de toujours s’informer, d’apprendre un maximum de choses ». Un très sage conseil, issu d'un médecin-malade qui savait de quoi il parlait… 

 

* Extrait de son témoignage publié dans "D'autres reins que les miens", Editions du Cherche Midi 2015.
 

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